Une petite révision des grands classiques :
Alors qu’il était professeur de
littérature, Stephen King aimait commenter à ses élèves l’ouvrage de Stoker et
était, à chaque fois, surpris par l’intérêt apporté par l’assistance. Il se
promit d’en faire un pastiche et de tenter d’acclimater le vampire en terres
américaines. Ce sera fait avec son second roman, Salem (Doubleday, 1975 pour la version originale, Williams, 1977
pour la version française ; nombreuses rééditions chez Presses Pocket).
Et le coup d’essai est un coup de
maître, Stephen King n’ayant pas son pareil pour décrire ces petites villes où
il ne se passe rien et camper des personnages attachants, dotés d’une personnalité dense, d’une histoire consistance
et de travers péniblement refoulés. Nous sommes à Jérusalem’s Lot (Salem),
bourgade du Maine sans autre intérêt qu’un manoir abandonné, Marsten House, qui
surplombe la ville et dans lequel des événements tragiques se sont déroulés,
sur fond de crime et de suicide. Ecrivain à succès, Ben Mears, un ancien de la
ville à l’époque des dits événements, revient au pays afin d’écrire un thriller
sur le sujet, et certainement aussi pour exorciser ses peurs cachées. Et
d’arriver à Jérusalem’s Lot en même temps que deux étranges personnages, Kurt Barlow
et Richard Straker qui font l’acquisition du manoir maudit. La suite se devine
facilement, le vampire et son assistant (humain) semant rapidement la terreur
dans une cité hébétée. Le « Club de chasseurs de vampires » va
rapidement s’organiser autour de Ben et mener une traque sanglante pleine de
rebondissements inattendus.
On ne saura pas si Barlow est une
réincarnation de Dracula, mais son origine roumaine ne fait aucun doute. Du
reste, King se réfère régulièrement au travail de Stoker comme référence, et
notamment pour ce qui est des techniques de traque. L’un des membres du club,
immobilisé à l’hôpital suite à une crise cardiaque, sera de surcroît désigné
comme documentaliste, chargé d’éplucher la documentation vampirique qu’il se
fait livrer par une bibliothécaire municipale perplexe.
On notera encore d’intéressantes
digressions sur la nécessaire adaptation des « outils » à la culture
nord américaine, imprégnée de protestantisme. Pas facile de trouver un crucifix
chez le pasteur méthodiste. Il faudra faire appel à un prêtre catholique, naturellement
habilité à fournir l’eau bénite et les indispensables hosties. Seul un
officiant ayant été investi de pouvoirs sacrés par une ordination peut en effet
intervenir dans un combat contre le Mal.
Bravo l’artiste !
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