Alet-les-Bains. Le trésor d'Alet se perd dans la rivière
gâchis
Si l'eau n'était pas un bien aussi précieux, tout ce qui suit pourrait être seulement l'histoire d'un banal gâchis. Le 22 janvier 1886, un décret ministériel classe officiellement les sources d'Alet, aux vertus avérées, comme bien national. La vocation de ce si beau village médiéval nichée aux portes de Limoux sur les bords de l'Aude semble scellée : Alet vivra de son eau. Un destin d'autant plus évident qu'ici l'eau jaillit avec une abondance et une qualité qui donnent le vertige. Située au pied du grand massif karstique de Mouthoumet, Alet possède un véritable océan sous les pieds.
Une réserve grande comme le lac Léman
« Il y a eu de nombreuses études faites par le passé et plus récemment encore, assure Jean-Denis Alandry le premier magistrat de la cité, en exhumant des armoires de la mairie des piles de dossiers précautionneusement rangés. Il y a dans le massif une réserve d'eau, de l'aquifère dévonien, aussi grande que le lac Léman, qui contient 70 milliards de mètres cubes ». Hallucinant. Et cette eau sourd en de nombreux endroits, au Théron, aux Eaux chaudes, à la source Raynaud, plus ou moins chaude, plus ou moins minéralisée. La piscine est ainsi alimentée par une résurgence qui fournit une eau limpide et pure à 24°! L'établissement thermal est arrosé par une autre source qui offre un liquide parfaitement carbonaté, suffisamment riche en magnésium, recommandé pour les nourrissons et dans la lutte contre l'obésitéMais la grosse affaire d'Alet c'était, jusqu'à ces derniers mois, l'usine d'embouteillage qui distribuait des millions de bouteilles sur toute la planète. Sauf que si la nature a choyé la cité, elle l'enserre aussi dans un minuscule écrin de montagnes où toute urbanisation ne se fait pas sans mal. D'autant que la ville ne compte pas moins de 21 monuments classés ! Le projet d'agrandissement de l'usine, indispensable pour une exploitation moderne, s'est heurté à l'opposition farouche d'une association locale. Si bien que les repreneurs successifs de l'usine ont fini par abandonner Alet et son eau. Il y a quelques mois l'usine a fermé. Depuis, le forage, à 300 mètres sous terre, qui ramenait dans les bouteilles une eau exceptionnelle, purifiée par un parcours de 5 000 ans dans les entrailles de la terre, continue de cracher ses 25 000 litres d'eau toutes les heures, un trésor qui coule directement dans la rivière.
« La solution, se désole le maire dont la commune est propriétaire de ces sources, serait sans doute de réaliser une conduite jusqu'à Limoux » où le terrain plat et constructible de manque pas. Mais c'est un gros investissement car pour garder ses vertus minérales, l'eau ne doit transiter que dans des tuyaux spéciaux, fort chers. « On continue de chercher des partenaires, s'encourage Jean-Denis Alandry. Pour un industriel la création de cette conduite c'est un investissement envisageable. Notre eau ça reste un trésor et il nous appartient. »
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