vendredi 10 août 2012

JEAN-YVES TOURNIE EN DEDICACE


Limoux Le parfum d'humanisme du vieux monde rural

B. C.
10/08/2012, 06 h 00
Jean-Yves Tournié lors d'une séance de dédicace à la Maison de la presse.
Jean-Yves Tournié lors d'une séance de dédicace à la Maison de la presse. (Photo Guillaume) 
 
Ronciers, genêts et pampres taquinent presque les narines du lecteur plongé dans la lecture de "Une ombre sur le chemin" (Editions du Mas). C'est signé Jean-Yves Tournié, un enfant de Fa, et ancien chef d'agence de notre titre, à Carcassonne.
Oui, enfant de Fa et d'une Aude rurale sur le point de s'éteindre. Une Aude qui rappelle aussi la célèbre chanson de Jean Ferrat : "La montagne". A sa manière, J.-Y. Tournié la ressuscite également en évoquant cette "imbuvable piquette" qui passait à peu près "la rampe du gosier mélangée à l'eau fraîche de la fontaine et en croquant des châtaignes grillées" ! Cette Aude que l'on hume à travers le gigot d'agneau, les haricots et le gibier cuisant ou marinant dans la cuisine de "La Brougue", du nom du domaine où François est né ; vieille demeure datant sans doute de l'ère romaine. François est le héros d'une histoire qui a pour cadre les années 1960. Après son service militaire, il revient à "La Brougue" avec le désir de la moderniser.
Son père refuse. Net. François ne comprend pas. Mais Laure, l'amour de sa vie, journaliste, comprend ces femmes et ces hommes que le "progrès" a oubliés. Elle ne les juge pas. Enfant, elle a vu l'horreur du totalitarisme nazi, l'intolérance, les rafles, la mort industrielle...
Et cette plaie ne s'est jamais refermée ; restée à vif, douloureuse et de laquelle coule un doute existentiel : que signifient tous ces système (quelques que soient leurs oripeaux) qui veulent améliorer le sort de l'humanité malgré elle ? Pour quel progrès ? Celui de la ville et de son confort en formica ; son trafic de voitures ; son stress ; ses usines ; sa pollution ; sa déshumanisation ? Ce monde où l'on parle de tout et de rien uniquement pour parler, pour paraître, peut-être par peur du silence, ce même silence grâce auquel l'homme peut se retrouver, face à lui-même ; ce silence que ne craint pas le vieux Bousquet, le père de François... Les taiseux rugueux des campagnes retirées ont le regard profond de ceux que la terre enracine. Ce sol qui ne ment pas et dont l'âme nimbe le silence de son ombre. Le progrès est en soi, pas dans les machines.

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