Moi, Howard Phillips Lovecraft
de Jacky Ferjault.
Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
Cette réédition de
l’autobiographie imaginaire de Howard Phillips Lovecraft était très attendue.
Le talent et l’érudition de Jacky Ferjault permettent au lecteur de vivre au
côté de Lovecraft et d’approcher au plus près l’intimité psychologique de cet
auteur exceptionnel.
Reprenons la
présentation très juste réalisée par Joseph Altairac en début d’ouvrage :
« A la lecture de
cette biographie imaginaire décidément plus vraie que nature, on s’apercevra
que la conception lovecraftienne du bonheur s’avère beaucoup plus simple qu’on
pourrait le penser, et je connais plus d’une personne de mon entourage qui
partage les aspirations du prétendu solitaire de Providence : davantage
d’argent, davantage de livres, davantage de crème glacée (ou de toute autre
spécialité gourmande de votre choix, le sanglochon, par exemple), davantage de
ballades et de discussions avec les copains. Davantage de femmes ? Sur ce
sujet, la réponse sera un peu réservée, surtout lorsque ces dernières se mêlent
de renouveler votre chère garde-robe. Chez Lovecraft, le grignotage de
gaufrettes au gingembre se transforme en festin pantagruélique, l’achat d’une
édition moderne du Moine de Lewis devient une formidable trouvaille
bibliophilique, et la visite du Québec rivalise sans peine avec la découverte
du Machu Picchu ou l’exploration clandestine de Tombouctou. Lovecraft était un
grand rêveur, on le savait, mais certains de ses lecteurs ignoraient sans doute
à quel point, sur ce sujet, il pouvait se montrer proche d’eux.
Grâce à Jacky Ferjault,
nous serons désorais plus nombreux à pouvoir dire : « Je suis un ami
de Howard Phillips Lovecraft ». »
Il est intéressant
d’observer une certaine « normalité » chez celui qui, comme nous l’a
rappelé Philippe Marlin, a conceptualisé la seule métaphysique totalement
matérialiste. Il se dégage même du livre un certain « art de vivre
lovecraftien » fait d’appréciation intense de choses simples et de songes
extraordinaires nourris par la banalité.
Jacky Ferjault puise
dans une riche correspondance, souvent inédite en français, et les archives de
Lovecraft pour récapituler les faits, petits et grands, qui fondent la
personnalité de Lovecraft, la personne privée mais aussi la personne de
l’écrivain. Il fait voler en éclat l’image habituelle, sombre et solitaire, de
Lovecraft pour dresser le portrait d’un homme attachant, plein de joie de
vivre, faisant face à ses contradictions personnelles comme professionnelles,
soucieux de l’autre et capable d’une sociabilité soutenue.
Son œuvre prend ainsi
une perspective différente. Elle n’est pas le fruit amer d’un « cerveau
malade » ou d’un « ésotériste décalé » comme on a pu l’entendre
dire mais bien une création remarquable d’auteur qui explore lucidement des
dimensions peu courantes de la psyché humaine. Ce livre est une opportunité
d’approcher le « vrai Lovecraft » et d’établir avec l’oeuvre
fantastique du maître de Providence une relation renouvelée.
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