Et si l'homme le
plus riche du monde décidait de mettre
son immense fortune au service de la décroissance et de la retourner contre le
capitalisme? C’est autour de ce paradoxe
provocant qu’est construit La
conversion de Guillaume Portail, le
nouveau roman de Bertrand
Méheust. Le héros du récit - on retrouvera
si besoin le nom de son modèle américain en s’aidant d’un dictionnaire - voit s’effondrer soudain à la suite d’une
crise mystique toutes les certitudes qui l’avaient motivé jusqu’alors : ce qu’il prenait pour le progrès n’
était que l’amorce de la descente aux
enfers! Il décide alors de choisir pour
théâtre d’opération la France, la patrie de ses ancêtres, et d'employer tous ses moyens pour développer
à grande échelle les solutions alternatives prônées par les théoriciens de la
décroissance. Pour réaliser son grand
projet, il n’hésite pas à piétiner allègrement les barrières qui
paralysent habituellement l’action, les normes, les règles et la législation.
Ainsi, avec
lui, l’agro-industrie est
impitoyablement harcelée, l'agriculture biologique devient l'agriculture
"normale", la publicité est ringardisée, le bétonnage cesse et même
recule, les jeunes peuvent acquérir des terres pour faire du maraîchage
"normal", des armées de
juristes et d’avocats s'emploient à paralyser la réaction des multinationales
polluantes et assignent les
empoisonneurs en justice…
Une manière
drôlatique ( et étrangement prémonitoire…) d’aborder les choses sérieuses , de
remettre joyeusement le monde à l'endroit en moquant impitoyablement faux-semblants de notre époque... Un objet
littéraire improbable, inclassable, mais qui ouvre sans aucun doute une brèche
psychologique dans le carcan idéologique qui nous écrase.
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