J’ai adoré les trois premiers opus de François Lange mettant en scène François Le Roy, policier breton sous le Second Empire. Son nouvel ouvrage, Le Rituel des Monts d’Arrée (Palémon, 2020), se situe dans cette même veine de poésie locale qui a cette fois pour décor la région de Brasparts, une région sauvage du centre de la Bretagne dont le poète Xavier Grall[1] disait
J'aimerais vous montrer les monts chauves de l'Arrée, les sentiers blancs qui conduisent à des manoirs poignardés, les chemins qui s'enroulent autour des hameaux bleus. C'est un pays de brumes et de vents en bataille, avec des toponymes aussi fluides que des ondées, aussi sonores que des gongs…
Difficile de trouver cadre plus approprié pour enquêter sur d’étranges meurtres, les victimes étant trouvées revêtues de tenues de druides avec une hache de pierre polie fichée dans la gorge. Des notables à priori respectables qui appartenaient à une société discrète, « La Fraternité de l’Homme Vert », cherchant à renouer avec les traditions de l’Ancien Religion. L’enquête est savoureuse, nous faisant rencontrer des bouilleurs de cru très typés, une veuve sulfureuse un brin nymphomane, des trousseurs de cadavres à la recherche de monnaies antiques, une vieille pierre gravée d’un poulpe lovecraftien revu par le Prieuré de Sion et même l’Ankou dans sa vieille charrette. Mais la véritable para-héroïne de ce roman est la Veuve Meudec qui tient une maison d’hôte dans laquelle notre enquêteur établira son QG. Une tenancière qui est aussi un vrai cordon bleu et qui me conforte dans l’idée que les romans de François Lange sont en fait des romans gastronomiques déguisés en polar. Qu’on en juge, on dégustera au fil de la mission :
° des saucisses de Rosporden grillées au feu de bois accompagnées de mogettes,
° une omelette baveuse au lard accompagnée de champignons des bois,
° une perdrix aux choux rôtie aux braises dans un beau manteau de lard fumé,
° une fricassée de tripes hachées finement et cuisinées avec des oignons de Roscoff, de l’ail et du persil.
° un kig ha farz, sorte de pot-au-feu breton (bœuf, lard, jarret de porc) accompagné d’une pâte de farine de blé noir et de lipig (fondue d’oignons),
° un pâté au poivre vert (préparé par les gendarmes du coin),
° une soubenn rouz (soupe à l’oignon) suivie d’un ragoût de mouton cuit à l’étouffée,
° une soupe au lard suivie d’une fricassée d’anguilles avec du lard et des pommes de terre. Je passe sur les bolées de cidre, le petit rouge bien frais et le schnaps local (lambig) !
L’inspecteur Fañch résoudra de haute main l’énigme ; un personnage toujours aussi attachant mais auquel il manque, peut-être, une petite touche de libido. Mais pourquoi est-il aussi timide avec les femmes ? Ar gouzrec’h a nac’her outañ pe a nac’h outañ e-unan aotren un arc’hadenn a-berzh luzad !
Bon, on attend la suite, Ma Doué …
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