Un dictionnaire, certes. Mais qui, à l’instar de La Bible Dracula (2010) d’Alain Pozzuoli, se lit comme un roman. Tel est le travail que nous livrent Jacques Finné et Jean Maigny avec le Dictionnaire des Littératures Vampiriques (Terre de Brume, 2020), le tout préfacé par l’auteur de l’excellente Bible. Cette véritable somme permet de mesurer l’ampleur de la littérature (et uniquement en langue française) consacrée à nos amis de la nuit. J’ai été surpris, pour ma part, de constater la part prise dans cette production par la Bit Lit et autres récits de vampires à l’eau de rose. Ce phénomène, à l’origine typiquement anglo-saxon, s’est manifestement bien adapté à l’espace francophone ! Le travail de nos deux chercheurs permet aussi de prendre un peu de recul sur le sujet, le dictionnaire recensant les auteurs, mais aussi les grandes thématiques (par pays, par genres…). Il ne manque qu’un chapitre de réflexion psychanalytique, recherchant pourquoi les buveurs de sang continuent à faire autant d’adeptes !
Le chercheur exigeant trouvera du grain à moudre. C’est ainsi que les auteurs émettent un doute sur l’authenticité de Der Fremde de Karl von Wacksman (1844, cf L’Étranger des Carpathes, 2014), voyant dans cet anté-pastiche du roman de Stoker (1897) manifestement une mystification littéraire non identifiée. Ils s’interrogent également avec pertinence sur le fait de savoir si le texte connu sous le titre L’Invité de Dracula (publié en 1914) était bien le premier chapitre du roman-culte.
Le puriste relèvera bien sûr qu’un tel travail n’est jamais exhaustif. N’est pas recensé le magnifique Dracula, mon amour de James Syrie (2010, Hachette) qui réécrit le roman de Stoker sous la plume très féminine de Mina. Ne figure pas non plus le curieux Noces de Sang à Bucarest de Rémi Boyer (EODS, 2011) mêlant, dans le Bucarest d’aujourd’hui ésotérisme et culte du sang. On pourrait citer aussi la très belle saga de Cathy Coopman qui s’ouvre sur Les Poussières de l’Aube (Rivière Blanche, 2013), revisitant le thème du vampire à travers la narration d’une jeune femme, Susylee, qui reprend conscience à la fin du XVIII ème dans une Famille anglaise… de vampires. On y rajoutera encore Le Secret de Diana Danesti de Tony Baillargeat (La Pierre philosophale, 2015) qui nous plonge dans un ésotérisme roumain sulfureux et de surcroît mis en valeur par une belle écriture.
Mais qu’importe, la critique est facile, et je classerai précieusement ce livre dans la série des ouvrages de référence indispensables.
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