Dans
la Bibliothèque Privée d’Hitler de Timothy W. Ryback (le cherche midi, 2009) est un livre fascinant qui
se lit comme un thriller. Et on comprend qu’il ait été élu « meilleur
livre de l’année 2008 » par le Washington
Post car l’exercice qui nous est proposé est un véritable tour de force. Il
ne s’agit pas d’un commentaire de la dite bibliothèque, avec tout le fastidieux
que comporte cet exercice, mais plutôt d’une biographie d’Hitler au travers de
ses lectures. Il a été retrouvé une partie de la bibliothèque du Führer, dont
l’essentiel (environ 2000 ouvrages sur une estimation de 6000) est conservée à
la Bibliothèque du Congrès à Washington et à la Bibliothèque John Hay de la
Brown University à Providence (mais oui, l’Université de Miskatonic !). Et
on découvre un ensemble assez hétéroclite d’ouvrages rassemblés par un inculte
qui voulait avec rage se faire passer pour un intellectuel. Mais un
intellectuel très particulier. L’histoire de l’Allemagne, certes, le passionnait.
L’histoire militaire, également, était une véritable source d’inspiration.
Artiste qui ne voulait pas s’avouer de raté, il entassait aussi les ouvrages
d’architecture, surtout germanique. Mais les théories raciales étaient son
véritable miel. Dietrich Eckart sera son premier maître à penser, avec ses
développements sur la grandeur de la race allemande, empreinte d’occultisme et
d’un violent antisémitisme. Et la grande révélation, sous ce registre, sera Le Mythe du XX ème siècle de Rosenberg.
« Les livres retrouvés dans la
bibliothèque d’Hitler traitant de spiritualité et d’occultisme se comptent par
douzaines et sont peut être les témoins les plus bavards des préoccupations les
plus profondes de leur propriétaire ». Plusieurs de ces ouvrages le
suivront partout, jusqu’au « bunker final ». Le Führer était toujours
en interrogation sur Dieu et restait très marqué par ses origines catholiques.
Quant aux sciences occultes, même si elles se confondaient souvent avec des
préoccupations germaniques, elles étaient étudiées avec un grand éclectisme, mais
aussi avec une grande curiosité pour tout ce qui touche à la mort et la vie
au-delà.
L’ouvrage comprend également un fort
intéressant chapitre sur la rédaction de Mein
Kampf, qui, à l’origine, ne devait être qu’un simple pamphlet politique.
Pris au jeu, Hitler se transforme progressivement en un « grand
écrivain », multipliant les versions chaque fois un peu plus lourdes. Fort
de cette « ivresse littéraire », il écrira du reste un second ouvrage
(La Cible 589) sur ses souvenirs de guerre, livre qui ne sera
jamais publié.
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