Crowley, Qui-Suis-je ? Christian Bouchet, Pardès 1999.
Ce
travail, issu de la thèse en doctorat d’ethnologie de l’auteur, est
particulièrement claire et concise. La vie de Crowley est traitée rapidement,
Christian Bouchet mettant surtout l’accent sur les pérégrinations de Crowley
dans une multitude de sociétés initiatiques plutôt que de s’appesantir sur ses
frasques sexuelles qui ont défrayé la chronique de l’époque. L’intérêt du
travail est certainement dans le second chapitre où le système magique de
Crowley est décortiqué avec précision. Un système qui se caractérise par un but
ultime qui est l’atteinte d’un état où l’homme et Dieu ne sont plus qu’un. Il
rejoint ici les grands mystiques, cherchant à s’élever d’initiation en
initiation, de sephira en sephira, afin d’accéder au grand tout, l’Ain Soph.
La
démarche suivie se veut scientifique : Nos
conceptions les plus pures sont symbolisées par les mathématiques. Dieu est le
grand arithméticien, Dieu est le grand géomètre. Donc, il vaut mieux se
préparer à le comprendre en soumettant nos esprits à cette démarche (in Magie en théorie et pratique). Crowley
avait présenté son Livre de la Loi comme
ayant été dicté par un esprit, Aiwas. Il reconnaîtra ultérieurement que ce n’était
rien d’autre que l’expression de son moi inconscient.
L’étude
de l’œuvre de Crowley montre que celui-ci a mené de concert une magie
cérémonielle classique avec tout son « appareillage » et une pratique
tournée sur soi et très proche du yoga. Le but du rituel est d’avoir un contact
avec une manifestation divine invoquée qui peut être son ange gardien. Pour
arriver à la « fusion », et surtout dans la pratique personnelle, il
conseille l’utilisation de diverses techniques : soit de nature psycho-mentales
(yoga, visualisation, récitation de mantras…), soit par l’usage du sexe ou de
la drogue.
Décrié
de son vivant et rejeté par les milieux intellectuels, Crowley suscitera après
sa mort un fort intérêt. De nombreux ordres et conventicules se réclameront de
sa « Magick » alors que la culture populaire des années 60 l’adoptera
en musique, au cinéma, voire en psycho-thérapie avec Israël Regardie et le
sulfureux Timothy Leary. Il est vrai que nous étions alors entrés dans « un
Nouvel Éon », celui des hippies, des Angry
Young Men, de la Beat Generation,
de la libération sexuelle et de la banalisation des drogues douces. Un terreau
favorable à la résurgence de « la Grande Bête ».
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