Etude - Aleister
Crowley: The Nature of the Beast (1987, Aquarian Press ; 2005, Aeon Books))
Un seul homme, à notre connaissance, osa
présenter sous une forme conceptuelle et revendiquer l’attitude magique
fondamentale. Cet homme est sans doute le plus grand et les plus inquiétant,
peut-être le seul magicien du XXe siècle occidental : Aleister
Crowley.
Robert Amadou in Planète no 19
Colin
Wilson était fasciné par Crowley (1875-1947), ainsi que l’atteste sa longue
entrée dans L’Occulte, dans laquelle
il cherchait à répondre à la question : « est-ce que sa magie
fonctionne ? » Et avec la forte intuition qu’il devait y avoir du
vrai dans les travaux de la « Bête ». Il revient longuement sur ce
personnage sulfureux dans une biographie bien documentée qui n’est –
contrairement à beaucoup d’autres traitant de Crowley- ni une hagiographie ni
une critique destructive. Il ouvre son étude par un premier chapitre fort
intéressant, dans la mesure où il fait le lien avec ses premières théories sur
l’Occulte. Pour Wilson, en 1971, les phénomènes paranormaux étaient occasionnés
par la Faculté X, elle-même produit d’une conscience « élargie ». Il
ne s’agissait rien d’autre que d’une utilisation adéquate des « pouvoirs
inconnus de l’homme », toute autre explication faisant appel aux
« esprits » étant de l’ordre de l’affabulation. Wilson revoit en 1987
considérablement sa copie, et, après examen approfondi d’un certain nombre de
cas parapsychologiques, notamment africains, arrive à la conclusion que ces entités
peuvent réellement exister. Il les qualifie « d’esprits décorporés »,
tout en précisant qu’il ne s’agit pas uniquement de ceux de défunts, mais aussi
d’esprits de la nature ou élémentaux.
Écrire une biographie de Crowley est un art difficile, les excès de tous ordres du
Magicien brouillant en permanence les cartes au point de lui enlever souvent
toute crédibilité. Ce dont souffrira toute sa vie le Maître Thérion dont
l’immense besoin de reconnaissance ne sera jamais satisfait. Il faudra attendre
que l’occultiste Kenneth Grant, responsable de l’OTO en Angleterre, reprenne à
son compte les travaux de Crowley après sa mort pour en faire une brillante
synthèse. Colin Wilson insiste notamment sur son Magick Revival, « la meilleure histoire de la magie moderne
jamais écrite » et précise que les travaux de Grant sont du « Crowley
bien meilleur que l’original. » Et de montrer qu’au-delà de ses outrances,
notamment sexuelles, Crowley avait fondé un système magique tout à fait
remarquable, basé sur la volonté.
- Fais ce que
tu veux est toute la loi,
- L’amour est
la Loi, l’amour soumis à la volonté
- Chaque homme
et chaque femme est une étoile
- La Magie est
la science et l’art d’opérer des changements en accord avec la volonté.
La
conclusion de cet ouvrage sera très « wilsonienne ». « La
philosophie thélèmite de la libre volonté humaine permet à l’homme de se hisser
à un niveau de conscience supérieur. Si on oublie le personnage pour ne se
concentrer que sur sa philosophie, il est fort probable que Crowley avait
raison ».
Notes
lovecraftiennes :
°
Colin Wilson nous épargne le parallèle souvent évoqué dans les sphères
ésotérico-lovecrafiennes entre le panthéon du Maître de Providence et celui de
Crowley évoqué notamment dans son Book of
Law. Une théorie qu’il a développée dans Le Necronomicon (1978) et qui provient des « travaux » de
Kenneth Grant.
°
Il évoque par contre Lovecraft au sujet de l’ouvrage de Crowley, Moonchild (1929), le qualifiant de
remarquable, à la jonction des plumes de Lovecraft et de Borgès.
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