Étrange livre que celui que nous proposent Yann Sougey-Fils (au pinceau) et Jean-Christophe Malevil (à la plume), Moi, Lovecraft aux Éditions des Tourments[1], 2019. L’objet est joliment réalisé et le récit se propose de nous transporter dans la tête de Lovecraft : et si je nous racontais qui j’étais vraiment, moi, Howard Phillips Lovecraft ? Et c’est ce qui est tenté, à grand renfort de citations (lettres et textes), en mettant l’accent de façon appuyée sur l’aspect sombre du personnage : enfance malheureuse, réclusion, échecs littéraires, mariage raté, le tout baignant dans une poisseuse indifférence cosmique dont se nourrissent au son des flûtes et des tambourins d’abominables créatures. Le tout est traité de façon succincte, comme les créations de l’auteur qui n’ont droit qu’à une brève citation (ex : 1920 ; en mars, Le Témoignage de Randolph Carter est publié dans the Vagrant) sans aucun développement. Quant au fait que Lovecraft ait été un grand voyageur, cela est évacué sous forme d’un listing des villes visitées (auquel il manque Québec) qui provient d’un travail de recherche de Denis Labbé in Les Voyages de Lovecraft[2].
Au total, un ouvrage qui aurait pu être intéressant, car basé sur une approche originale, mais qui manque de profondeur et peut-être aussi d’équilibre. Car comme l’indique avec humour S.T. Joshi à la fin de sa monumentale biographie, Lovecraft était aussi un joyeux farceur !
NB : on lira avec intérêt, parallèlement à ce texte, l’ouvrage de Jacky Ferjault, beaucoup plus consistant (Moi, Howard Phillips Lovecraft, EODS 2004)
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