Le Royaume Perdu, Giacometti et Ravenne (J.C. Lattès, 2022). Sans conteste, un Marcas de belle qualité qui réussit à trouver de nouvelles pistes de recherche dans une théofiction pas mal encombrée depuis le Da Vinci Code. Il y a en fait deux « héros » dans ce roman, tous deux mis es scène avec une véritable dimension ésotérique.
Le premier est le Livre d’Hénoch. Du nom du patriarche qui, d’après la Bible, vient juste avant Salomon, fondateur du Temple ; et arrière-grand-père de Noé. Un ensemble formé de cinq manuscrits écrits entre – 300 et + 400. Non reconnu par les Églises (sauf celle d’Éthiopie). C’est un recueil de descriptions hallucinées de Dieu et des récits enflammés de lutte contre les pécheurs. Le plus curieux est le premier livre, « le Livre des Veilleurs », qui raconte la fugue de 200 anges qui se révoltèrent contre le Seigneur et descendirent sur Terre pour forniquer avec les filles des hommes. Il en résultat l’apparition d’une race de Géants que formèrent les anges. Yahvé demanda au chef des anges restés fidèles, Michaël, de punir les révoltés menés par le démon Samyzia. L’histoire finira mal et Dieu provoqua le Déluge. Il est intéressant de souligner que Hénoch est monté au Cieux, a vu Dieu et est revenu sur Terre. Il est le seul humain à avoir eu ce privilège.
Le second est le Baphomet, créature diabolique qui aurait été adorée par les Templiers et qui fait son apparition dans une correspondance religieuse de 1098. Ses représentations sont sujettes à caution, mais on croit le voir dans la statuette au-dessus du porche de l’église St Méri à Paris et surtout dans une salle de la forteresse de Tomar au Portugal.
Le commissaire Marcas est fatigué de jouer aux Indiana Jones et songe même à quitter la police, d’autant qu’il a maintenant une compagne, elle aussi dans la police, dont il est profondément amoureux. Mais notre ami sera « débauché » par une de ses relations, un riche collectionneur, qu’il fait inviter à une « party » de luxe pour y exercer une discrète surveillance. Il s’agit de la société OxO, spécialisée dans l’Intelligence Artificielle et travaillant sur la mise au point de l’ordinateur quantique le plus puissant jamais imaginé. Sa patronne, Lena, est manifestement versée dans la science des mystères et est persuadée que « le secret des secrets » se trouve dans le livre d’Hénoch. Une première tentative de décryptage informatique se soldera par un échec et infligera à tout un quartier de Paris une monumentale panne d’électricité. Quant à la soirée, elle sera perturbée par une bande de « fous de Dieu » qui n’hésitent pas à mourir en chantant des cantiques lorsqu’ils sont acculés par les forces de l’ordre.
Il faut en fait retrouver l’original d’Hénoch pour reprendre l’expérience, et c’est la mission qui sera confiée à nôtre enquêteur avec peu d’indices au départ, si ce n’est une tête sculptée de Baphomet (celle de Tomar) portant une mystérieuse inscription. Suit un périple traité selon l’orthodoxie de la théofiction, alternant les chapitres se déroulant de nos jours et ceux nous entraînant dans une Jérusalem où les templiers sont en déconfiture.
La chute sera brutale et nous apprendra qu’il est dangereux aujourd’hui de vouloir retrouver le Paradis Terrestre, même si l’on dispose d’une monstrueuse « bête quantique » !
Un petit plus dans ce roman. Le commissaire Marcas met la main lors de son périple sur le journal de l’un de ses aïeuls, Tristan Marcas, qui se serait illustré lors de la seconde guerre mondiale dans une lutte occulte contre le nazisme.
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