mercredi 17 décembre 2025

LA MYSTÉRIEUSE SALLY THEOBALD

Soutien gorge 


 

À propos du “Soutien-Gorge Ensorcelé”

(I Wore the Brassiere of Doom, 1936)

Note critique n° CA–AS–04

Le texte connu sous le titre I Wore the Brassiere of Doom, attribué à la mystérieuse Sally Theobald et publié en 1936 dans un magazine de confessions féminines (True Confessions), constitue un cas limite particulièrement révélateur de la porosité entre littérature populaire, imagerie occultisante et pastiche savant.

Longtemps tenu pour une curiosité marginale, ce récit s’est vu ultérieurement investi d’une aura pseudo-lovecraftienne à la faveur d’une mystification volontaire orchestrée par Robert M. Price, avec la complicité déclarée de S. T. Joshi, visant à tester les mécanismes de crédulité du champ critique.

Analyse symbolique “sérieuse”

Le soutien-gorge décrit dans la nouvelle présente plusieurs caractéristiques rituelles notables :

  • La pentagrammation bilatérale (étoiles à cinq branches), traditionnellement associée à la protection, mais ici perforée en son centre, suggérant une inversion du symbole.
  • Le motif oculaire, inscrit au cœur de chaque étoile, renvoie à une surveillance cosmique ou à une conscience intrusive.
  • La fonction vestimentaire intime, impliquant un contact prolongé avec le corps, favorise une lecture en termes de contamination psychique.

La vendeuse de Macy’s, figure liminaire entre le commerce moderne et l’archaïsme sorcier, peut être interprétée comme une passeuse rituelle, substituant à l’initiation religieuse une initiation consumériste.

Dimension onirique et cosmique

Les rêves de la protagoniste — plongées dans la luxure, dilatation des formes, transformation du vêtement en entité autonome — relèvent d’une topologie de la transgression fréquemment rencontrée dans la littérature fantastique des années 1930, bien que traitée ici sous une forme volontairement grotesque.

Certains commentateurs facétieux ont vu dans ces “bulles de mamelons interdimensionnelles” une parodie consciente des espaces non euclidiens lovecraftiens, transposés dans une imagerie érotico-burlesque.

Conclusion critique

Loin d’être un simple gag, Le Soutien-Gorge Ensorcelé fonctionne comme une expérience critique :
il démontre que les codes du Mythe — symboles, initiation, altération de la conscience, horreur indicible — peuvent être déplacés sans effort dans les territoires les plus inattendus de la culture populaire.

Sa valeur n’est donc ni littéraire ni mythologique, mais méta-critique.

 


 

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