Maurice Magre, Le Lotus Perdu, Jean-Jacques Bedu (Dire, 1999). Les études sur Maurice Magre (1877 – 1941) sont peu nombreuses et celle de son disciple occitan est certainement à mettre au-dessus du panier. L’écrivain de Toulouse est un peu oublié de nos jours, alors qu’il a reçu le grand prix de l’Académie Française et frôlé de près le prix Nobel. Issu d’une famille relativement aisée, il avait tout pour mener une existence confortable et conventionnelle. Mais son goût pour la liberté et sa passion pour l’écriture l’amenèrent à choisir une autre voie, celle de la littérature qui s’ouvre presque toujours par l’emprunt du chemin de la marginalité. On le verra traverser la Belle Époque puis les Années Folles ses manuscrits sous le bras, rencontrant quelques succès d’estime généralement peu rémunérateurs. La poésie, qui fut son tremplin favori, l’amena à fréquenter les Salons de l’époque, faisant vibrer les jeunes passionarias entre les bras desquelles il aimait traquer l’illumination. Mais le sexe se doubla rapidement d’une autre drogue, plus perverse et plus addictive, l’opium qui lui donna l’illusion de lui ouvrir les portes de l’Orient. C’est au détour de ces fréquentations mondaines qu’il découvrit une autre voie de l’Éveil, celle de l’ésotérisme au travers notamment de la Société Théosophique dont il devint rapidement un fidèle adepte. On le retrouvera notamment dans ‘la Fraternité des Polaires », un groupe d’illuminés dégoulinant de bonnes intentions, comme par exemple d’éviter une nouvelle guerre mondiale par la prière collective. Il nous en parle avec beaucoup d’humour dans La Magie à Paris (cf 1934) avant de nous délivrer la synthèse de son cheminement dans La Beauté Invisible (1937). Un ouvrage remarquable, tant par le charme de son écriture que par la puissance d’une démarche qui n’est rien d’autre que d’entrouvrir les portes de l’Ailleurs et de retrouver Dieu.
Mais Maurice Magre, c’est aussi le « découvreur » de l’hérésie cathare, une dissidence du christianisme alors peu connue. Son Sang de Toulouse (1932) deviendra vite un best-seller, donnant naissance à un véritable engouement pour le soi-disant mystère de Montségur. Otto Rahn sera un des premiers à se casser les dents dans la recherche du trésor des Parfaits. Ce rejet de la religion dominante catholique, mais aussi cette traque infatigable de l’Éveil le conduiront à embrasser le bouddhisme, cette religion sans Dieu susceptible de le délivrer de son angoisse métaphysique. Une quête qui le mènera en Inde, à la rencontre de Sri Aurobindo. Il quittera ce monde en 1941 dans un profond dénuement en murmurant Esprit divin, Esprit divin.
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