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Agréable surprise que la redécouverte dans nos archives du no 1 de Le Reflet, petit fanzine castelrennais publié par Celia Brooke, jusqu’alors en version anglaise. Nous sommes en 1997 et célia, qui vient d’épouser Marcel Captier, se lance avec enthousiasme dans l’animation intellectuelle du village, aux côtés de l’association Terre de Rhedae. Les articles sont sympathiques, parfois naïfs, mais toujours intéressants. A noter un bon petit papier sur la recherche des vestiges de l’ancienne citadelle de Rhedae, illustré par Michel Marrot. Je ne résiste pas par ailleurs au plaisir de reprendre le texte qui suit, signé de celui qui allait s’illustrer comme le Colonel-Maire de la communeLa Perle et l’Ecrin
Qui, comme moi, n'est pas tombé amoureux de Rennes-le-Château et de son site? Il est vraisemblable que le village soit au centre de courants telluriques positifs; par contre, il se développe actuellement une forme de tellurisme qui touche certains membres de cette microsociété et nuit à la majorité de la population. Ces pharisiens profitent de l’érosion des religions chrétiennes et de l'évolution des valeurs, propres à notre époque, pour tenter de distiller des informations "loufoques", d'accélérer le glissement vers le probabilisme et les croyances cabalistiques.
Ces hypothèses, ces "fausses certitudes", sont véhiculées par de nombreux articles de presse dont un des derniers en date (La Dépêche du 24.09.96) ne peut laisser indifférent ; je cite : " ... Cette commune, devenue en quelques années une capitale internationale de l'excentricité et de la loufoquerie."(*) Excentriques les habitants de Rennes-le-Château? Le calme n'est troublé que par la horde touristique, sympathique mais peu rentable.
Sans commentaires. L'Association Terre de Rhedae doit faire entendre sa voix.
Son but n'est-il pas : "la conservation, la gestion, la promotion et la mise en valeur du patrimoine" ? L'apanage du patrimoine appartient aux habitants de la commune, et l'Association, au titre de la défense du patrimoine dont font partie l'héritage culturel et l'histoire de l'abbé Saunière, se doit d'agir.
Certes, comme tout le pays, nous vivons une période de "transition culturelle", caractérisée par un plus grand intérêt pour la liberté d'expression et une forme d'individualisme qui, en reconnaissant une liberté totale à autrui, conduit à la permissivité. Ce passage d'une société à une autre est, en fait, une mutation qui met en cause le système d'interdits traditionnels et les tabous. Finie l'obéissance, plus de sacré, qu'importent les déviances : tout est affaire de goût. Bien qu'elle s'accompagne de certains doutes et d'un certain flottement, cette mutation est comme une vague de fond que, ni les difficultés économiques, ni les fluctuations idéologiques, ne semblent pouvoir remettre en cause. Nous allons vers une société sans mémoire et au futur incertain.
Alors, des Associations comme Terre de Rhedae se doivent de "stocker" la mémoire afin de permettre aux générations "d'après la vague" de reprendre conscience que le germen spontané n'existe pas, et que la vie est un immense puzzle où l'Ancien a sa place et où le Jeune a le devoir d'apporter sa pièce.
Dans cet état d'esprit, l'abbé Saunière, médiatisé quelque quarante ans après sa mort, doit, avant tout, être considéré comme un prêtre qui s'est battu, avec tous les moyens qui lui semblaient nécessaires, pour mener à bien ce qu'il considérait comme sa mission sur terre : donner une belle maison à Dieu.
Dieu il qui il avait consacré sa vie.
Rennes-le-Château, c'est aussi et surtout une population, une histoire très riche et une archéologie inépuisable qui en constituent le patrimoine. Le musée de l'Association devrait être la perle dans l'écrin remarquable du site.
Mais soyons un peu permissifs, laissons les pharisiens exploiter la crédulité des chalands sous réserve que leurs actions ne perturbent pas la sérénité de la population. Profitons de la vue qui, à Rennes-le-Château, s'impose et en impose, malheureusement bien souvent au détriment des structures et des vestiges très anciens. Qu'ils soient, ces vestiges, postérieurs ou antérieurs à Clovis, qu'ils soient l'œuvre des Templiers ou des Cathares : ils existent. Toutes les actions entreprises pour les mettre en valeur, les faire parler, doivent être encouragées. Perle dans l'écrin du patrimoine de Rennes-le-Château, l'Association Terre de Rhedae et son musée doivent être les gardiens du Présent Dans ce Présent, "l'affaire Saunière" n'est rien d'autre qu'une goutte d'eau dans l'immensité historique, mais si elle continue il faire rêver le chaland, et bien soyons tolérants.
Jean-François Lhuillier
Le Reflet no 1, 1997
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