lundi 2 janvier 2012
LA PROPHETIE MAYA EST CREUSE
Un texte intéressant de Geneviève Beduneau publié sur Magonie
Pour en finir avec 2012, les Mayas n'ont absolument pas calculé ça encore que le résultat en chiffres romains les aurait peut-être fascinés. Permettez moi de vous copier ici des extraits de ce que j'ai publié l'an dernier dans Liber Mirabilis à ce propos :
"Curieusement, cette « prophétie maya » se distingue de toutes les autres. Non seulement elle nous annoncerait le jour et l'heure mais de plus elle n'a pas de contenu. Ce n'est qu'un mur, une fin sans justification.
De quoi s'agit-il ? Tout simplement, tout bêtement d'un des calendriers locaux connus. Les Mayas possédaient une écriture que l'on a pu déchiffrer et l'on connaît donc leur méthode de datation, assez complexe puisqu'elle combinait trois systèmes cycliques avec un système linéaire. Le premier système cyclique, le Tzolkin, se base sur 13 périodes de 20 jours, soit 260 jours. Le second, nommé Haab, compte 18 « mois » de 20 jours plus 5 jours épagomènes considérés comme néfastes. La combinaison des deux donne un cycle de 52 ans (ou 73 Tzolkin). Arrêtons nous un instant. Le calendrier Haab, si l'on considère ses 360 + 5 jours ressemble comme un frère à tous ceux de l'antiquité, y compris le calendrier julien. Toutefois il en diffère par la répartition des « mois ». Aucune autre culture n'a de périodes de 20 jours : soit il s'agit de mois lunaires de 28 jours comme dans le calendrier arabe, soit de mois « solaires » de 30 jours liés au calcul sexagésimal. Ces 20 jours correspondent au calcul en base 5 très proche de celui des Romains archaïques, ce qui montre qu'ils comptaient à l'origine sur le bout des doigts et non sur les phalanges mais, où les Romains se sont arrêtés le plus souvent à deux mains pour créer notre mode de numération décimal, les Mayas ont ajouté les pieds et l'ont développé jusqu'au vigésimal. Rappelons qu'un système analogue existait dans le commerce médiéval et jusqu'au XVIIe siècle, dont témoigne encore le nom de l'hôpital des Quinze-Vingt et même celui de nos premiers nombres jusqu'à seize. Le plus étonnant est donc le caractère abstrait, purement numérique, du calendrier maya même si le cycle astronomique solaire est pris en compte. Le cycle lunaire semble indifférent. Le cycle parfait, celui de la numération, serait de 400 mais le Soleil oblige à s'arrêter à 365, 18x20 +5. Est-ce de ce décalage que vient l'idée d'une fragilité de l'astre du jour ? (...)
Nous avons vu les deux premiers systèmes cycliques du calendrier maya. Le troisième ne serait que la combinaison des deux en un cycle de 52 ans, plus exactement de 18 980 jours. A ces cycles calendaires doit s'ajouter ce que l'on a nommé le « compte long », un comput linéaire à partir d'une date origine et qui repérait le temps par des glyphes de différentes « unités » : le jour, le uinal de 20 jours, le cycle tun de 18 uinal, le katun de 20 tun, le baktun de 400 ans, le pictun de 8000 ans (20 x 400), le calabtun de 160 000 ans (20 pictun), le kinchiltun de 20 calabtun ou 3 200 000 ans, enfin l'alautun de 640 000 000 ans (20 calabtun). On voit la multiplication systématique par 20, le compte long gardant le caractère abstrait de la cyclologie.
Un tel système qui ne tient pas compte des astres a sans doute été favorisé par la géographie : une presqu'île comme une excroissance d'environ 200 km de large sur un isthme relativement étroit, en pleine zone tropicale. Il n'y existe que deux saisons, celle des pluies de juin à octobre, un climat assez sec par ailleurs quoique humidifié par sa position entre deux océans. Mais c'est un plateau calcaire où l'eau emprunte de préférence un trajet souterrain, qui comporte peu de rivières et beaucoup de cénotes, sortes de grottes noyées, de puits ou d'étangs souterrains. Ainsi nous sommes dans un monde où la vie vient de sous terre, ce qu'on retrouve dans les mythes de création, où le danger si ce n'est la mort viennent de l'instabilité du ciel.
Ce compte long comporte une date notée 0.0.0.0.0., point de départ « absolu » du comput. Je mets le terme entre guillemets car il convient de le relativiser. C'est la date origine d'une ère, d'un cycle, nous ne sommes même pas sûrs que les Mayas lui donnaient l'importance qu'eut la fondation de Rome comme origine de datation des annales et des décisions du sénat ou la naissance du Christ calculée par Denys le Petit pour notre propre calendrier. Il pourrait s'agir de la « naissance » d'une divinité beaucoup plus que de la création du monde, fût-ce la quatrième comme on le lit souvent, confondant Mayas et Olmèques. Les archéologues ont évidemment cherché la correspondance entre ce zéro maya et notre propre système. Les hypothèses, il y en a 20 par un singulier humour de l'univers, s'étagent du 8 avril -2593 au 1 avril -8497, ce qui laisse de la marge aux interprétations ! La plus souvent retenue serait le 11 août -3114 (-3113 en datation astronomique qui comporte une année 0, contrairement au calendrier des historiens, source d'erreur encore). Le cycle complet se termine lorsque la date redevient 0.0.0.0.0., ce qui pourrait indiquer le 21 décembre 2012 à condition de prendre comme point de départ -3114.
Petit calcul impertinent : 3114 + 2012 = 5126 ans (oublions la différence des jours et gardons simplement, comme nos ancêtres néolithiques, le défaut du maître, + ou – 1). Si Robert Heneling avait raison contre tous et que la date origine soit – 8497, la fin du monde aurait du avoir lieu en -3371. Et si nous rajoutons un cycle, il faut la placer en 1755 ! Ce n'est pas vraiment une date neutre : le 1 novembre 1755, un tremblement de terre détruit Lisbonne, 6 minutes de secousses suivies d'un tsunami, 3000 maisons sur 20 000 restent habitables, 5 églises encore debout sur 56, 100 000 morts qu'on jettera à la mer faute de pouvoir tout ensevelir. S'il ne s'agit pas d'une simple coïncidence, rassurons nous, le prochain cataclysme n'aura lieu qu'en 6881 et ni vous ni moi ne serons là pour en vérifier l'exactitude. Encore les Haïtiens et les Chiliens pourraient-ils contester l'importance donnée à Lisbonne !
Rappelons aussi qu’un autre impertinent, le docteur Antoon Leon Vollemaere, fixe la fin du calendrier maya le 12 décembre 1546, ce qui lui permet de la rapprocher de l’arrivée des Espagnols en 1541. Pour ce sceptique, la croyance dans le renouvellement cyclique a désarmé les Mayas devant la poignée d’envahisseurs. On avait raisonné de même avec le mythe de Quetzalcoatl, le dieu blanc barbu qui devrait revenir de l’est. Je me méfie toujours quand on prend les autres ou nos ancêtres pour des imbéciles. Mais 1546 correspond à une révolte générale des autochtones, du Pérou au Yucatan et à leur défaite définitive, dont celle des Mayas en novembre et décembre. Pour Vollemaere, le compte long représenterait la mémoire si ce n’est l’explication calendaire de cette fin de leur monde[1].
A quoi correspondait, pour les Mayas, ce 0.0.0.0.0. du compte long et donc à quoi pourrait correspondre son retour ? Nous n'en savons fichtrement rien. Ce vide permet de projeter tous nos mythes, les nôtres et non ceux des Mayas.
[1] Antoon Leon Vollemaere, Apocalypse maya 2012 : foutaise ou science ? , Louise Courteau éditrice, 2009. Notons que le comput du docteur Vollemaere ne fait pas l’unanimité parmi les mayanistes comme en témoigne sa présentation chez l’éditeur : “Le 12 mai 1982, 10 ans après mon doctorat en études latino-américaines, j’obtenais avec la plus haute distinction le doctorat d’État ès lettres et sciences humaines à l’Université René Descartes – Paris V avec la thèse Grammaire, calendriers et astronomie mayas (967 pages), sous la direction du professeur Jacques Soustelle. J’ai effectué 18 voyages d’études et d’explorations aux Amériques, dont 5 explorations pour localiser l’Aztlán, cité ou île mystérieuse des Aztèques (Mexicains). La corrélation du trio Goodman-Martinez Hernandez-Thompson (GMT), qu’on utilise toujours, commet une erreur de 520 ans ! Une erreur difficile à avaler pour les mayanistes sérieux. En 1984, j’ai proposé ma corrélation Numéro de jour julien [Julian Day Number – JDN] 774.080 durant le Symposia de archeoastronomia y calendario à l’Universidad Nacional Autónoma de México. On a osé m’avouer : Dr Vollemaere, nous vous croyons, mais nous n’avons pas du tout envie de refaire nos travaux. Quand je leur répondais : au moins, appliquez la corrélation correcte à l’avenir, ils ripostaient : non, non, non, sauf si on m’en donne l’ordre ! Incroyable, mais vrai ! La vérité scientifique est dure à avaler, surtout pour la grande majorité des mayanistes à qui manque, malheureusement, une formation mathématique-astronomique. En 2003-2005, je reprenais mes études sur les pages d’éclipses 51-58 du Codex Dresdensis. J’ai comparé la composition mathématique-astronomique de ces pages avec la composition de tous les Tritos qui se passaient dans la région du « Pays maya » (Yucatan et Guatemala) dans la période de l’an 1 jusqu’à 1600. J’ai vérifié au total 626 éclipses solaires et 2 597 éclipses lunaires. Ainsi, j’ai trouvé la preuve indiscutable que la composition spéciale de la séquence d’éclipses des pages du Codex Dresdensis ne se présentait qu’une seule fois dans la période de l’année 0 à 1600 : entre 1186 et 1219. Après 100 ans (un siècle !), nous pouvons enfin rendre une justice historique aux peuples mayas, qui ont la même importance que les Égyptiens et les Chinois.” "
Fin d'auto-citation. Il ne se passera rien en 2012, sauf des élections dans une bonne poignée de pays dont le nôtre et la poursuite de la crise financière dont nul ne peut prévoir en détail la course folle.
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