Le merveilleux
Jean-Bruno Renard. CNRS Éditions, 2011, 212 pages, 22 €
Note de lecture de Nicolas Gauvrit - SPS n° 298, octobre 2011
Dans un langage précis, cette analyse scrupuleuse nous fait découvrir la permanence historique des croyances : oracles de l’Antiquité, miracles du Moyen Âge, sorcellerie de la Renaissance et paranormal dans nos sociétés modernes où la science prend le pas sur la religion. Mais, au-delà de ces croyances, dont l’existence panchronique n’étonnera pas, c’est la permanence du doute que nous montre surtout Renard. Il y eut toujours des rationalistes, des durs et des mous, et il y eut toujours des « croyants », des dogmatiques et des modérés.
Irrationnelles, les croyances en la sorcellerie, en la télépathie le sont, bien sûr ; mais Renard, à la suite de Boudon, montre que ces croyances ne sont jamais ni totalement absurdes ni totalement gratuites : elles s’appuient toujours sur les raisons de croire de la « rationalité subjective », des indices à défaut de preuve et un sens symbolique.
Au fil du texte, on rencontre des histoires anciennes et d’autres récentes ; et l’on est frappé par la ressemblance des argumentations, autant des croyants que des sceptiques. Cette persistance donne presque le vertige et fait se demander si l’humanité a seulement évolué, si ce n’est pas l’équilibre entre rationalisme et croyance qui caractérise l’homme, plutôt que l’une ou l’autre des positions... Autre vertige, celui de l’Histoire : certaines croyances d’antan semblent aujourd’hui, ridicules tandis que ceux qui aujourd’hui ont vu des extra-terrestres trouveraient absurde de croire aux fées, aux oracles ou à l’existence des licornes, tous ces phénomènes qui eurent, en leur temps, de nombreux témoins directs...
Sciences et pseudo-sciences, AFIS (C)
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