Rétro-futur ! de Raphaël Colson
Comme son titre l’indique, "Rétro-futur !",
de Raphaël Colson (Les Moutons électriques), nous fait entrer dans
l’univers infiniment varié et esthétiquement superbe de ces futurs qui
ne sont jamais arrivés ou de ces passés qui auraient pu être, sources de
rêve sans fin. L’auteur nous fait découvrir une masse colossale de
romans, BD, mangas et films traitant de ces sujets dans le monde
occidental et au Japon, après avoir posé les définitions : non seulement
ce qu’est le rétro-futurisme en tant que tel, mais aussi ses origines
et des courants ou sous-genres dont j’ignorais totalement l’existence
comme le "dieselpunk" (action dans les années de l’entre-deux-guerres)
ou "l’atompunk" (fin des années 40 et années 50) et autres dérivés (cf
l’impressionnante nomenclature des pp 42-43 : j’adore le "teslapunk" !).
Cela donne un livre passionnant et érudit, d’autant plus qu’il est
enrichi de nombreuses interviews (comme celle de Henry Jenkins, l’homme
qui a inventé cette magnifique expression de "The Tomorrow That Never
Was" ou de François Schuiten sur les métropoles fantasmatiques).
L’ensemble du livre est très beau, depuis sa couverture par David
Alvarez que je trouve absolument magnifique et résumant fort bien le
sujet jusqu’à la troisième partie du livre, "Vintage", où l’on découvre
les communautés rétro-futurs de la toile, les tendances du graphisme ou
celles du rétro-design automobile. Le chapitre consacré aux "Souvenirs
des cités futuristes d’antan" (p. 139) est d’une beauté saisissante et
glaciale dans ses illustrations (on ne peut que regretter qu’elles ne
soient pas en couleurs mais cela aurait sans doute trop augmenté le prix
du livre), en particulier les deux pages consacrées à un architecte
extraordinaire, Hugh Ferris, et à son ouvrage que je rêve de posséder, "The Metropolis of Tomorrow" :
somptueux ! Toute l’iconographie du livre de Raphaël Colson mérite
d’ailleurs le même qualificatif avec tous ces documents (couvertures de
magazines anciens comme "Popular Mechanics" ou de BD de
différentes époques).Tout cela nous donne un livre d’une lecture
passionnante auquel je ne mettrais que deux petits bémols : d’une part
je ne suis pas sûr que tous les lecteurs suivront Raphaël Colson dans
toutes ses analyses et appréciations politiques du système libéral et
des implications qu’il en tire pour le genre, en particulier aux
Etats-Unis et, d’autre part, il me semble qu’une lecture trop rapide de
sa part de l’oeuvre de Wells lui fait parfois attribuer à cet immense
auteur des vues complètement opposées à celles qu’il soutenait (par
exemple p. 247 à propos de la guerre aérienne il ignore ce que Wells
écrivait dans "La guerre des airs", dixit l’un des meilleurs connaisseurs français de Wells, Joseph Altairac, à qui j’ai demandé son avis en la matière).
Ce livre est en tout cas un livre
fondamental pour toute personne s’intéressant à ces sujets - grâce à
Raphaël Colson j’ai encore augmenté la longueur de ma liste d’ouvrages
et de BD à trouver impérativement de toute urgence... - et voulant avoir
une bonne vue d’ensemble d’un sous-genre en plein développement.
J’ajouterai qu’était sorti en 2010, aussi aux Moutons électriques, un
ouvrage d’Etienne Barillier intitulé "Steampunk. L’esthétique rétro-futur" et que les deux livres sont des compléments indispensables l’un de l’autre.
JL Rivera pour Actu-SF
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