Le Point.fr
- Publié le 01/03/2012 à 16:09 - Modifié le 01/03/2012 à 16:12
Procès de Galilée, excommunication de Martin Luther, "confession" des Templiers... Pour la première fois, le Vatican ouvre une partie de ses archives au public.
Le Vatican, à Rome.
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/ AFP
Procès de Galilée, excommunication de Martin Luther, "confession" des
Templiers... Pour la première fois, le Vatican dévoile au grand public
quelques-uns de ses innombrables secrets dans une exposition
exceptionnelle qui s'est ouverte mercredi dans les musées du Capitole à
Rome. Au total, plus de cent documents originaux ont été sélectionnés, à
l'occasion du 400e anniversaire de la création de ces archives secrètes
par le pape Paul V.Intitulée "Lux in arcana" ("Lumière sur les secrets" en latin), l'exposition permet au visiteur de découvrir la requête en annulation du mariage d'Henry VIII et de Catherine d'Aragon, et le "Dictatus Papae" de Grégoire VII, un manuscrit du XIe siècle affirmant la suprématie des papes sur tout autre pouvoir sur terre. Outre les minutes du procès de Galilée et la bulle d'excommunication de Martin Luther figure un parchemin de 60 mètres, remontant à 1308 et contenant la confession des Templiers devant trois cardinaux envoyés par Clément V au château de Chinon (centre de la France).
"Vérité historique"
"C'est la première fois dans l'histoire, et peut-être aussi la dernière, que ces documents quittent l'enceinte du Vatican", affirment les organisateurs. Signe de l'importance de l'événement, le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, a ouvert l'exposition aux côtés du "ministre" de la Culture du Vatican, Gianfranco Ravasi, du maire de Rome Gianni Alemanno et du ministre italien de la Culture Lorenzo Ornaghi. Interrogé par la presse sur ce qui l'avait le plus marqué dans cette exposition, le cardinal Bertone a répondu : "Certainement la vérité historique."L'exposition dévoile aussi des documents visant à défendre l'attitude du pape Pie XII, critiqué pour avoir gardé le silence face à la Shoah pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, un rapport du nonce Francesco Borgongini-Duca qui avait visité sept camps de concentration en Italie en 1941 et une lettre de remerciements d'anciens détenus au pape. Parmi les autres documents figure la nomination au trône papal de l'ermite Pietro Morrone (XIIIe siècle), devenu Célestin V et seul pape de l'histoire à démissionner. Mais aussi un édit du XVe siècle où Alexandre VI partage le Nouveau Monde entre l'Espagne et le Portugal après la "découverte" de l'Amérique par Christophe Colomb. Ou encore le décret du pape Léon X qui a scellé le schisme avec les protestants, conduisant à des guerres de religions fratricides en Europe.
"85 kilomètres de long"
Autres trésors : des lettres de Michel-Ange sur la construction de la basilique Saint-Pierre ou une lettre sur soie de l'impératrice de Chine Helena Wang, convertie au christianisme. Plus insolite, la missive du chef de la tribu indienne Ojibwa au XIXe siècle à Léon XIII, qu'il appelle "grand maître des prières remplissant les fonctions de Jésus". Autre rareté, une lettre de Marie-Antoinette emprisonnée après la Révolution, dans laquelle on peut lire : "Les sentiments de ceux qui partagent mon chagrin (...) sont la seule consolation que je puisse recevoir dans ces tristes circonstances."La sélection des documents, parmi des archives qui, si elles étaient alignées, "feraient 85 km de long, a été draconienne et dramatique", avait dit Mgr Pagano en présentant l'exposition en août dernier. Les archives "sont une réalité mystérieuse parce qu'inconnue", "sans compter les ambiances romanesques pseudo-historiques" qui les entourent, avait-il dit, une allusion limpide au romanesque Da Vinci Code. Très pédagogique, l'exposition, où les documents, ultraprotégés, sont projetés ou superbement éclairés, a été prise d'assaut dès son ouverture.
"Lux in arcana" - Du 29 février au 9 septembre www.luxinarcana.org
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