Jean-Pierre Prior et sa femme Nathalie tiennent le restaurant "La Ferme de Janou" : lui s'occupe de l'élevage (il fournit notamment le grand chef Gilles Goujon, à Fontjoncouse), Nathalie assurant la gérance.
"En fait, c'est à partir de 2000 qu'on a vraiment vu débarquer des gens bizarres. Et pas de condition modeste ! Toujours des grosses cylindrées, souvent de marque allemande, conduites par des Canadiens, des Luxembourgeois, des Italiens, des Espagnols, des Suisses, des Finlandais, des Norvégiens, des Anglais...".
J.-P.Prior se rappelle des tout premiers : des Québécois : "Ils disaient qu'ils buvaient leur urine du matin, celle qui contient la mémoire du corps". L'une des Québécoises avouait cependant y mêler de l'orangeade "afin que ça passe mieux".
En 2002, le restaurateur se souvient d'avoir gardé les clés de plusieurs "Mercedes 500" alignées sur son parking : "Il s'agissait d'un groupe qui allait déjeuner sur le pic. Ils m'ont demandé un âne de bât pour porter la nourriture. Ils sont redescendus vers 18 h".
Un jour, il a même reçu la visite d'un homme vêtu de blanc. Il prétendait être la réincarnation de Jésus : "Il a demandé du vin pour son repas et mon fils lui a répondu en blaguant : 'Vu qui vous êtes, multipliez-le !'. Il l'a mal pris".
Voici quelques semaines, des personnes sont entrées en lui demandant si elles pouvaient déjeuner en s'éclairant avec des bougies : "Selon elles, les bougies sont bonnes pour les énergies. Mais craignant qu'ils indisposent les autres clients, je leur ai dit d'aller manger ailleurs".
Depuis novembre 2010, "suite à un article paru dans l'Indépendant à propos de la fin du monde, prévue le 21 décembre, et qui est passé en boucle sur internet, tout s'est emballé !". À tel point que Jean Prior commence à s'inquiéter. Pas pour son chiffre d'affaires : en 2012, il prévoit une augmentation d'environ 10 %. En revanche, l'état d'esprit de certains ne le rassure pas trop.
"Un Parisien m'a téléphoné pour m'acheter une parcelle de terrain pour s'y réfugier le 21 décembre avec sa famille. Je lui ai dit que la fin du monde était une plaisanterie. Il m'a rétorqué, d'un ton mauvais : 'Vous faites partie du complot des États. Vous voulez sauver votre famille, pas la mienne...'. Ce genre de réaction me fait peur. Ce type n'était pas le premier à me parler de complot. Selon lui les États se sauveraient en laissant mourir leurs peuples. Et internet relaie ce délire".
Faut-il craindre une paranoïa collective en décembre prochain ? L'hypothèse n'est plus exclue.
"Ici, en hiver, il peut faire jusqu'à -15° sur le pic. Imaginez tous
ces gens un 21 décembre, là-haut, avec leurs gosses... Car le village
n'a pas les capacités d'hébergement nécessaires". Jean Prior s'inquiète.
Les "réfugiés de la fin du monde" (appelons-les ainsi) vont-ils envahir
les rues de Bugarach et les prés alentours ? Les gendarmes lui ont
recommandé de rester chez lui avec sa famille le 21 décembre, et même
au-delà de cette date. Pendant cette période, laisser sa maison vide ne
sera pas forcément une très bonne idée. Les gendarmes ont entamé les
premiers repérages : routes, chemins d'accès au village et au pic ;
espaces de stationnement pouvant être piratés, etc. Ils repèrent aussi
les endroits où les ondes passent pour les téléphones portables.
"Cette histoire de fin du monde prend peut-être des proportions plus conséquentes qu'on ne le suppose : à l'aéroport de Montréal, au Canada, il paraîtrait qu'un panneau vante Bugarach pour échapper à la fin du monde (lire note ci-dessous). Même les Barcelonais y croient".
"Cette histoire de fin du monde prend peut-être des proportions plus conséquentes qu'on ne le suppose : à l'aéroport de Montréal, au Canada, il paraîtrait qu'un panneau vante Bugarach pour échapper à la fin du monde (lire note ci-dessous). Même les Barcelonais y croient".
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