vendredi 18 mai 2012

RENNES-LE-CHATEAU, TOME SANG







À l'occasion de la parution de « Rennes-le-Château – Tome sang », Éric Maneval (« Eaux », éditions de l'Agly 2000, « Retour à la nuit », éditions Écorce 2011) répond à quelques questions… de Renaud Marhic :

— Auteur de romans noirs tu t'attaques aujourd'hui au « trésor de Rennes-le-Château »… En quoi cette histoire évoque-t-elle un polar ?
À première vue, nous sommes, avec Rennes-le-Château, assez éloignés des codes du polar. Nous serions plutôt dans le roman gothique, le fantastique ou le thriller ésotérique. Difficile de percevoir ce qui est en jeu, difficile d'établir des faits solides pouvant être utilisés pour bâtir une intrigue, un suspense, autre chose qu'une suite de spéculations autour de sociétés secrètes gardiennes de révélations telles que les exposent le « Da Vinci code » et ses avatars. En revanche, une fois qu'on baigne dedans (puisque j'ai habité la région pendant dix-sept ans) et qu'on est parvenu à préserver un minimum de santé mentale et de capacités de jugement, on peut aborder l'histoire sous un angle typiquement « polardeux ». On s'aperçoit que la plupart des protagonistes de cette affaire se révèlent être de parfaits personnages de roman noir : des faussaires, des mythomanes, des assoiffés d'or, de purs escrocs, des femmes vénéneuses, des manipulateurs et des naïfs. Bref, les mêmes personnages que l'on peut trouver dans une bonne série noire.

— Le trésor de Rennes-le-Château a inspiré Dan Brown pour son « Da Vinci code »… À te lire, cette histoire a le chic pour rendre fou qui s'en approche. Comment l'expliques-tu ?

Avant de l'expliquer, je l'ai constaté lorsque j'y résidais. Mais même encore, en habitant depuis bientôt dix ans à Marseille, je continue à rencontrer, par mon activité de bouquiniste, des gens hantés par cette histoire. Dans « Rennes-le-Château – Tome Sang », je donne plusieurs éléments explicatifs mais je n'ai pas de théories. Il semblerait que l'ensemble des éléments qui constituent le mythe de Rennes-le-Château agissent comme un tourbillon mental, un trou noir qui compresserait la raison du béotien. Celui-ci commence à chercher. Il s'oriente soit vers l'hypothèse d'un trésor sonnant et trébuchant, soit vers celle d'une vérité transcendantale que symboliserait ce trésor. Il se documente (plus de 780 livres ont déjà été écrits sur le sujet !). Ensuite, tout va dépendre de sa capacité à ne pas aller trop loin. Il y a un point de non-retour, une étape qui, une fois franchie, empêche le « chercheur » de pouvoir expliquer l'objet exact de sa quête à ses proches, mais aussi à lui-même. Il n'a plus alors qu'à fuir en avant dans le labyrinthe et clamer que la sortie est proche…

— Tu sembles pour ta part aborder cette affaire sous l'angle du surréalisme…

Oui. Ma culture est plutôt littéraire. On peut aborder le « phénomène Rennes-le-Château » de plusieurs manières : historique, symbolique, psychiatrique… Mais moi, ce qui m'a toujours marqué dans cette histoire, c'est que c'est un formidable roman. Je reste encore fasciné par la puissance de ce mythe, même en connaissant les dessous prosaïques de l'histoire. Un élément qui m'a permis de garder la raison est de savoir que l'écrivain Gérard de Sède (qui fit découvrir Rennes-le-Château au grand public à travers son ouvrage « L'or de Rennes » en 1963) avait fait partie d'un groupe surréaliste à Toulouse, dans les années 40. Il publia même un texte intitulé « L'incendie habitable ». (De Sède sera également résistant et bien d'autres choses.) Je connais assez bien l'histoire du surréalisme et reste absolument passionné par ce surréaliste de province publiant ses poèmes en pleine occupation. Cela exige à mes yeux une forte détermination dans l'idée de littérature, quelque chose que j'admire. À cet égard, je ne peux m'empêcher de considérer son ouvrage consacré à Rennes-le-Château comme forcément empreint de cette furie surréaliste.

— Hormis les personnages historiques, les individus que tu mets en scène sont-ils réels ou ne s'agit-il que de personnages de roman ?

Les personnages sont totalement inventés et les situations imaginaires. Seul le narrateur (et son associé) sont réels puisque, le narrateur, c'est moi (et mon associé, c'est lui). Pour le reste, les personnages sont des « archétypes », des caractères composites, chacun empruntant un peu aux innombrables passionnés de Rennes-le-Château. En utilisant une métaphore cinématographique, lorsque que nous entrons dans une chambre d'hôtel inconnue, nous savons qu'il y a des objets mais tant que nous n'avons pas allumé la lumière, nous ne les voyons pas, ils sont imaginaires… Nous allumons, ils deviennent réels. Avec Rennes-le-Château, nous passons sans cesse de l'obscurité de l'énigme à la lumière de la révélation. Mais rien ne bouge : ni l'église, ni les montagnes, ni le cimetière. Tout cela pour dire que mon histoire est une fiction, c'est-à-dire une combinaison romanesque de situations et de personnages imaginaires, bien qu'elle s'appuie sur des éléments bien réels, des objets qui restent les mêmes qu'ils soient dans la lumière ou l'obscurité… J'espère être parvenu à ce que le lecteur, qu'il soit initié ou béotien dans cette histoire, perçoive à travers cette fiction « policière » une représentation solide de la réalité.

— On apprend dans ton ouvrage que Noël Corbu, le restaurateur qui a bâti le mythe du trésor de Rennes-le-Château, était lui-même auteur de polar ! Peux-tu nous en dire plus ?

Oui ! De même que feu Jean-Pierre Deloux, un des principaux critiques du polar moderne, était un passionné de Rennes-le-Château, lui consacrant un essai… Pour Noël Corbu, il faut imaginer un type qui, en 1943, dans Perpignan occupé, publie un polar : « Le mort cambrioleur ». Un pur suspense à la mode anglaise sans grande qualité. (Même si, par ailleurs, c'est à ce jour un des polars que j'ai vendu le plus cher dans mon activité de bouquiniste.) Et là, il y a un parallèle très amusant. Deux des principaux instigateurs de ce qui allait devenir « l'affaire de Rennes-le-Château », Gérard de Sède et Noël Corbu donc, ont fait œuvre littéraire malgré l'occupation. Je me plais à penser que mon livre se situe sous ce double patronage. L'histoire du polar devra aussi reconnaître que, sans ce petit restaurateur auteur d'un unique livre qu'était Noël Corbu, Dan Brown n'aurait jamais pu écrire son Da Vinci code…

« Rennes-le-Château – Tome Sang »
Éric Maneval
Collection Polars&Grimoires – « Enquête sur la LÉGENDE », Éditions Terre de Brume)
(ISBN : 9978-2-84362-483-4)

De toutes les légendes de trésor, celle de Rennes-le-Château est la plus belle. Car elle est vraie ! C'est du moins ce que pensent les milliers de visiteurs à affluer chaque année dans le village de l'abbé Saunière. « RLC » – pour les initiés – aura même inspiré Dan Brown et son « Da Vinci code »…
Mais quelle fabuleuse découverte aurait faite le curé, un siècle passé ? Le butin des Wisigoths ou l'or des Templiers ? L'héritage des cathares ou la filiation de Jésus ?
Quand Luc Schaeffer et Aurore Saintal – à peine débarqués de Bretagne – décident de s'installer en terre audoise, ils ignorent tout du « grand secret » planant sur la vallée. Lui, l'ancien baroudeur, elle, l'étudiante en psycho dépressive, n'ont qu'un but : démarrer une nouvelle existence.
Deux ans plus tard, Aurore – enceinte – a disparu. Luc va apprendre que le mystère de Rennes-le-Château est bien peu de chose en comparaison de la malédiction frappant qui s'en approche. Seul sur le pic de Bugarach, il songe à ceux qui veulent le faire taire et empêcher l'humanité d'accéder à la vérité. Face à eux, il ne lui reste que la foi en son amour perdu. Et la dynamite !
Sous l'œil du narrateur, petit libraire et curieux homme. Qui a tout vu. Tout entendu.

Extrait à : http://www.polarsetgrimoires.fr/pdf/rlcextrait.pdf
Plus d'informations à : http://www.polarsetgrimoires.fr/
Polars&Grimoires – « Enquête sur la LÉGENDE », une collection de Renaud Marhic
publiée par Terre de Brume. Diffusion-distributio

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