jeudi 13 septembre 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE VOYAGEUR ONIRIQUE, Guillaume Beck





Le Voyageur Onirique de Guillaume Beck (OGMIOS 2018) est une sorte de pastiche OVNI. L’action démarre de façon néo-derlethienne à Arkham où un jeune étudiant (non nommé) de l’université de Miskatonic essaie de tirer les vers du nez de son professeur, Herbert West himself. Mais que sont ces Grands Anciens dont il ne cesse de parler ? Il rendra visite à ce dernier, remarquant « Le Livre Maudit » dans son bureau et, sous la contrainte d’un pistolet, le suivra dans les sous-sols de son manoir, véritable gruyère ayant abrité maints trafics dans le passé d’Arkham. Le but de cette expédition n’est pas moins d’essayer de délivrer un shoggoth coincé sous la roche. L’étudiant parviendra à se libérer et rejoindra son domicile où l’attend la douce Abitgail, artiste maudite dont les peintures révulsent son amant. Commence alors un trip cosmico-psychédélique, conduisant tout d’abord notre anti-héros dans à Pnakotus dont les  contrées sont habitées par le Grande Race des Yiths. Remake de Dans l’Abîme du Temps, il devra changer d’enveloppe corporelle et travailler à enrichir de ses mémoires leur grande bibliothèque tout en absorbant toutes les connaissances accumulées. Les Yiths sont menacés par les Polypes, car leur travail sur la connaissance menace gravement le Chaos qui est l’ordre naturel de l’Univers.
Il y apparaissait que, dans l’ordre des choses, la science et sa conservation étaient contre nature. Les données enregistrées et développés par l’esprit sont naturellement soumises à l’érosion et si certains savoirs  résistent brièvement, ce n’est en principe que dans le brassage constant de données générées puis perdues, l’ensemble étant voué, au final, à retourner dans l’oubli. Ce ne sont parfois que quelques phrases concernant une civilisation antique millénaire, et quelques bribes d’histoires qui nous parviennent, mais la réalité des faits dans toute sa complexité, demeure profondément évanescente. Ce principe d’érosion participe d’un fonctionnement universel plus global. C’est une partie de la mécanique du grand tout qui veut que les choses puissent se dérouler de façon cyclique, et dans le maelström cosmique, aucun hasard véritable n’est observable. En théorie, l’univers est donc comme une machine géante dont le moteur ronfle tranquillement.
Après quelques aller-retours auprès d’Albigaï, le narrateur se retrouvera à Innsmouth, guidé par une puissance inconnue où le Dr West est à la recherche d’une main d’œuvre à bon marché ( !), puis dans un asile psychiatrique où un écrivain fou écrit un livre invisible devant une bibliothèque vide ou encore dans un poste de police dont les agents proviennent de la race des Profonds. Il finira par se dissoudre dans l’horreur cosmique en perdant sa petite amie.
La plume est agréable, l’objet-livre est beau et le récit pour le moins déroutant.

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