Le Voyageur
Onirique de Guillaume Beck
(OGMIOS 2018) est une sorte de pastiche OVNI. L’action démarre de façon
néo-derlethienne à Arkham où un jeune étudiant (non nommé) de l’université de
Miskatonic essaie de tirer les vers du nez de son professeur, Herbert West
himself. Mais que sont ces Grands Anciens dont il ne cesse de parler ? Il
rendra visite à ce dernier, remarquant « Le Livre Maudit » dans son
bureau et, sous la contrainte d’un pistolet, le suivra dans les sous-sols de
son manoir, véritable gruyère ayant abrité maints trafics dans le passé d’Arkham.
Le but de cette expédition n’est pas moins d’essayer de délivrer un shoggoth
coincé sous la roche. L’étudiant parviendra à se libérer et rejoindra son
domicile où l’attend la douce Abitgail, artiste maudite dont les peintures
révulsent son amant. Commence alors un trip cosmico-psychédélique, conduisant
tout d’abord notre anti-héros dans à Pnakotus dont les contrées sont habitées par le Grande Race des
Yiths. Remake de Dans l’Abîme du Temps,
il devra changer d’enveloppe corporelle et travailler à enrichir de ses
mémoires leur grande bibliothèque tout en absorbant toutes les connaissances
accumulées. Les Yiths sont menacés par les Polypes, car leur travail sur la
connaissance menace gravement le Chaos qui est l’ordre naturel de l’Univers.
Il y apparaissait que, dans l’ordre des
choses, la science et sa conservation étaient contre nature. Les données
enregistrées et développés par l’esprit sont naturellement soumises à l’érosion
et si certains savoirs résistent
brièvement, ce n’est en principe que dans le brassage constant de données
générées puis perdues, l’ensemble étant voué, au final, à retourner dans l’oubli.
Ce ne sont parfois que quelques phrases concernant une civilisation antique
millénaire, et quelques bribes d’histoires qui nous parviennent, mais la
réalité des faits dans toute sa complexité, demeure profondément évanescente. Ce
principe d’érosion participe d’un fonctionnement universel plus global. C’est une
partie de la mécanique du grand tout qui veut que les choses puissent se
dérouler de façon cyclique, et dans le maelström cosmique, aucun hasard
véritable n’est observable. En théorie, l’univers est donc comme une machine géante
dont le moteur ronfle tranquillement.
Après quelques aller-retours auprès d’Albigaï, le narrateur se retrouvera
à Innsmouth, guidé par une puissance inconnue où le Dr West est à la recherche
d’une main d’œuvre à bon marché ( !), puis dans un asile psychiatrique où
un écrivain fou écrit un livre invisible devant une bibliothèque vide ou encore
dans un poste de police dont les agents proviennent de la race des Profonds. Il
finira par se dissoudre dans l’horreur cosmique en perdant sa petite amie.
La plume est agréable, l’objet-livre est beau et le récit pour le moins
déroutant.
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