Michel Doury fut mon professeur d’anglais
au Lycée de Sedan. Je le retrouve, au hasard de mes pérégrinations littéraires,
dans un numéro spécial (no 63) que lui a consacré l’excellente revue les Amis
de l’Ardenne en 2019. Un sacré souffle de nostalgie ! Je revois ce
grand gaillard, toujours tiré à quatre épingles avec son blazer bleu marine
terriblement british. Il résidait, avec un de ses collègues, au château de
Bellevue à Sedan, connu pour avoir abrité la réunion de capitulation de la France,
en 1970, avec Napoléon III et Bismarck. On l’appelait affectueusement « le
philosophe du Roi de la Bière », du nom de ce pub qui était devenu son
quartier général après les cours. Un bistrot à la décoration duquel il avait
largement contribué. Il était plus que discret sur sa « carrière »
littéraire, et c’est par hasard qu’avec quelques amis du lycée nous avons mis
la main sur son premier roman. On aurait eu du mal à ne pas le repérer dans la
vitrine de la librairie Scherrer.
La Paix des Braves a
été publié en 1964 chez Julliard, et mon exemplaire est dédicacé de son écriture
« patte de mouche » à PM, bien amicalement. Un petit roman
déconcertant qui nous raconte une « histoire sans histoire », celle d’un
jeune homme de Laon, fils d’un artisan coutelier, qui va faire l’apprentissage
de la vie. Un contexte glauque – une vie en Province sans horizon-, des
amourettes ratées, une famille ultra-conventionnelle, des études d’une banalité
affligeante. Mais un récit rédigé par une plume incisive, à la fois cruelle et
désabusée sans jamais se départir d’une ironie féroce. Le personnage et l’auteur
se confondent de façon presque caricaturale. Un ouvrage à sortir des oubliettes !
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