dimanche 2 août 2020

LOVECRAFT ET LA GROSSE POMME, Jacky Ferjault



Lovecraft à New-York de Jacky Ferjault (EODS, 2016). L’auteur nous avait déjà donné Moi, HPL (EODS 2004), une vraie-fausse autobiographie de Lovecraft réalisée à partir de ses lettres. Il récidive en couvrant cette fois en détail sa période new-yorkaise qui débute en 1923 et qui en fait ne termine pas réellement en 1926. Car s’il rejoint Providence cette année-là, il reviendra souvent voir la Grosse Pomme où sont nombre de ses amis. Un récit intimiste, sur le thème « je t’aime, moi non plus ». Tout est beau au début, d’autant plus que Lovecraft est amoureux de Sonia Greene qu’il épouse. Tout est de surcroît joyeux avec une bande d’amis qui se structure en Kalem Club et qui mène une vie dilettante, faite de ballades dans la ville, de visites d’expositions et de furetage chez les bouquinistes. Mais l’argent ne rentre pas, tant il est vrai que Lovecraft ne recherche guère un job qui de toute façon ne lui conviendrait pas. Il fera une tentative chez un recouvreur de créances, travail complétement décalé pour un vieux gentleman comme lui. Quant aux affaires de Sonia, elles périclitent, amenant la jeune femme à quitter New York pour chercher du travail ailleurs. Cela se terminera par un divorce. Reclus dans un petit studio, l’auteur vivote et finit par retourner chez sa vieille tante à Providence, loin d’une ville métissée qu’il a prise en horreur.

Lovecraft parle toujours avec réserve de son œuvre ; mais il peste contre des révisions roboratives, il évoque le début de l’écriture de l’Appel de Cthulhu, en admettant que c’est un gros travail qui lui prendra du temps. En revanche, il s’enthousiasme pour la commande qui lui a été passée pour Épouvante et Surnaturel en littérature. Un travail qui le fait vibrer et qui lui montre l’étendue de ses lacunes qu’il lui faudra rapidement combler.

Un récit touchant qui nous montre un personnage loin de l’image de l’ermite qu’on a voulu lui attribuer.

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