mardi 23 juillet 2024

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE SANCTUAIRE OUBLIÉ DE MORGAT, François Lange

 


François Lange met entre parenthèse pour la seconde fois Fanch, son policier breton favori, pour nous livrer un nouveau thriller ésotérique[1] assez étonnant, Le Sanctuaire oublié de Morgat (Palémon 2024). Étonnant parce qu’il fait le lien entre deux dossiers particulièrement lourds dans l’univers des mystères, celui de « l’affaire dite » de Rennes-le-Château et celui le la Mythologie créée par l’écrivain américain H.P. Lovecraft. La trame de départ est assez classique ; elle met en scène un ancien commissaire de police de Rennes, Gaël Ambelain, qui s’est reconverti dans le domaine de l’Art et qui met ses talents au service de riches collectionneurs à la recherche de pièces improbables. Il s’agit pour cette mission d’une toile de Le Guerchain (Le Relèvement du Maître), dont on ne connaît en fait qu’un croquis L’enquête montre que cette pièce aurait été vue pour la dernière fois dans une chapelle de Morgat (Crozon, Finistère), aujourd’hui détruite. Mais de curieux parasites brouillent les recherches sans que l’on comprenne du reste quel peut en être le lien : des personnes de la région sont retrouvées mortes, sans que leur corps ne comporte de blessures alors qu’elles sont vidées de leur sang. Et pour corser le tout, l’érudit commanditaire explique s’intéresser à ce tableau essentiellement pour son arrière-plan, qui représente un paysage de la région de Crozon. Et que cet axe de recherche est considéré comme particulièrement important par un occultiste italien, Massimo Ernetti, qui gravite dans le milieu. François Lange avouera s’être inspiré de Gino Sandi, bien connu sur la colline castelrennaise, pour camper ce dernier personnage. Il nous fera découvrir La Langue Celtique et le Secret des Druides, un ouvrage écrit au XIXème par l’abbé Fulcran d’Orval (clin d’œil bien sûr à l’ouvrage d’Henri Boudet, La vraie Langue celtique ou le cromleck de Rennes-les-Bains, 1886). Un bouquin assez incompréhensible mais qui mènerait à un dépôt sacré dissimulé dans la région. On comprend vite que le grand secret sur la piste duquel cheminent de nombreux ecclésiastiques touche à la divinité, mais à une Divinité plus ancienne que l’homme et emprisonnée par les Anciens Dieux dans quelque repli de l’espace-temps. Il se trouvera hélas toujours quelques esprits faibles qui chercheront à réveiller la Créature et à lui porter offrandes, ici en Bretagne sous forme d’hémoglobine bien fraîche.

Un bon bouquin qui, dans les Terres de l’Ailleurs, peut proposer de nouvelles orientations à la saga Saunière ! L’affaire des tombeaux de Jésus et/ou Marie. Madeleine, enfouis dans le Razès, commence à être usée. La traque des Grands Anciens donne une dimension métaphysique inédite aux chercheurs audacieux. Je ne connais qu’un seul roman[2] qui ait abordé ce sujet, L’Intrus de J.C. Maquet aux Éditions Henry (2003). Un livre dont le titre aurait pu être H.P. Lovecraft à Rennes-le-Château.

Et comme François Lange parle lui-même de l’un de ses inspirateurs, je ne peux m’empêcher de rappeler  la réponse que fait systématiquement Gino Sandri lorsque qu’on lui demande, dans le cadre d’une interview, ce qu’il pense de l’affaire de la Colline Envoûtée : cette affaire est un leurre, créé de toutes pèces pour détourner l’attention des chercheurs du véritable sujet ! ».

 




[1] Le premier était Le Démon du Crépuscule (même éditeur)

[2] A lire aussi dans une étude de Kircher, Le B.A.BA de Rennes-le-Château (Pardès, 2003), quelques allusions à la mythologie lovecraftienne. On peut lire en effet, faisant référence à une sculpture de pieuvre sur une tombe à RLC : Une créature cthulhienne hanterait-elle donc le Razès ? Ferait-elle l'objet d'un culte ? La pieuvre étant une figure représentée familièrement en Scandinavie des origines jusqu'à l'époque moderne, l'abbé Saunière faisait-il partie d'une société secrète «thuléenne» ? Rappelons que, comme le dieu scandinave Odin, Saunière était borgne, et que l'on ignore en quelle circonstance il perdit son œil ; initiation odi­nique, donc ?

 

mardi 2 juillet 2024

NUIT DES LEGENDES 2024, avec le soutien de l'ODS !

 


HYPERMONDES A MERIGNAC

 


BERNARD PINET ET L'APOCALYPSE REPUBLICAINE

 


Bonsoir Ami(e)s de L' Œil du Sphinx !

il était parmi vous ... Certains, ne l'ont pas cru ... d'autres, ne l'ont pas entendu ... Et, pourtant ... avec, 50 belles signatures (PJ 1), qui Attestent de ses Mystères ... Apocalypse Républicaine (PJ 2) est enfin accessible, en, Librairies & sur les Sites Fnac, Amazon ... Depuis, le Vendredi 21 juin 6024 .... Jour du Solstice d'été ... Il n'y a pas de hasard, que des rendez vous ... dixit, Paul Eluard.

Dans cet ouvrage, insolite, se trouve le Texte intégral d'une Comédie existentielle, ou, la Fiction se tricote, Allégrement, avec, la réalité ... des Révélations impromptues ... Sur les Coulisses secrètes de L'Apocalypse, qui vient de se mettre en branle ... Dans le Casting, Abraham, Moise, Jésus, Mahomet ... Mais aussi ! Parmi d'autres, Aragon, Hugo, Platon, Freud, Fulcanelli, Jung, Voltaire ... des Roses Croix, illuminatis & Francs Maçons ... D'après, des experts en Métaphysique, c'est du très, très Lourd ... A Lire ... Pendant, qu'il encore temps ... Avant, qu'il ne soit trop tard !

Bises Cosmos Telluriques (Elles coutent 1 Blinde ! Mais, c'est les meilleures ...)

Bernard PINET
06 43 89 83 22
www.bernard-pinet.com
Chaine YouTu

lundi 1 juillet 2024

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE DERNIER JOUR DE LOVECRAFT, Guilivio @ Rebelka

 


Le dernier jour de H.P. Lovecraft de Guilivio @ Rebelka (404 éditions, 2023) est une petite perle qui hésite entre la BD et l’album de documents. Lovecraft revoit, dans les délires de son agonie, une impressionnante galeries de personnes qu’il a côtoyées, ces interlocuteurs venant l’aider dans sa transition mais aussi recevoir ses derniers conseils. On verra ici défiler, entre autres, Randolph Carter, Houdini, Sonia, Howard, mais aussi de façon complétement décalée Stephen King ou Jacques Bergier. On prendra aussi connaissance de jolies lettres, dont une adressée à sa mère, pleine d’amour et de reproches sur la façon pour le moins austère dont elle a assuré son éducation.

vendredi 28 juin 2024

WENDIGO 7 DANS LA LETTRE DU CROCODILE

 


Wendigo, vol 7 . Les fioles d’immortalités. Editorial de Richard D. Nolane. Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

Pour cette nouvelle livraison de Wendigo, Richard D. Nolane nous a concocté un choix de textes savoureux : Les Fioles d’Immortalité par Rog Phillips – La Ménagerie du Major par Victor Rousseau – L’Âme de la Momie par Amelia Shackelford – Les Épouvantes de la Mer par E. M. Laumann – Choisie par les Dieux par James Francis Dwyer – La Chambre Lambrissée par L. T. Meade & Clifford Halifax – Le Cargo de l’horreur par Morgan Robertson – Le Démon du Jeu par Leroy Yerxa.

Nous retrouvons des auteurs familiers comme Rog Phillips ou Victor Rousseau et d’autres moins connus que Richard D. Nolane souhaite, pour notre plus grand plaisir, nous faire découvrir. Vampirisme, parfois décalé, proto-SF, épouvante, exotisme… de quoi rire parfois et surtout frissonner.

Chaque nouvelle est précédée d’une biographie de l’auteur et suivie d’une bibliographie qui permet de saisir les contextes, personnels et culturels, dans lesquels les textes furent écrits. Ils sont ainsi des témoins particulièrement intéressants d’une époque révolue mais dont les troubles, les intrigues, les violences nous sont tout aussi proches par leur actualité.

 

« La plupart des exemples de manifestations psychiques que j’avais étudiés jusqu’alors en compagnie du docteur Ivan Brodsky concernaient la possession spirituelle et les phénomènes apparentés – des sujets stupéfiants pour les profanes, mais plutôt banals pour ceux qui étudient les sciences. Mais j’allais ici être le témoin de l’une des formes les plus sombres et les plus mystérieuses du pouvoir de l’esprit. »

Victor Rousseau. La Ménagerie du Major

 

« Aimer une femme aussi passionnément que j’aimais mon épouse, et la tenir dans ses bras tandis que s’opère graduellement le dernier grand changement de la vie ; sentir les battements du cœur s’affaiblir, voir les derniers souffles haletants, regarder dans les yeux qui se fermeront bientôt pour toujours, et lire en eux l’amour qu’ils voient à leur tour dans les vôtres, sont les plus tristes de nos devoirs aux mourants. Mais quelle angoisse terrible, lorsque les yeux sont figés dans un regard idiot, leur lueur éteinte pour toujours, et l’être aimé, inconscient de votre douleur ahurissante, de votre amour piteux et inutile, est libéré par la Mort de sa vie malheureuse ! »

Amelia Shackelford. L’Âme de la Momie

 

« Je m’approchai du lit, mais un pouvoir irrésistible m’empêcha de l’atteindre, et une étrange sensation m’envahit alors. Je n’éprouvais plus le moindre désir de résister à l’influence qui, de toute évidence, me dictait toutes mes actions. Je traversai la pièce d’un pas vif, pressai le bouton de la porte centrale, l’ouvris comme je l’avais fait la nuit précédente, me retrouvai sur le seuil du petit salon et découvris à nouveau le regard fixe et décidé de Louisa Enderby. Comme la nuit précédente, elle se tenait debout devant la cheminée ; elle portait sa robe de velours noir et le diamant brillait dans ses cheveux. Lorsqu’elle me vit, l’ombre d’un sourire para un instant son visage puis s’évanouit. Je remarquai qu’elle avait les traits tirés, comme en proie à une souffrance mentale – une curieuse lueur éclairait ses étranges yeux glauques. »

L. T. Meade & C. Halifax. La Chambre Lambrissée

 

jeudi 27 juin 2024

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : EXCURSIONS EN ANCIENNE AMERIQUE, H.P. Lovecraft

 


Tout à fait original que ce nouveau travail d’Angouillat, Excursions en Ancienne Amérique (Saint Jacques 2023), traductions parfois inédites de textes sur les voyages de l’auteur de 1926 à 1929. Une sorte de précis de géographie historique qu’il est bon de lire avec un vieil Atlas sous la main. « Voyages dans les Provinces de l’Amérique » est un livre à lui seul. Un trouvera un autre « monument », « Observations sur plusieurs parties de l’Amérique », puis ses premières impressions sur le Vermont e le récit de son exploration de demeures anciennes. Le tout est assez roboratif, mais c’est un magnifique témoignage de l’amour porté par l’auteur à son pays et sa nostalgie d’une époque perdue où il aurait été un sujet de sa majesté. On relèvera aussi quelques petites bouffées de racisme que Lovecraft ne pourra se retenir de lâcher, avec de commentaires odieux comme : Piermont, un port fluvial adjacent à Sparkhill, abrite une vaste colonie de noirs et autorise de ce fait une sinistre étude de la décadence !

 

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LOVECRAFT PAR LUI-MEME

 


V.P. Angouillant se livre cette fois, dans Lovecraft par lui-même (ou Lovecraft le Maître de Vie) (Saint-Jacques 2024) à un travail similaire à celui de Jacly Ferjault in « Moi, HPL », à savoir retracer la vie de l’auteur au travers de sa colossale correspondance. Mais avec une différence de taille, ; alors que le travail de Ferjault était chronologique, ce dernier est thématique ave des entrées amusants, sur la gastronomie ou les français par exemple. Angouillat insiste sur le fait que beaucoup de ses traductions sont inédites. Difficile de juger, mais il faut bien admettre que beaucoup de textes sont connus des plus fins des lovecraftologues ! Ce qui n’empêche l’ensemble d’être agréable à lire, d’autant plus que l’arrangeur des textes fait preuve d’un esprit critique plein d’humour.

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : MON TRAVAIL N'EST PAS TERMINE, Thomas Ligotti

 


Thomas Ligotti est souvent considéré comme l’un des « grands » continuateurs de Lovecraft en Amérique. Peu de ses livres ont été traduits en français (cf 2017). Aussi faut-il saluer la publication chez Monts Métallifères (2023) de Mon travail n’est pas terminé, un recueil de plusieurs nouvelles qui cherchent à nous montrer que « l’horreur cosmique » peut envahir un milieu où on ne l’attend pas à priori, celui de l’entreprise. Et cette horreur se développe généreusement sur le terreau de l’absurdité administrative et des rivalités mesquines jusqu’à atteindre un niveau insoutenable. Ce qui fait de ces récits de véritables petites perles qui nous font toucher le plus sombre de l’âme humaine, celle du mal absolu. Ses descriptions de la vie de bureau de l’employé standard pourraient prêter à sourire si elles n’avaient pas un petit parfum de réalité honteuse. Au fait, qu’est-ce qu’on fabrique ici ? Personne ne le sait plus exactement, accaparé qu’il est par le classement de notes, le rangement de dossiers, la compilation de notes, le tout bien sûr dans le cadre d’horaires qui ont depuis longtemps perdu tout rythme humain.

NICOLAS de LEON REPREND SU SERVICE

 


LES CHRONIQUES D'EL'BIB : RANDOLPH CARTER, Treins & Ukropina

   


Belle idée que celle de Simon Treins et Jovan Ukropina que de compléter la biographie de Randolph Carter. Avec « La Ville sans nom » (tome 1, Soleil 2024) on va enfin savoir ce qu’il est devenu entre sa participation à la bataille de la Somme, en 1916, comme légionnaire étranger et sa réapparition en 1919 aux environs de Boston (Le Témoignage de Randolph Carter). Et ce n’est pas triste. Son grand-oncle lui aurait confié d’indicibles secrets et une médaille monstrueuse, découverte lors des travaux d’aménagement du métro de New-York. Tout cela le mettra sur les traces d’une étrange secte rendant un culte mystérieux à une créature indicible, parfois blottie au fond des eaux, parfois cachée dans le désert. Le trait est magnifique et les décors du Moyen-Orient sont particulièrement bien rendus. On sera par ailleurs ravi d’apprendre qu’Ambrose Bierce joue un rôle non négligeable dans cette saga.