samedi 30 juillet 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : VOLODYMYR ZELENSKY, Gallagher Fenwik


 

L’actualité toujours avec Volodymyr Zelensky, l’Ukraine dans le sang de Gallagher Fenwick (Le Rocher, 2022). Une biographie à chaud qui s’arrête avec le début de la guerre en février 2022. Un travail de journaliste, vite fait, et essentiellement sourcé par des https://. Ce n’est donc pas une vraie réflexion de fond, mais un bon résumé d’une aventure hors du commun que l’on connaît bien par les multiples reportages télévisés qui sont consacrés au personnage. Et Zelensky est attachant, une sorte de Coluche qui devient le Président en vrai après avoir été le Président fictif d’une série télévisée. On est touché par ses hésitations, son optimisme inébranlable face aux menaces les plus sordides de son voisin russe. Et on s’incline devant sa mutation éclair en un chef de guerre redoutable. La suite s’écrit sous nos yeux et l’on souhaite ardemment qu’il ne se transforme pas en martyr.

mardi 26 juillet 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : L'ECLAIREUR, Serguei Jirnov

 


 

L’actualité en Ukraine incite beaucoup d’anciens participants à « la guerre froide » à raconter leurs souvenirs et à nous faire plonger dans l’infernale machine russe. Tel est le cas de Serguei Jirnov qui, avec L’Éclaireur (Nimrod, 2022), nous retrace avec moultes détails sa carrière au KGB. L’auteur est maintenant réfugié en France et hante avec beaucoup de talent les plateaux de télévision au gré des développements de cette guerre fratricide. Ce qui est intéressant dans cet ouvrage, c’est son approche très autobiographique. Il nous raconte en effet le cheminement d’un jeune garçon fort en thème dans l’univers soviétique où tout se passe comme si l’heureux élu était happé par une machine qui le conduira aux meilleures écoles, aux alcôves du Parti Communiste pour terminer dans le Saint des Saint, le KGB. Jirnov analyse son ascension avec humour, sans être dupe d’un système hypocrite et en voie de décomposition. Notre agent est francophone et francophile, et réussit à intégrer l’ENA par « le tour extérieur réservé aux étrangers ». La description qu’il nous donne de notre école de prestige fait frémir, par son fonctionnement archaïque et son enseignement ultra-light. Sa comparaison avec les grandes écoles soviétiques n’est pas en notre faveur ! Mais cela reste un endroit privilégié pour un « infiltré » pour nouer des contacts utiles avec les futurs dirigeants du pays. On a droit ici à un petit couplet amusant sur Valérie Pécresse qu’il a tenté de « retourner ». Jirnov quittera le KGB en pleine décomposition après la perestroïka et demandera l’asile politique à la France. Il soulignera avec humour ne pas avoir été repéré par la DGSE dont il a une piètre opinion !

Notre « ex illégal » a bien connu Poutine qu’il décrit comme un raté à l’esprit obtus, qui a végété à l’ombre du KGB dans un poste mineur à Dresde en RDA. Il a su cependant profiter de la débâcle du système soviétique et se tailler une belle fortune au parfum oligarchique prononcé. Il sera repéré par Eltsine, et on connaît la suite….


vendredi 22 juillet 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : J'ETAIS UN AUTRE, Olivier Mas

 


 

Le Bureau des Légendes de Canal Plus a connu un succès bien mérité et a remis le roman d’espionnage à la mode. Olivier Mas nous livre avec J’étais un autre et vous ne le saviez pas (L’Observatoire, 2022) un documentaire sur les fameuses « légendes », basé sur sa propre expérience « d’illégal ». Mais il s’appuie surtout, pour illustrer son propos, sur quelques cas célèbres d’agents infiltrés, comme Rémy (France Libre), le Colonel Abel (espion russe aux USA), Wolfgang Lotz (espion israélien en Égypte), Robert Mazur (espion américain dans le cartel de la drogue) et Jeanne Bohec (France Libre). L’auteur lui-même est en effet assez pudique sur son « aventure » sous le pseudo de Beryl 614. La mécanique de la « légende » est bien décortiquée, de sa préparation à sa dislocation, mais le récit présente un caractère un peu scolaire. Ceux qui comme moi ont suivi avec passion la série télévisée précitée connaissent pratiquement tous les éléments évoqués et pourraient aisément écrire ce type d’ouvrage !


lundi 11 juillet 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : ÂMES ANIMALES, J.R. Dos Santos

 


 

 

Si comme moi vous aimez la viande rouge, ne lisez pas ce livre ; vous risqueriez de devenir végétalien ! Avec Âmes Animales, J.R. Dos Santos (H.C. éditions 2022) nous fait plonger dans un univers où on ne l’attendait pas, celui de l’écologie. Bien sûr le réchauffement climatique, bien sûr les gaz à effet de serre. Mais le cœur du problème est ailleurs, celui de l’élevage intensif et du massacre des animaux. Nous allons faire connaissance d’un sympathique éthologue qui porte bien son prénom, Noé ! Il a créé dans la région de Lisbonne une ferme modèle, Le Jardin des Âmes Animales, pour étudier le comportement de ses amis : on y rencontre une vache qui joue à cache-cache, un cochon farceur, une guenon qui parle en langage des signes, un perroquet qui s’exprime avec intelligence…  Et on arrive très vite à la conclusion que les animaux ont une véritable personnalité et éprouvent de réels sentiments. Noé est rosicrucien et s’appuie dans ses convictions sur l’unité de la création, l’homme n’en étant que l’une des expressions. Les travaux de Noé coûtent cher, et ses prises de position contre le massacre des animaux dérangent ses sponsors, financiers mais aussi écologiques. Les intérêts en jeu sont colossaux. Les vivres lui seront coupés brutalement et on retrouvera le savant noyé dans le bassin des orques de l’aquarium de Lisbonne. Tomàs Noronha, dont l’épouse travaillait au Jardin, va plonger dans une enquête d’autant plus délicate que sa femme est soupçonnée par la police d’être l’auteur du crime. On a retrouvé en effet sur le cadavre une lettre chiffrée qui lui était destinée. Les investigations nous ferons pénétrer dans le milieu des rosicruciens portugais et de leur riche symbolique. Ils nous vaudront aussi la visite – insoutenable – d’un abattoir industriel.

Je ne spolierai pas la chute, précisant simplement que l’un des animaux de Noé permettra de confondre le coupable. Un bouquin perturbant et s’appuyant sur une documentation étourdissante.

 


 


samedi 9 juillet 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : MON VILLAGE A L'HEURE ALLEMANDE, J.L. Bory

 


Mon village à l’heure allemande, Jean-Louis Bory (1945, J’ai Lu 2010). Cet ouvrage a été écrit à la fin de la guerre dans le village de l’auteur, Méréville, transformé en Jumainville pour les besoins du roman. Il a obtenu le prix Goncourt en 1945. Et c’est vrai qu’il s’agit d’une véritable petite perle. Le village n’a pas connu directement la guerre, mais il est occupé, d’autant plus qu’il possède un petit aérodrome bien utile aux allemands. Bory nous dresse une collection de portraits, tous plus vrais que nature, avec l’instituteur, le Maire, le curé, le paysan, la bistrotière, le pâtissier, la vieille fille, les jeunes amoureux etc… L’ambiance est glauque, chacun suspectant l’autre. On zappe en effet sans surprise entre une résistance, plus ou moins avouée et une collaboration qui ne se cache pas. On se planque pour écouter la BBC, on se dissimule pour faire du marché noir. Le boucher est du reste surpris par la quantité de lard que les occupants peuvent consommer !

Une « comédie humaine » sans surprise mais qui montre bien les ressorts ultimes de l’homme dans une situation dramatique.

 

vendredi 1 juillet 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : 669 de Giacometti et Ravenne

 


669, Giacometti et Ravenne (JC Lattès, 2022). Tristan Marcas aura décidemment bien du mal à profiter de sa retraite comme antiquaire à Genève. Son amie, Laure d’Estignac, membre de la résistance gaulliste, vient le relancer pour coincer un riche trafiquant d’art, faisant fortune sur des œuvres volées par des collaborateurs de tout poil. Ce qui l’intéresse à priori, c’est de récupérer son carnet d’adresse pour faire tomber ses complices peu scrupuleux. Mais Marcas va vite se retrouver dans une autre aventure, sur ordre de Himmler qui lui envoie Otto Skorzeny comme baby-sitter. Le haut responsable de la SS à Paris a été retrouvé horriblement mutilé, le signe 669 figurant, écrit dans le sang, à côté de son corps ; même sort a été réservé à une diva parisienne, fournissant aux dignitaires de l’occupation des filles de joie. Et Marcas, supposé être un expert en ésotérisme, n’a d’autre choix que de mener l’enquête. Il croisera régulièrement le commissaire Montalivet, chargé du dossier pour le compte de la Police Française. Une sorte de Maigret bourru, mais qui cache bien son jeu. Il rencontrera également un ancien libraire, qui tenait une échoppe au nom des « Pommes Bleues » et qui s’appelle bien sûr Saunières (avec un S !). On fera connaissance de l’inénarrable voyante-collaborationniste, Geneviève Zaepffel, dont le mari, René, a des relations plus que douteuses. Comme cet excellent Docteur Petiot. Nous sommes en effet en présence d’un cercle sataniste, qui consomme sa dose de chair fraîche et qui a besoin de faire disparaître les restes de ses victimes. Un cercle en liaison avec un « Lebensborn » qui peut ainsi se débarrasser des jeunes mères après avoir accouché d’un beau bébé aryen. Mais alors qui est 669 dans ce marigot écœurant ? Je ne spolierai pas la chute, tout à fait surprenante, et qui n’a rien à voir avec l’ésotérisme. Je préciserai seulement que cette aventure se déroule à un point crucial de la guerre, celle de la préparation du débarquement. J’ai du reste beaucoup souri à la lecture des messages codés de la BBC, truffés d’allusions à Plantard et à Bérenger Saunière !

Cette chute reste très ouverte, certainement pour préparer la suite des aventures de Marcas qui ne pourra abandonner sa compagne, Laure, en stage de reproduction dans un Lebensborn !

 

MARIE MAITRE COMMUNIQUE

 


Je vous invite le mardi 05 juillet de 18h à 20h à l agence immobilière GAY au 24 place du général Leclerc 21200 BEAUNE pour une séance de dédicace de mon livre « Francesca de la douleur à l’ envol ». Possibilité de changer les dates et heures selon vos disponibilités 😉. Au plaisir de vous y retrouver.

MYRIAM PHILIBERT DANS LA LETTRE DU CROCODILE

 

 


Esprits et âmes de la nature
de Myriam Philibert. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

Myriam Philibert est archéologue et docteur en Préhistoire mais, avec ce livre, elle nous conduit sur les chemins de l’imaginaire de notre enfance pour mieux retrouver cette alliance avec la nature que nous avons perdue.

Voici comment elle nous introduit au retour à la nature ou/et à la Nature :

« Etablir le contact avec la Nature. Par où commencer ? Est-elle peuplée d’êtres fantastiques ou est-ce la perception erronée d’une imagination fertile, bercée par une fallacieuse verve ou les contes de vieilles femmes ? Tout bruit vibre sous la canopée. D’invisibles présences se dissimulent, tout en cherchant à retenir l’attention de celui qui y est sensible. Des sensations énergétiques parcourent l’épiderme. On se sent presque tremblant devant tant de beauté, de grandeur, de profondeur. Partout s’insinue une sacralité qui atteint la démesure. Qui saurait décrire la forêt ? Terrifiante ? Protectrice ? Dévoreuse et maléfique. Amène pour le Petit Poucet, car il en connaît les dangers et sait (peut-être) l’apprivoiser. Refuge tentaculaire pour l’être humain, exilé de l’obscure caverne qui lui servait d’abri, par le réchauffement postglaciaire… »

Myriam Philibert nous incite à nous initier au langage des arbres, à renouer avec le peuple invisible de la forêt, à nous rappeler que les peuples natifs indo-européens perpétuaient des cultes dans les enclos sacrés des forêts. L’arbre est premier dans ces cultures qui le reconnaissent comme axe, colonne ou échelle entre terre et ciel.

Cette forêt sacrée est habitée de peuples mystérieux. Il y a les fées bien sûr, gardiennes et initiatrices qui hantent nos mythes, nos contes, traditionnels ou contemporains. Chaque siècle se laisse traverser par ces mythèmes qui font rêver ou enseignent.

Nombreux sont les esprits de la Nature : dryades, muses, Dame verte, Homme vert, nymphes, génies, élémentaux divers… Le voyage continue par la lecture des lignes de force de la Terre, les cultes à la Nature, notamment à la Déesse-Mère, les divinités égyptiennes de la Nature… jusqu’aux références traditionnelles aux boissons d’immortalité ou de longévité, voie lactée, soma, sang, vin, bière et autres alcools sacrés.

L’exploration des mythes populaires, ou plus réservés, est une opportunité de restaurer le regard, de rétablir l’accord perdu avec ce qui anime la Nature.

« Il est temps, nous dit Myriam Philibert, d’aller au-delà du visible et du matériel. Où se niche l’âme du monde ? Toute âme est une monade ? Celle du monde est-elle féminine comme les divinités affriolantes que citent les textes gnostiques ? Est-elle masculine comme voudraient le faire croire les Grecs et les Indo-européens, plus généralement ? A un moment donné de l’histoire humaine, au cours du néolithique, le cours des croyances et des valeurs s’est inversé. La grande Déesse n’avait plus la préséance et son alter ego prenait le pas. A l’Âme du monde succédait un Esprit ; au cœur succédait le cerveau ! Au début, les deux polarités proposaient un équilibre. Puis, évolution des mentalités, chacun voulut gérer l’univers. Une force centripète (la Mère divine) et une force centrifuge (son parèdre divin) génèrent l’illusion de la dualité. En vérité, l’homme oublia que tout est Un, la création, l’être humain, la Vie. »