mercredi 30 janvier 2019

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LES MAGICIENS DU NOUVEAU SIÈCLE









LES MAGICIENS DU NOUVEAU SIÈCLE,

UN NOUVEAU MATIN DES MAGICIENS ?



Cette étude est longue ; elle propose une synthèse en fin d'analyse. Elle sera publiée dans son intégralité avec ses annexes dans un prochain nunéro d'Historia Occultae.

Écrire un nouveau Matin des Magiciens et plus généralement perpétuer l’esprit Planète est un fantasme récurrent de la contre-culture contemporaine. On lui doit quelques réalisations sympathiques, comme la revue Question de qui prendra, l’espace de quelques numéros, le relais de Planète après la disparition de la publication mythique en 1971 puis, plus récemment, avec Orbs, l’Autre Planète de Maxence Layet qui en est à son 6 ème numéro.

Pour bien comprendre Les Magiciens du Nouveau Siècle, il faut certainement revenir aux sources.

Nous sommes dans la France de la fin des années 50, encore engoncée dans le pessimisme sartrien alors que déferle sur elle la prospérité des « Trente Glorieuses ». La force du Matin sera d’ouvrir toutes grandes les fenêtres et d’essayer de donner un sens à ce tournant culturel. Non, la Science et la Tradition ne sont pas contradictoires et l’Histoire a encore beaucoup de secrets à nous révéler. Tout cela sur fond d’une humanité en transformation continue découvrant l’infinitude de sa conscience et préparant le « nouvel homme ».


Fiche de présentation des Magiciens du Nouveau Siècle (Pygmalion, novembre 2018)

Il est plus que temps de faire le point sur notre savoir, nos ignorances, nos choix existentiels et les mythes qui attisent notre désir collectif. Louis Pauwels et Jacques Bergier avaient ressenti ce même besoin au début des années 1960, alors que tout semblait exalter le progrès. Cela s'appela le Matin des magiciens. La critique du « réalisme fantastique » est achevée mais le paysage s'est modifié. À notre tour, il nous faut aborder ce qui se lève, ombres et lumières mêlées, au risque d'en devenir aveugle ou d'être éblouis. Le XXIe siècle devait être spirituel ou pas, il donne au contraire naissance à un monde de faux-semblants. Les auteurs de cet ouvrage destiné à devenir le nouveau texte de référence du genre ont fait parvenir leur manuscrit de façon anonyme. Combien sont-ils, nul ne le sait, mais leurs propos sont incontournables pour
qui veut comprendre notre société.

Analyse de l’ouvrage

Faute de contributeurs officiellement identifiés, nous désignerons les auteurs de la sorte AP1C1 pour anonyme partie 1 chapitre 1, AP1C2 pour anonyme partie 1 chapitre 2 etc….


P1, LES SCIENCES FASTES ET NEFASTES

AP1C1, la science à l’orée du millénaire – 83 pages

Un début assez classique pour ce genre d’ouvrage, à savoir une vaste synthèse de l’évolution scientifique récente et de ses perspectives. L’introduction est intéressante, rappelant les travaux de Jacques Bergier et remettent en lumière toutes les découvertes inexploitées qui auraient pu changer la face du monde. Un beau travail de vulgarisation qui résonne avec beaucoup d’articles de magazines ou d’émissions de TV consacrés actuellement au sujet. Le thème est en effet à la mode, et il regroupe physique quantique, relativité, paradoxes temporels, multivers, big bang etc. Petit détail curieux, AP1C1 se réfère au thriller de Dos Santos, La Clef de Salomon (2014), comme étant l’une des meilleures présentations de la mécanique quantique. Il fait ici confusion avec La Formule de Dieu (2012), véritable chez d’œuvre dont La Clef de Salomon n’est qu’une « séquel » cherchant à exploiter le succès du livre de base (annexe).
Si le rédacteur ne dévoile pas son identité, il nous précise qu’il est l’auteur de travaux en mathématiques sur les lois du hasard. Il est également manifestement proche ( ?) de Geneviève Beduneau à laquelle il se réfère de façon très élogieuse.

AP1C2, des biologistes derrière les barbelés– 54 pages

Avec ce chapitre, consacré à la guerre chimique, on commence à basculer dans le malaise. L’auteur nous présente une galerie de bactériologues que l’on a retrouvé « suicidés ». Et l’enquête est très détaillée, avec deux cas britanniques (Kelly et Holmes) traités sur plusieurs dizaines de pages. C’est à mon sens en peu longuet et perd en « force de conviction ». On en déduit que ces savants ont certainement joué avec le feu et qu’ils n’ont pas pu faire machine arrière. La graine « conspirationniste » est semée dans l’esprit du lecteur. On relèvera, à cet égard, une charge anti-américaine d’une violence étonnante. Était-ce nécessaire, car cela laisse planer un doute quant à l’objectivité des analyses du rédacteur ?
On notera enfin, à titre anecdotique, une petite erreur : parlant des services secrets français, AP1C2 voit en la DGSE l’ancêtre du SDECE, alors que c’est bien évidemment le contraire.

AP1C3, heurts et malheurs du génome – 36 pages

Suite dans le même esprit, sur fond de manipulations terrifiantes du génome pour résoudre une équation impossible : surpopulation et épuisement des ressources de la planète. On voit poindre le bout du nez du malthusianisme coloré d’un eugénisme qui ne dit pas son nom. L’analyse se poursuit par un débat sur le transhumanisme avec l’éternel conflit entre les partisans d’une humanité « améliorée » et ceux défendant un strict respect des lois naturelles. La recherche de l’immortalité est en toile de fond, même si l’auteur reconnaît que l’éternité, c’est un peu long !


AP1C4, armes d’aujourd’hui qui ressemblent à la science-fiction– 46 pages

On continue à plonger dans le glauque en visitant une armurerie qui fait frémir. Les bombes sont maintenant fabriquées avec de l’uranium appauvri qui pollue de surcroît la nature, les drones ont la taille d’une libellule, les soldats androïdes seront bientôt capable de combattre de façon autonome. Et cerise sur le gâteau, les techniques de la guerre secrète sont pratiquement au point : déclencher des catastrophes naturelles en douce, pour déstabiliser l’ennemi sans afficher d’intentions belliqueuses. Tout cela parfaitement documenté par… internet. Et une nouvelle fois, on sème le doute dans l’esprit du lecteur. Et si les catastrophes naturelles qui se multiplient (tsunamis, raz de marée, incendies) n’étaient pas la cause du réchauffement climatique, mais une manifestation de cette guerre occulte ?
Décidément, cette partie sur la science qui avait bien commencée se termine sur un sentiment de malaise profond. Ce soit disant nouveau Matin des Magiciens ne laisse guère place à l’espoir !
Mais continuons avec une seconde partie qui annonce clairement la couleur :


P2, UNE GEOPOLITIQUE DU MAL

AP2C1, la rumeur sataniste (40 pages)

Nous restons dans le glauque, avec une analyse du satanisme bien documentée qui s’appuie notamment sur la référence en la matière, Enquête sur le satanisme du sociologue italien Massimo Introvigne (Éditions Dervy, la Bibliothèque de L’Hermétisme, 1998, cf annexe). Les groupuscules « classiques » comme l’Église de Satan ou le Temple de Seth sont relégués au sein des micro-chapelles et part belle est faite au fameux lien satanisme/pédophilie qui a défrayé la chronique, notamment nord-américaine. Il en ressort qu’aucune trace d’un complot mondial en la matière n’a jamais été décelée et que les agissements coupables sont plus le fait d’individus gravement dérangés que d’un quelconque mouvement organisé. Je ne sais pas très bien quel est le but de cet article dans un « Nouveau Matin des Magiciens », mais si c’est pour monter un dossier sur « les sociétés secrètes mènent le monde », c’est pour le moins à côté de la plaque ! On est plus dans le domaine de la psychiatrie que celui du « réalisme fantastique ».

AP2C2, la question des Tours du Diable (251 pages)

Pas facile d’analyser ce chapitre qui fait 251 pages, soit près du quart du bouquin. Pour bien comprendre, il faut se replonger dans la philosophie ésotérique de René Guénon qui inspire profondément l’auteur : il existe, aux côtés de l’initiation véritable qui cherche à rétablir l’homme dans son état originel, une contre-initiation, sorte de démarche inversée qui conduit aux résultats contraires et qui prend sa nature de « sataniste » lors du dernier cycle, celui du Kali Yuga. AP2C2  part d’un livre de William Seabrook, Aventures en Arabie (1933), faisant part de l’existence de « sept Tours du Diable »[1], établissant une frontière symbolique entre l’Orient Traditionnel et l’Occident. René Guénon apprendra l’existence de ces « monuments » lors de trois échanges de correspondance avec son ami Seabrook et en rendra compte dans Études Traditionnelles. Jean-Marc Allemand y consacrera un ouvrage, René Guénon et les Sept tour du Diable chez Trédaniel  en 1990. Le quatrième de couverture résume bien la problématique : Le présent livre n'est ni une compilation, ni une nouvelle biographie sur René Guénon. L'auteur, dans une analyse minutieuse, situe géographiquement les sept tours du diable qui, selon Guénon, sont les centres de projection des influences sataniques à travers le monde. Les résultats funestes de leur action, tant en Orient qu'en Occident, sont inexorablement fiés au déroulement de l'actuel Age sombre. Cette étude nous donne aussi d'intéressantes précisions sur les incessantes attaques de toutes sortes que René Guénon le " Serviteur de l'Unique " eut à constater et contre lesquelles il opposa tout au long de son existence une parfaite rectitude et une orientation inébranlable. Pour corser le tout, ajoutons qu’Aleister Crowley, ami de Seabrook, était bien au courant de ce dossier dont il avait pris connaissance lors de sa carrière d’agent secret !

Ces fameuses tours sont donc le vecteur de tous les malheurs qui s’abattent sur l’Occident (le terrorisme islamique est évoqué) et annoncent évidemment « la Fin des Temps ». L’auteur va traquer tout au long des pages les signes de cet effondrement programmé par une analyse incroyablement érudite de l’histoire ésotérique de l’Orient. Tout y passe, des civilisations préhumaines à l’Agartha, de Thulé à l’Hyperborée, des Tours Sombres de Stephen King à la Cimmérie de Conan le Barbare, sans oublier Les Neufs Inconnus de Talbot Mundy et les expéditions tibétaines de Nicolas Roërich. Ce qui est frappant, dans les références proposées, c’est ce que j’appellerai la méthode de l’horizontalité : mettre sur le même plan d’authentiques chercheurs comme Louis de Maistre[2], Henri Corbin ou Mircea Eliade et des écrivains plus romantiques comme Charroux, Von Däniken, Gurdjieff, Blavatski, Anton Parks, Sitchin, David Icke… Une place de choix est réservée à Jean Robin[3] qui est cité 61 fois (sur 251 pages) et qui est en fait le fil conducteur de l’auteur. S’il est vrai que le penseur de Vendôme est un sympathique érudit, sa mythomanie brouille en permanence les cartes et jette un doute certain sur sa crédibilité. La façon dont AP1C2 utilise son dernier ouvrage sur Lovecraft (Howard Phillips Lovecraft et le Secret des Adorateurs du Serpent, annexe) me laisse perplexe : nous sommes certes dans une eschatologie noire, mais de voir comme manifestation de cette dernière le retour des Grands Anciens, créatures imaginaires du Prince Noir de Providence, me met particulièrement mal à l’aise. On peut du reste se demander si le rédacteur connaît l’œuvre de Lovecraft (en dehors de sa lecture de l’ouvrage de Jean Robin) lorsqu’il évoque la cité mythique d’Irem, popularisée selon lui par l’écrivain de Nouvelle-Angleterre dans Les Engoulements de la Colline (The Wippoorwills in the Hills, 1948). Or cette nouvelle n’est qu’un médiocre pastiche d’August Derleth, la primo nouvelle de Lovecraft étant La Cité sans Nom (The Wolverine, 1921) (annexe).

On ne sera pas autrement surpris de relever, en conclusion, que cette copieuse étude baigne, une fois encore, dans un conspirationnisme caricatural : Chacun connaît en effet le rôle trouble que peuvent jouer les États-Unis en arrière-fond de la géopolitique mondiale et de nombreuses personnes les soupçonnent d’influencer dans l’ombre les mouvances djihadistes qui ensanglantent le Moyen-Orient depuis plus de trente ans.

AP2C3 : la griffe de la civilisation Atlante et sa fusion avec la Tradition (87 pages)

Ce chapitre s’inscrit dans la continuité du précédent et est manifestement du même auteur, ne serait-ce que par « l’horizontalité» des références et par l’omniprésence de Jean Robin, cité 24 fois. Il s’agit d’une analyse de l’Atlantide, de ses origines, de sa localisation et de ses descendances, toujours à la lumière d’une mythologie ésotérique bouillonnante. Ce qui est intéressant, dans ce type de travail, c’est l’examen des traces qui auraient été laissées par la civilisation perdue, exercice dans lequel s’était notamment distingué Ignatius Donelly (Atlantide, monde antédiluvien, 1882, réédition Edite 2001). Ici, les griffes sont plutôt du domaine du « subtil mythologique », encore que. On trouve en effet page 602 l’information suivante qui ne peut que troubler les « saunièrologues avisés » :

…. Il existe une légende arabe[4] qui n’est pas sans intérêt puisqu’ils parlent dans leurs chroniques d’une cité d’Airain où Salomon avait fait construire un monument secret à sa gloire, situé aux limites du désert occidental, non loin de la ville d’Andalous[5] (à 20 journées de chemin au-delà) raconte la légende. La cité que bâtirent les Devs et les Péris sur ordre du roi devait devenir le dépôt de tous les trésors et les livres du roi Salomon. Certaines indications à mettre en corrélation avec des pistes similaires dévoilées par le soufi andalou Ibn’Arabi[6] nous orienteraient vers les mystères du Razès et du trésor de Salomon rattachés à la mythologie castelrennaise de l’Aude.

…. Parti à la recherche des ruines de la cité, Mousâ Ibn Noçaïr ne trouva rien d’autre que ces versets gravés sur une muraille : J’ai fait couler, au milieu de ce château, cet airain coulant et ai fait apporter ici les pierres précieuses et les trésors de la Terre. J’ai fait construire ce château de façon qu’il puisse subsister jusqu’à l’époque où arrivera je jour du jugement.

Et de conclure …. Les concordances avec les légendes relatives à la région de Rennes-le-Château sont ici nombreuses et mériteraient que les chercheurs y accordent une certaine importance.

 

AP2C4 : la zone eurasienne sous l ‘emprise du « Dragon Noir », de l’Etoile Rouge et des « Saints » de Satan (111 pages)

 

Toujours une suite du précédent épisode, de la même plume, dans laquelle nous allons rencontrer la redoutable Teshu Maru, Société du Dragon Noir et découvrir la mystérieuse Cité d’Arkaïm, exhumée au Caucase en 1987 et qui pourrait être l’un des emblèmes du Centre suprême, le nombril du monde. Tout cela résonne bruyamment avec l’Agartha, Shambhala et le Royaume du Prêtre Jean. Mais c’est surtout la localisation des tours du Diable qui motive l’auteur, par un curieux retour en arrière (cf infra C2). Il en cite deux, celle située en Syrie qui pourrait se trouver dans la plaine de Shinéar, au mont Lalesh ; quant à celle du Turkestan, elle  serait dans une oasis au croisement du Sinkiang et du dit Turkestan, au sein du district de Tash-Kourgan, au cœur de la vallée de Gilgit. Mais il y en aurait deux autres que René Guénon n’a pas pu pointer avec exactitude. Une en Oural que le chercheur voit à proximité de la cité d’Arkaïm, l’autre en Sibérie occidentale que le rédacteur pense localiser sur l’Ile aux Cornes, au centre du lac de Lovozeo. Pour « conforter » son analyse, AP2C4 interroge Geneviève Beduneau qui pourtant ne rentre pas vraiment dans son sujet, mais parle d’une région qu’elle connaît bien, le Razès, et de la mystérieuse tour du village de Fa, donc à proximité de Rennes-le-Château. Une tour où selon Jacques Bercier (Visa pour une autre Terre) la gravitation et le magnétisme terrestre seraient particulièrement perturbés et qui pourrait être un accès à d’autres dimensions.

On parlera encore de « la pierre tombée du ciel », de la pyramide de Falicon et des mystères de Lyon.

Puis nous plongeons dans l’Eurasie à proprement parler, en s’interrogeant sur les liens ayant existé entre le bolchevisme, l’ésotérisme et les juifs. On voit s’esquisser une centrale communiste rouge, un « cosmisme russe », faisant le pont entre le bolchevisme et l’occultisme. Le sulfureux Alexander Douguine[7], « le Raspoutine de Poutine », est activement sollicité dans la recherche. Le chapitre se termine par un entretien entre Oleg Chichkine, historien russe spécialisé dans les liens entre occultisme et services secrets soviétiques et Christian Bouchet[8]. Il en ressort que les flirts entre le GPU et plusieurs sociétés ésotériques comme la R+C étaient fréquents, que Nicolas Roerich était un agent d’influence important dans cette relation et que les dirigeants communistes avaient même envisagé de mener une mission pour libérer Shambhala du capitalisme….

 

AP2C5 : Histoire Secrète de l’Occident (47 pages)

 

L’éditeur a dû avoir du mal à découper ce livre en chapitres, et je le comprends, car nous sommes depuis C2 dans la même thématique et avec les mêmes références (Jean Robin est cité ici 16 fois après s’être un peu reposé en C4 !). On revient sur le Centre du Monde qu’on ne peut localiser sur une carte, car il est dans un état « subtil » . Encore que ne s’agirait-il pas du Château Noir du Comte Dracula, situé à proximité de Curtea-de-Arges au-dessus du village d’Arefu[9] ? Cela dit, si on élève le débat, il est probable que l’île centrale de la Terre soit l’Eurasie dont le cœur est un axe autour duquel tourne le Monde.

Puis nous retournons dans l’Empire Rouge pour retrouver le mythe du judéo-bolchevisme et les flirts avortés entre l’URSS et l’Allemagne. L’ouvrage de Jean Robin, Hitler, l’élu du Dragon[10], est activement sollicité car il nous met en garde contre la mystérieuse conspiration menant le monde, celle des 72 Inconnus encore appelés les 72 compagnons de Seth. Nous sommes proches de la philosophie contre-initiatique frankiste[11] dont le projet est d’accélérer la dissolution en entretenant le mal sur la Terre. La voie est ouverte pour s’interroger sur l’Antéchrist, dont certains affirment qu’il est déjà né dans une famille juive de Téhéran. Mais il est vrai que l’on s’y perd un peu entre « Celui qui doit venir », les faux Madhis et le vrai Sauveur.

Nous basculons ensuite sur la problématique du pétrole qui est un liquide maudit mais dont le contrôle est l’une des clefs de la géopolique mondiale. La localisation des Tours du Diable n’en est-il pas une preuve éclatante ? Cette guerre pour la possession de l’or du diable a conduit à maintes alliances occultes contre nature : … ce qui implique bien évidemment la participation inavouée des puissances occidentales qui, dans l’ombre et sous couvert d’obscures alliances ont semé les germes du fondamentalisme islamique… (Jean Robin). Et l’auteur de préciser : il est bien connu aujourd’hui que des personnalités comme Obama ou Hillary Clinton jettent de l’huile sur le feu au Moyen-Orient. Et de préciser, pour que le lecteur comprenne bien : les États-Unis sont un état raciste basé sur l’extermination et la soumission des civilisations amérindiennes et l’esclavage des peuples africains. Quant à la France, elle a droit à un petit accessit : La France est en effet devenue aujourd’hui une véritable usine à salafistes… Je commence à comprendre pourquoi cet ouvrage est anonyme !

Le chapitre ne serait pas complet sans une petite réflexion de « tourologie », science des tours comme chacun sait. Cette-fois, il est question des gratte-ciels, toujours plus hauts pour épater le voisin, de la Tour Eiffel, symbole de l’âge de fer et du Kali-Yuga selon Paul-Georges Sansonetti. Quant aux deux tours du World Trade Center, leur destruction n’est pas une surprise, car selon Guy Tarade, elles abritaient de fantastiques réserves d’or et d’argent.

Relevons en incidente, dans le dégagement sur la guerre du pétrole et les combats occultes au Moyen-Orient, l’évocation de la figure de St John Philby, père de l’agent double bien connu. On y apprend qu’il avait mené une mission secrète en 1932 avec son compère Ibn Saoud sur les pas de l’Arabe fou Abdul Alhazred à la recherche de la Cité d’Iram, perdue dans le désert dont les colonnes (invisibles) touchent le ciel[12].

 

AP2C7 : Le « Serpent de Mer » néonazi à l’assaut du monde moderne (90 pages)


Un chapitre fort intéressant car sérieusement documenté, mais construit de façon bizarre. L’auteur commence, à juste titre, à démonter la mythologie ambiante sur ce sujet : Hitler n’avait rien d’un magicien et encore moins d’un « médium de Satan ». Il est bien mort dans son bunker et ne s’est pas échappé en Amérique Latine. Hitler ne s’intéressait absolument pas à l’occultisme et les seuls éléments ésotériques du III ème Reich se résument pour l’essentiel aux délires de Himmler (Ahnenerbe, Wewelsburg…). Quant à un fameux IV ème Reich occulte, il n’y a rien d’autre dans l’histoire que quelques colonies de transfuges, plus préoccupés à se dissimuler sous d’autres cieux que de prendre une revanche. La théorie d’un Führer caché est pourtant  curieusement abordée en prenant référence Jean Robin qui évoque l’existence d’un mystérieux néo-führer appelé Siegfried établi dans une base secrète dénommée Ásgard, citadelle agarthienne imprenable et insaisissable située quelque part en Terre de Feu, dans une île déserte de l’archipel du Sud Chilien. Mais classons vite cette information dans la série des fantaisies auxquels l’écrivain de Vendôme nous a habitués (il est cité 9 fois dans ce chapitre).
Ceci étant posé, l’étude va se focaliser sur une séries de groupuscules ou de personnages qui ont un parfum « brun » souvent marqué et qui participent largement au « romantisme crypto-nazi ».
Côté organisations, on retrouvera bien sûr la Société de Thulé (qui serait reliée au redoutable « Teshu Maru », voir supra), le réseau « fantôme » Odessa d’exfiltration des nazis, la colonie Dignidad au Chili, regroupant sous forme de secte certains réfugiés, les partis néo-nazis allemands contemporains avec l’emblématique Adolf von Thadden[13], la Société des 72 (de Jean Robin !) qui dirige dans l’ombre toutes les organisations occultes aux intentions malveillantes, la Fraternité des Polaires…
Côté personnages, nous rencontrons Saint-Loup, l’ancien SS français qui voulait construire une Europe des Nations, l’incontournable Otto Rahn à la recherche du Graal en Ariège, le délirant Miguel Serrano qui a droit à une biographie très fouillée, Karl Maria Wiligut, le « Raspoutine de Himmler » et grand prêtre d’Irmin, le Dieu de la Foudre, Savitri Devi et son néonazisme « parodique et fantasmé », Jean-Claude Monet alias Karl Thor et ses groupuscules improbables d’occultisme nazi[14], ou encore Wilhelm Landing et ses thèses hyperboréennes[15].
On ne serait pas complet sans évoquer les armes secrètes nazies et le Vril, le révérend-père Martin et les Compagnons Secrets du Général de Gaulle, Jimmy Guieu et son Ordre Vert, et encore Jean Parvulesco, Alexandre Douguine ou Raymond Abellio.
On secoue le tout et il en ressort un catalogue assez nauséeux que j’ai personnellement du mal à intégrer dans un esprit « Magiciens du Nouveau Siècle ». Regrettons aussi que ne soit point étudiée la part importante que « l’Imaginaire » a prise dans le crypto-nazisme. Certes, le film Iron Sky[16] est évoqué, ainsi que les musiques barbares post métalleux, mais il manque des pans entiers de cette contre-culture brunâtre, et notamment ceux qui concernent la littérature. On pense aux excellentes BD de Richard D. Nolane comme les séries Wuderwaffen ou Space Reich (Soleil). On pense aussi aux passionnantes fictions de Stéphane Przybylski comme Le Château de Millions d’Années (Le Bélial, 2015), ou encore Le Rappors Oberlander de Laurent Mantese (Malpertuis 2018), sans oublier Nicolas d’Estienne d’Orves avec son incontournable Les Orphelins du Mal (XO Éditions, 2007). Une étude complète reste à réaliser sur le sujet[17].


P3, AU DELÀ DU NEW AGE

AP3C1, le New Age (73 pages)

Il faudra atteindre la page 873 pour respirer un peu d’air frais. AP3 nous livre ici une magistrale étude sur le New Age qui remet l’homme et son moi intérieur au centre d’un débat teinté d’optimisme. L’auteur resitue bien ce courant - de pensée et d’être - dans l’histoire, sans l’enfermer dans la plage habituelle des années 60/70. Car le ressort du New Age n’est rien d’autre que la tentative de L’Outsider[18] de faire péter le carcan de la quotidienneté matérialiste pour retrouver son Soi authentique, un Soi certainement de nature spirituelle. Toute l’histoire de la philosophie n’est-elle pas la recherche permanente d’un élargissement de la conscience afin d’appréhender l’étincelle de lumière qui est au fond de nous ? L’auteur montre comment cette démarche se transformera en un monument phare de la contre-culture, sous la bannière des hippies, beatniks et autres révoltés, un ensemble fragile risquant à tout instant de se fourvoyer dans un communautarisme stérile ou  un individualisme destructeur. Pris entre ces deux écueils, il est vrai que le mouvement s’est essoufflé, mais il est vrai aussi que sa motivation profonde est immuable, quelque soit la forme qu’elle revêtira. L’auteur nous le montre très bien : … l’expérience mystique, en soi, n’est pas aussi extraordinaire qu’on le croit souvent. Qui n’a pas ressenti en effet, à un moment ou à un autre de son existence, souvent durant l’enfance, un lien privilégié avec la vie cosmique, une extrême empathie avec autrui, une abolition temporaire des limites de l’ego etc ? Ce sont là des expériences normales de la vie humaine auxquelles la majorité n’est simplement pas formée, et dont elle n’est généralement pas avertie. Cela ne fait pas de nous des mystiques, sauf en potentiel. Ce qu’enseigne l’éducation spirituelle, c’est à reproduire et à stabiliser ces expériences fugaces afin qu’elles puissent progressivement participer à l’évolution de la conscience individuelle, jusqu’à ce que vivre finisse par prendre un sens différent et devenir une expérience particulièrement intense[19].
La petite critique que l’on pourrait porter à cette étude est son caractère excessivement  intellectuel. Elle s’appuie, à raison, sur les travaux de nombreux philosophe, sociologues, anthropologues, psychologues etc…, mais il lui manque peut être une touche de vécu, de terrain… Pour avoir eu l’opportunité de tenir pendant une petite dizaine d’année une librairie sur l’un des hauts-lieux français du New Age contemporain, la station thermale de Rennes-les-Bains[20], j’ai eu l’occasion d’observer de près cette population. Elle est tout sauf organisée ; ses préoccupations spirituelles sont difficiles à cerner ; mais elle maîtrise parfaitement l’art de collecter les subsides : RSI, RSA, APL…  Ingrid, ma charmante petite voisine allemande que je prenais souvent en stop, me résumait sa philosophie profonde de la sorte : vivre libre et surtout ne pas travailler. Mais l’oisiveté, n’est-ce pas, comme le disait AP1C3 au début de ce livre en parlant de l’éternité, un peu long ?

AP3C2, la société du développement personnel (32 pages)

L’auteur s’arrête ensuite sur ce qui est l’un des risques majeurs couru par le New Age, à savoir sa récupération  par les officines de « développement personnel ». Un phénomène qui dépasse du reste fortement la population des « enfants du Verseau » pour englober l’ensemble de la société, tel le sentiment de mal-être est devenu la caractéristique générale d’une civilisation en pleine mutation. Le jeune anthropologue Thomas Gottin a bien montré dans son étude sur le Bugarach[21] que le public de ces pseudo-thérapies ne correspondait pas exactement à celui des néo-hippies. Un public plutôt aisé (il faut payer ces stages !), de sexe principalement féminin et ayant rencontré un « accident de vie » (décès d’un proche, solitude, détresse sentimentale, problèmes de santé). Sans éliminer d’un revers de manche ces solutions miracles, le rédacteur montre bien que ce sont souvent des palliatifs à la difficulté de s’assumer par soi-même et rarement un cheminement spirituel. L’individu est à la fois victimisé et culpabilisé, puis la société lui vend des services d’assistance psychologique…
Sans vraiment sortir du sujet, on pourrait du reste également insister sur l’importance prise par « le développement personnel » dans les grandes entreprises qui usent et abusent du coaching (individuel ou de groupe), au grand bénéfice de cabinets spécialisés qui prospèrent depuis une vingtaine d’années.


AP3C3, révélations d’outre-monde : le channeling et la voix des non-humains (88 pages)

Autre contribution consistante qui s’ouvre sur une histoire de la métapsychique et du spiritisme pour déboucher sur ses formes actuelles de parapsychologie et de channeling, avec toutes leurs expressions annexes comme les OBE (sorties du corps) ou NDE (expériences de mort imminente). L’inconscient est devenu à la mode depuis les travaux de Freud et de Jung. Mais la théorie générale de ce type de manifestations reste à écrire, le débat tournant toujours autour d’expressions cliniques, et donc matérialistes ou d’intervention d’agents non-humains. Un débat qui s’est enrichi et complexifié par l’irruption des archétypes jungiens et par les interrogations sur l’autonomie de la conscience suscitées par l’étude des OBE et NDE.
L’auteur pointe pertinemment les risques du channeling : forme d’improvisation spirituelle, … réponse à la solitude d’individus qui préfèrent s’en remettre à des entités exotiques, refusant de se soumettre au lent et laborieux processus d’apprentissage d’un enseignement traditionnel ou initiatique supervisé par des gens expérimentés et validé par l’expérience concrète.
Il s’attarde ensuite sur les états de transe comme accès à une forme de conscience supérieure avant de nous livrer un vaste panorama des thérapies proposées, qui se confondent du reste parfois avec celles de développement personnel évoquées au chapitre précédent. Les thérapies qui font le sens, selon l’auteur, sont celles qui visent à briser l’individualisme, et de relier les informations du patient à l’ensemble du cosmos, s’approchant ainsi de la conscience unitaire omniprésente. Chaque instant doit être la possibilité d’un renouvellement de soi, d’une renaissance…


AP3C4, les adeptes de Gaïa (58 pages)

On arrive ici au cœur du sujet, celui de l’homme relié à la nature, notre bonne vieille terre, mais aussi au cosmos tout entier. C’est le fondement de l’écologie profonde et de la pensée holistique et donne à Gaïa une existence propre, celle de se réguler pour se préserver. Cette « intentionnalité »  est d’autant plus intéressante qu’elle est, selon nous, à rapprocher du « principe anthropique[22] ». Cette avancée conceptuelle de la recherche quantique conduit à une découverte troublante : notre Univers aurait pu être différent. De fait, de tous les univers possibles, le nôtre est l’un des rares à permettre l’apparition d’observateurs intelligents. Pourquoi avons-nous eu une telle chance ? Selon le principe anthropique[23], il ne s’agit pas d’une coïncidence : notre existence détermine les lois que nous observons par le simple fait qu’un univers sans observateurs ne contient personne qui s’intéresse sur lui. Ce lien intime conduit tout naturellement à celui de système ou de machine, que celui-ci soit fermé comme dans le structuralisme ou ouvert à l’autorégulation[24].
L’auteur débouche alors sur le point fondamental : toute forme de vie est unique et doit être respectée. L’être humain n’est plus alors que l’une des parties prenantes au vaste combat de l’écologie profonde. Celui-ci est mené, parfois de façon confuse, par des groupements néo-païens, identitaires et surtout néo-chamaniques, remettant la créature au cœur de la quête spirituelle. Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle religion de la Nature.
Ce chapitre très riche se termine par l’analyse de la naissance de la cyberculture, instrument libertaire souvent pollué par les récupérations consuméristes et le cancer des « fake news ». Le mouvement « Anonymus » est décortiqué ainsi que l’activisme altermondialiste, formes de contestation qui se retrouvent dans la rue, comme avec « Nuit Debout ». Et de conclure, de façon prophétique (Les Gilets Jaunes n’avaient pas fait leur apparition) : au vu de la sclérose du système en place, il est devenu indispensable de réinventer la démocratie, la citoyenneté et de nouveaux modes de participation de l’individu à la société.



EN SYNTHÈSE

Il n’est pas facile de synthétiser une telle « somme », d’autant qu’elle ne s’ouvre pas sur une préface (ou introduction) [25]qui aurait pu éclairer le lecteur sur le sens de ce travail colossal, avant de le lancer dans une dégustation de 1188 pages. Même remarque sur une conclusion qui aurait proposé de mettre en perspective ces analyses bouillonnantes. On regrettera encore l’absence « d’index nominen » pour se retrouver dans le foisonnement des personnes citées. Dois-je ajouter que je trouve pour ma part assez ridicule le fait que les auteurs de cet ouvrage destiné à devenir le nouveau texte de référence du genre ont fait parvenir leur manuscrit de façon anonyme. Combien sont-ils, nul ne le sait…. C’est du marketing d’autant plus douteux que chacun sait que l’anonymat de résiste jamais à l’analyse des petits curieux ! Car il y a évidemment beaucoup de « déjà lu » dans cet ouvrage, et notamment dans la seconde partie. Une des premières chroniqueuses du livre sur Babelio (sous le pseudo de Cocomylady) pointait ainsi le 18/12/2018 :  … Ensuite, on aborde la magie dans l'histoire via les livres religieux, entre autres, des récits de messes noires, sectes etc. qui ont fleuri à certaines époques du passé. On en vient alors aux sociétés secrètes, aux rites sataniques, et là j'ai trouvé trop de similitudes avec l'ouvrage Sociétés Secrètes[26], également publié chez Pygmalion, pour m'y intéresser vraiment car c'était du déjà lu me concernant.

Lorsque je lis ce type d’ouvrage, je me pose toujours la question de savoir de quoi veut-on nous parler : Fin ou Renouveau ? Fin finale ? Renouveau étouffé ? [27] Il faut dire que la couleur des deux premiers tiers du livre est particulièrement négative. Les progrès scientifiques accroissent les potentialités de désastre planétaire, Daesh nous épie derrière les Tours du Diable, quant au satanisme et au néonazisme, ils sont ultra-marginaux, mais méfions-nous, la bête est toujours là ! Et pour rester dans cette grande œuvre au noir, une remarque qui me semble fondamentale : l’une des principales menaces qui pèse sur nos têtes n’est pas évoquée, à savoir ce que j’ai appelé par ailleurs la diabolisation de la finance (annexe). La déconnection opérée à partir des années 80 entre la finance et l’économie réelle a conduit à des aberrations comme la crise des subprimes (2017), laissant dans les « caves » des banques de redoutables bombes à retardement. Et force est de constater que la course forcenée au profit a fait que nous avons oublié d’en tirer les leçons.

Ce travail est pourtant sauvé par sa dernière partie qui renoue avec l’œuvre fondatrice – et optimiste- de Bergier et Pauwels : il disait (le père de Pauwels) que l’espèce humaine n’était pas achevée. Elle progressait vers un état de super-conscience, à travers la montée de la vie collective et de la lente création d’un psychisme humaniste. Il est dès lors aisé, pour ma part, de franchir le pas : s’il y a éventuellement un Dieu, c’est l’intelligence intentionnelle qui est à l’origine de la création et de la mécanique cosmique, l’entité qui a conçu les lois de l’univers et les constances de la nature, la source des mathématiques, de la physique et de la chimie …. La vie peut dès lors transcender la biologie et générer une intelligence post biologique dont la motivation n’est rien d’autre, dans le cadre du cycle de l’évolution, que de remplacer le maillon le plus faible de la chaîne[28].

Regrettons à ce sujet l’absence de réflexion sur l’Ufologie. C’est pourtant une problématique importante dans le cadre de ce « monde de faux-semblants » que les auteurs nous décrivent. Car si le phénomène continue de nous échapper, force est d’admettre que sa réalité est devenue incontestable. Depuis le rapport Cometa (1999) en effet, les témoignages d’acteurs de premier plan (pilotes militaires et civils, astronomes…) se sont multipliés. La recherche ufologique, qui flirte désormais avec la physique quantique[29]et les théories de l’information, nous dit, en résumé : tout se passe comme si nous étions en présence de visiteurs invisibles, collant à notre réalité du moment, ce qui explique non seulement le phénomène OVNI, mais aussi les anciens Dieux, les apparitions mariales et bon nombre de manifestations parapsychologiques. D’où viennent-ils, qui sont-ils ? On n’en sait rien, mais nous sommes dans cette réflexion aux antipodes des théories classiques dites “tôle et boulons”. Une approche qui n’est pas sans rappeler certaines intuitions du chercheur Aimé Michel et de l’ingénieur Jacques Vallée. Rappelons que ce dernier entrevoit dans le phénomène ufologique un système de “contrôle” évolutionniste terrestre, opérant sur l’inconscient collectif de notre espèce, d’où une vision holistique au travers d’exemples de phénomènes folkloriques ou contemporains sortant de l’ordinaire humain.

Alors, un nouveau Matin des Magiciens ? Une œuvre certes qui force le respect par l’incroyable érudition dont il fait preuve. Mais certainement pas un nouveau Matin, car quelle que soit la « couleur morale » que nos Anonymes  proposent, ils ont négligé ce qui faisait la toile de fond  incontournable du travail des fondateurs, à savoir celle de la littérature différente. Bergier n’a cessé de rechercher des « écrivains éclaireurs » pour illustrer ses prospectives intellectuelles et Le Matin est à ma connaissance l’une des rares études (la seule ?) intégrant dans ses démonstrations des nouvelles entières d’écrivains « venus d’ailleurs[30] ».














[1] Leur localisation est assez imprécise, mais on parle de l’Irak (Yézidis), de la Sibérie/Turkestan, de la Syrie, du Soudan, du Soudan. On parle aussi de Lyon, de la Belgique et de la Californie.
[2] Louis de Maistre, L’Énigme René Guénon et les “Supérieurs Inconnus”. Contribution à l’étude de l’histoire mondiale “souterraine”, Archè, Milano 2004.
[3] On regrettera l’absence d’index nominem dans cet ouvrage.
[4] Cette légende n’est pas sourcée. On la retrouve sur internet : http://rustyjames.canalblog.com/archives/2017/02/08/34848248.html
[5] Les Arabes et les musulmans du Moyen Âge ont appliqué le nom de al-Andalus à toutes les terres qui faisaient auparavant partie du royaume wisigoth : la péninsule Ibérique et la Septimanie, Eloy Benito Ruano (es), Tópicos y realidades de la Edad Media, Real Academia de la Historia, 2000, p. 79
[6] In Le Mahdi et ses conseillers : une sagesse pour la fin des Temps, Mille et une lumières, 2017.
[7] Alexandre Guelievitch Douguine (en russe : Александр Гельевич Дугин), né à Moscou le 7 janvier 1962, est un théoricien politique russe.
Douguine est un intellectuel nationaliste1, « vieux-croyant » de la mouvance reconnaissant l'autorité du patriarche de Moscou (edinovertsy). Il est devenu un des intellectuels les plus influents de la « nouvelle Russie ». (Wikipedia)
[8] Christian Bouchet est un éditeur, essayiste et militant politique français né le 17 janvier 1955 à Angers.
Classé à l'extrême droite, il est issu du courant nationaliste-révolutionnaire. Il occupe des responsabilités au Mouvement national républicain (MNR), de 1999 à 2002, puis au Front national. (Wikipedia)

[9] Connaissant bien cette région, force est d’admettre qu’il existe en effet un château ayant appartenu à Vlad Tepes à cet endroit, le château de Poenari. L’ODS y a mené plusieurs missions (voir par exemple http://www.oeildusphinx.com/Transylvanian%20Express.htm)
[10] Réédition 2016 chez Camion Noir à l’initiative de Bernard Fontaine.
[11] Jacob Joseph Frank, quelquefois orthographié Jakob Frank (hébreu : יעקב פרנק, polonais : Jakub Józef Frank, né Jakub Lejbowicz) né en 1726 à Korołówka, mort le 10 décembre 1791 à Offenbach-sur-Main, était un prétendant juif à la messianité à la suite de Sabbataï Tsevi.
Ses disciples firent sécession avec le judaïsme, et créèrent un mouvement religieux avec quelques emprunts de façade au christianisme : le frankisme.
Le développement du frankisme fut permis et facilité, d'une part, par les mouvements messianiques qui secouèrent le judaïsme après Sabbataï Tsevi, et, d'autre part, par les changements qui affectèrent les conditions socio-économiques du judaïsme polonais. (Wikipedia)

[12] La référence donnée au texte source de Lovecraft est toujours erronée (cf annexe).
[13] (7 July 1921 – 16 July 1996). Leader du NationaL Democratuc Party ;
[14] « Paris. La Golden Dawn des immortels volants de N.D. de Chartres (Sheena Meinhardt) regroupe deux cents milliards d’ufonautes, dénébiens, martiens, sérendibiens. Cent vivent sur Terre jusqu’en juillet 1999. Paix mondiale jusque-là. Ces ouraniens dominent les mondes à l’aide d’ovnis, commandés par l’époux de Sheena, Karl Thor (Troth-Sabaoth). Ils possèdent l’arme absolue, le vrilxxor. Ils pratiquent l’arcanglicanisme (anglo-christianisme), hors duquel point de salut, fondé par J.C. Monet (« l’Henri VIII » des dénébiens). Ils adorent les surdieux, Jésus Christ, l’ADAC. Écrire à Jean-Claude Monet, écrivain-ufonaute, maître des ovnis. » (site Tryangle)
[15] Wilhelm Landig, né le 20 décembre 1909 à Vienne et mort en 1997, est un romancier autrichien1. Il a exploré le thème de la science-fiction couplé à la spéculation historique ou histoire contrefactuelle. Wilhelm Landig a été Waffen-SS2. Il a créé un groupe littéraire connu sous le nom de "Groupe Landig" dédié à l'ariosophie3, et comptant parmi ses membres Erich Halik (Claude Schweikhart) et Rudolf J. Mund (1920 - 1985)4. Le groupe autour de Landig a créé un "Néonazisme ésotérique" qui a été continué par une génération plus jeune depuis les années 19805.
Son œuvre mêle uchronie, anticipation, tradition et ésotérisme1. Il évoque également le thème des OVNI du IIIe Reich. Le concept le plus influent qui a été développé par le "Groupe Landig" est le Soleil noir. (Wikipedia)


[16] Tous les amis fortéens ont évidemment apprécié Pénétration du regretté Ingo Swann (EODS). Pour ma part, j'étais un peu resté sur ma faim. Quelle est donc l'origine de cette étonnante base découverte sur la face cachée de la lune ? Extraterrestre, pensera-t-on, évidemment ! Mais il n'en est rien. L'excellent film finlandais de Timo Vuorensola, Iron Sky (2012), nous donne enfin la vraie réponse : les nazis se sont réfugiés sur la lune en 1945 pour attendre des jours meilleurs et revenir conquérir la terre. Et c'est à cette opération à laquelle nous allons assister, pour le plus grand bonheur des amateurs de science-fiction. Car si la technologie du IV ème Reich est impressionnante, elle est restée très "tôle et boulons" et possède une savoureuse couleur "steampunk". Quant à la Terre, elle est évidemment très marquée par les Etats-Unis d'Amérique, dirigés par une pulpeuse présidente, et pour qui la lutte contre l'envahisseur nazi sera un moyen inespéré de relancer une campagne qui s'essouffle pour briguer un second mandat. Le combat est digne de "Star War", avec, côté nazi, d'invraisemblables ballons dirigeables spatiaux et un monstrueux "Gotterdämerung", en forme de soucoupe à la "Wunderwaffen". Les forces alliées font appel à Georges Lucas, mais aussi à tout l'arsenal existant, comme un brave Soyouz mis à disposition par les russes ou une petite fusée Nord-Coréenne, « construite par les mains du Gloieux Kim Long ».
Comme quoi la vérité historique peut rimer avec franche rigolade !!!
[17] Nous l’avons esquissée avec Lauric Guillaud dans Le Polar Ésotérique, EODS 2016.
[18] Du nom de l’étude de Colin Wilson sur le sujet, traduit chez Gallimard en 1956 sous le titre de L’Homme en Dehors.
[19] Toute l’œuvre de ce même Colin Wilson s’inscrit dans cette recherche. Cf notre étude dans Historia Occultae no 9 (EODS 2018).
[20] Cf. De Rennes-le-Château à Rennes-les-Bains, Rencontres de Berder-en- Limousin 2015, EODS 2016.
[21] Le Phénomène Bugarach, EODS 2011.
[22] Le principe anthropique est en soi une révolution où la physique rejoint la cosmologie. Il nous indique qu’il y a intention dans la conception de la vie. La vie n’est pas un accident, elle n’est pas le fruit du hasard, elle n’est pas le produit fortuit de circonstances anormales. Elle est le résultat inévitable de la plus simple application de la physique ; l’univers est conçu pour créer la vie.
« Les lois de la physique comportent un grand nombre d’ajustements fins sans lesquels l’univers n’aurait pas eu une stabilité suffisante pour que la vie puisse avoir le temps d’y apparaître, ou les étoiles n’auraient pu s’allumer, ou pas pu former d’éléments lourds (niveaux énergétiques permettant à l’hélium de fusionner en fer). Le principe anthropique dans sa formulation scientifique est attribué à Brandon Carter, mais d’autres avaient avant lui discuté de cette question, comme Robert Dicke à la fin des années 1950 et le Prix Nobel de physique Paul Dirac dans le courant des années 1930. » (wikipédia)
[23] Lire notamment Le Principe Anthropique de Eduardo Arroyo Pérez, RBA 2017)
[24] On renvoira ici à l’œuvre du philosophe Jean-Charles Pichon (1920-2006) consacrée en grande partie à l’étude de la Macine.
[25] On se souvient de la magnifique préface de Louis Pauwels dans Le Matin dans laquelle il explique sa démarche en se remémorant les discussions qu’il avait eues avec son père adoptif, artisan tailleur.
[26] Des Sociétés Secrètes au Paranormal : Les Grandes Énigmes, Geneviève Beduneau, Bernard Fontaine, Arnaud de l’Estoile & Richard D. Nolane, J’ai Lu 2012.
[27] In The Watan Origin, Philippe Marlin, EODS 2017.

[28] On se reportera sur de sujet à un autre roman de J.R. Dos Santos, Signe de Vie (HC éditions, 2018). Cf annexe.
[29] Cf OVNI Conscience, collectif, Le Temps Présent, 2015.
[30] Arthur C. Clarke, les neuf milliards de noms de Dieu ; Walter M. Miller, un cantique pour Saint Leibowitz ; Jorge Luis Borgès, le nom de Dieu ; du même auteur, extrait de l’Aleph ; Gustav Meyrinck, extrait du Visage Vert.