lundi 27 février 2023

PROUST VOYANT

 


Conférence de Bertrand Méheust
 

Le samedi 11 mars 2023
« Proust Voyant »

 


Présentation par le conférencier : 

Marcel Proust a bâti son œuvre dans le secret d’une chambre close, voyageant par l’esprit pour revivre son passé en le transfigurant par l’écriture. Si le sens de cette opération nous échappe aujourd’hui, elle était claire pour ses proches qui lui reconnaissaient des capacités de perception exceptionnelles. Son ami Reynaldo Hahn ne le qualifiait-il pas de « médium éveillé » ?

En replaçant l’œuvre de Proust dans le contexte des recherches de son temps sur les pouvoirs de l’esprit, c’est tout un pan de la Recherche du temps perdu qui s’éclaire. Télépathie, clairvoyance, prémonition – ces thèmes imprègnent le regard du narrateur, métamorphosant en un monde magique la petite société mesquine et matérialiste qu’il fréquente. La puissance évocatrice des noms, des lieux et des choses, jusqu’au projet de voyager dans la mémoire pour retrouver le temps perdu, toute la Recherche semble conçue comme une odyssée de la conscience élargie. Les résonances entre le projet littéraire de Proust et la recherche sur les phénomènes psychiques sont si nombreuses que pour en prendre la mesure, il mérite d’être situé parmi les explorateurs de l’esprit du début du XXe siècle, aux côtés d’Henri Bergson et de William James.

Le conférencier :

Bertrand Méheust, membre du Comité Directeur de l’IMI, philosophe et sociologue, est surtout connu en France comme un compagnon de route des sciences psychiques – parapsychologie et métapsychique. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages (La Découverte, Les empêcheurs de penser en rond ... J’ai lu), parmi lesquels :

« Somnambulisme et médiumnité »

« Les miracles de l’esprit »

« 100 mots pour comprendre la voyance »

«  Alexis Didier, un voyant prodigieux »

« La politique de l’oxymore »

« Jésus thaumaturge »

« Proust voyant »


 
Informations pratiques / Inscriptions

https://www.metapsychique.org/event/conference-de-bertrand-meheust-proust/


 


 





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LES CHRONIQUES D'EL'BIB : L'INSTITUT, Stephen King

 


Stephen King a la forme, et son dernier thriller, L’Institut (Albin Michel 2020), est à mettre au-dessus du panier. On y retrouve une belle plume, l’environnement décadent de l’Amérique des profondeurs et un imaginaire étourdissant qui ne lasse pas de surprendre le lecteur. Un jeune garçon est enlevé de chez lui et se retrouve dans une chambre identique à la sienne, mais sans fenêtre. Et cet enfant, Like Ellis, est un surdoué qui était promis à de brillantes études. Il est désormais prisonnier d’un institut sans nom qui rassemble de jeunes pousses qui partagent toutes la particularité d’avoir des « dons » psychiques. Il s’agit manifestement d’un « élevage secret », géré par un encadrement strict, mais avec de curieuses libertés ; c’est ainsi que les enfants peuvent consommer de l’alcool et fumer des cigarettes. Après prise en mains et entraînements, les sujets disparaissent dans une partie ultra-protégée de l’Institut sur laquelle courent d’affreuses rumeurs. Luke prendra la tête d’une révolte fort discrète et parviendra à s’échapper. Les autorités démantèleront le dispositif qui n’est qu’un point dans réseau qui couvre l’ensemble de la planète. Et si ces fabriques de « bombes psychiques » avaient pour but de protéger l’humanité et prévenir de grandes catastrophes ? On aura droit ici à une sympathique petite « planche » sur les lois du hasard et les fausses probabilités mises en évidence par Bernoulli. Et puis, en bonus, on apprendra que lorsque les enfants sont en pleine action psychique éclatent dans leur tête des bulles de couleur. Stephen King les appelle « les lumières de Stasi », clin d’œil à la prison créée par l’Allemagne de l’Est pour infliger des tortures mentales.

Stephen King a la forme, et son dernier thriller, L’Institut (Albin Michel 2020), est à mettre au-dessus du panier. On y retrouve une belle plume, l’environnement décadent de l’Amérique des profondeurs et un imaginaire étourdissant qui ne lasse pas de surprendre le lecteur. Un jeune garçon est enlevé de chez lui et se retrouve dans une chambre identique à la sienne, mais sans fenêtre. Et cet enfant, Like Ellis, est un surdoué qui était promis à de brillantes études. Il est désormais prisonnier d’un institut sans nom qui rassemble de jeunes pousses qui partagent toutes la particularité d’avoir des « dons » psychiques. Il s’agit manifestement d’un « élevage secret », géré par un encadrement strict, mais avec de curieuses libertés ; c’est ainsi que les enfants peuvent consommer de l’alcool et fumer des cigarettes. Après prise en mains et entraînements, les sujets disparaissent dans une partie ultra-protégée de l’Institut sur laquelle courent d’affreuses rumeurs. Luke prendra la tête d’une révolte fort discrète et parviendra à s’échapper. Les autorités démantèleront le dispositif qui n’est qu’un point dans réseau qui couvre l’ensemble de la planète. Et si ces fabriques de « bombes psychiques » avaient pour but de protéger l’humanité et prévenir de grandes catastrophes ? On aura droit ici à une sympathique petite « planche » sur les lois du hasard et les fausses probabilités mises en évidence par Bernoulli. Et puis, en bonus, on apprendra que lorsque les enfants sont en pleine action psychique éclatent dans leur tête des bulles de couleur. Stephen King les appelle « les lumières de Stasi », clin d’œil à la prison créée par l’Allemagne de l’Est pour infliger des tortures mentales.

 

 

dimanche 26 février 2023

CONAN DOYLE ET LES POLAIRES

 

Conan Doyle et les Polaires, Bulletin des Polaires no 2/2 1931(suites dans 3/2 1931, 5/2 1931, 6/2 1932, 8/2 1931, 11/02 1931,10/2 1931, 12/2 1931)

 

Conan Doyle s’est éteint le 7 juillet 1930. Le 22 mai 1931, à l’instigation du secrétaire du Mémorial C.D., M ; Bradbrook, s’est tenue une réunion à Londres, afin d’         évoquer le disparu. Participaient à cette manifestation la veuve et les deux fils de l’écrivain. Étaient également présents plusieurs membres de la Fraternité des Polaires, dont Zam Bothiva, auteur de Asia Mysteriosa. La transcription a été publiée dans le bulletin du groupe, une société discrète dont le but est la recherche du Bien. La lutte contre le Mal fait appel à la prière notamment pour tenter d’éviter la guerre qui se profile à l’horizon. Une technique qui n’est pas sans rappeler celle de Dion Fortune[1] en son temps.

La connexion avec le défunt sera laborieuse au début, Conan Doyle n’étant pas encore libéré de toutes ses « coques astrales » qui l’empêchent de prendre totalement son essor vers la félicité. En d’autres termes, lorsqu’on réintègre le Plan Suprême, on perd sa personnalité, on rentre dans la Conscience Impersonnelle, dans l’Essence Créatrice appelée Dieu. Mais subsiste dans le processus la responsabilité personnelle de l’homme et l’une des premières choses qu’il découvre lorsqu’il quitte son corps physique, c’est le monde de sa propre pensée. C’est à un véritable cours de spiritisme auquel on assistera au fil des numéros du Bulletin, les transcripteurs ne conservant que les propos de « doctrine » en passant sous silence les éléments plus personnels (propos destinés à sa femme et à ses enfants ». Il est précisé que le but de ces entretiens est d’obtenir de Conan Doyle la preuve d’une existence après la mort.

Et de fait, Conan Dolyle[2] s’est fortement impliqué dans le spiritualisme. On a du reste coutume de dire que Conan Doyle passa une trentaine d’années dans l’occulte. C’est là une des grandes contradictions de l’auteur qui, de prime abord, affiche un « matérialisme cosmique » que ne renierait pas Lovecraft. Ne fait-il pas dire à Challenger dans La Ceinture Empoisonnée (1913) : « Pour lui, l’homme n’est qu’un « simple accident dans le processus ». C’est comme si l’écume sur la surface de la mer s’imaginait que l’océan était créé pour la produire et la maintenir ; ou comme si une souris dans une cathédrale croyait que la cathédrale avait été édifiée pour lui servir de résidence. »

Malgré son agnosticisme et son grand scepticisme, l’écrivain était pourtant torturé par les choses de l’esprit. Il fera deux passages en Franc-Maçonnerie. En 1887, il est nommé maître maçon à la Phoenix Lodge qu’il quittera en 1889, puis participe de 1902 à 1911 à la loge Mary’s Chapel.

Mais sa véritable « préoccupation » reste « la vie dans l’au-delà ». Conan Doyle pratique activement le spiritisme chez le Général Drayson entre 1885 et 1888, écrit en 1885 The Great Keinplatz Experiment, sur le thème du mesmérisme et des expériences sur le corps astral, adhère en 1891 à la Société de Recherches Psychiques, écrit en 1921 The wanderings of a spiritualist, ouvre une librairie « The Psychic Bookshop » dans le Strand en 1925, publie en 1926 L’Histoire du Spiritualisme. Il traduira également en 1924 l’ouvrage de Léon Denis sur Jeanne d’Arc. Rappelons que  Léon Denis (né à Foug, le 1er janvier 1846, décédé à Tours, le 12 avril 1927) fut un philosophe spirite et, aux côtés de Gabriel Delanne et Camille Flammarion, un des principaux continuateurs du spiritisme après le décès d'Allan Kardec. Il fit des conférences à travers toute l'Europe dans des congrès internationaux spirites et spiritualistes, défendant activement l'idée de la survie de l'âme et ses conséquences dans le domaine de l'éthique dans les relations humaines (wiki).

La sensibilité de Doyle à « l’autre monde » s’explique peut-être parce qu’il avait été profondément affecté par de nombreux décès familiaux (épouse, enfants, jeune frère, tous foudroyés notamment par la pneumonie). Il fera du Pr Challenger un adepte du monde des esprits dans sa dernière aventure (1928, Quand la terre hurla).

Sa seconde femme l’accompagnera dans ses aventures psychiques, d’autant qu’elle semblait avoir des prédispositions en la matière. Lauric Guillaud rapporte :

Le 10 décembre 1922, Jean, l’épouse de Doyle, entre en contact par transes avec un esprit du nom de Pheneas, un scribe chaldéen qui aurait vécu trois mille ans av. J.-C. Ce « guide spirituel » révèle les détails de l’avenir atlantidien du monde moderne. L’humanité sombrerait « dans un abîme de mal et de matérialisme » et des milliers d’esprits malins se préparaient à « causer tremblements de terre et raz-de-marée »[3]. Il appartient à l’Angleterre d’être « le phare de ce monde de ténèbres », « centre vers lequel se tournera le monde entier »[4]. Le message de Pheneas correspond ainsi à celui que livre « La Ceinture empoisonnée », d’autant que Doyle évoque un gaz mortel qui envahirait la terre, mais contre lequel les Élus (les spirites), seraient immunisés, ce qui leur permettrait d’inaugurer un nouvel ordre spirituel[5]. Manifestement, Conan Doyle prend les révélations de Pheneas pour argent comptant (LG).

On lui doit également une contribution sur les « fées de Cottingley » et plus généralement sur l’existence du « Petit Peuple ». Laffaire des fées de Cottingley, fait référence à une célèbre série de cinq photographies prises au début du XXe siècle par Elsie Wright et Frances Griffiths, deux jeunes cousines qui vivent à Cottingley, près de Bradford, dans la région du Yorkshire en Angleterre. Elles montrent les deux filles en compagnie de fées et d’autres créatures du petit peuple. En 1917, lorsque les deux premières photos sont prises, Elsie est âgée de 16 ans et Frances de 10. Ces photos attirent l'attention de Arthur Conan Doyle, qui s'en sert pour illustrer plusieurs articles sur le sujet ainsi qu'un livre, The Coming of the Fairies. Il avait été en effet chargé d'écrire sur le sujet dans l’édition du Strand Magazine pour Noël 1920. Conan Doyle, qui est spiritualiste, se montre enthousiasmé par les photographies et les interprète comme une preuve concrète de la réalité des phénomènes psychiques. La réaction du public est plus mitigée, certains pensent que les images sont authentiques, d'autres estiment qu'elles sont truquées (wiki).



[1] Cf Littératures Maudites 2018 (EODS 2019)

[2] Id ;

[3] Cité par J. L. Meikle, « Over There : A. C. Doyle and Spiritualism », Critical Essays on Sir A. C. Doyle, op. cit., pp. 278-279.

[4] Voir J. McCearney, Arthur Conan Doyle, Paris, La Table Ronde 1988, p. 324.

[5] Voir D. Stashower, Teller of Tales.The Life of A. C. Doyle, op. cit, p. 428.

vendredi 24 février 2023

JEAN HAUTEPIERRE A LOS ANGELES

 


Bonjour,

Je présenterai LOS ANGELES, ma nouvelle tragédie en vers, le samedi 4 mars 2023 à 16h00 à la librairie La Lucarne des écrivains (115 rue de l'Ourcq, 75019 Paris, M° Crimée) .

Dans cette pièce, la roulette n’est pas sans points communs avec le jeu de tarot – et le Grand-Œuvre alchimique, parce qu’il a été arrêté au milieu de sa course, délivre des pouvoirs qui sont autant de malédictions. Un croupier qui proclame les arrêts du Destin, une possession démoniaque lors d’une soirée gothique et un terrifiant orage qui recouvre tout l’horizon sont-ils les signes avant-coureurs de la damnation de Stello et de la mort du monde ? Des monstres, une descente aux Enfers, mais aussi de sublimes apparitions ponctuent cette œuvre qui se veut, avant toute chose hormis sa qualité de poème scénique (car il est ici une exigence suprême : celle du grand art), une évocation du Destin et des moyens de le dépasser.

Qu’importe si tu mens et si tu n’es qu’un songe
Qui s’évanouira dans le jour qui s’allonge,
Une étincelle, ardente étoile dans les cieux
Dont l’or évanescent fit un soir glorieux,
Car l’éblouissement de ta vive lumière
Me suivra jusqu’au seuil de nos heures dernières ;
Et si tout doit finir dans les flots du Léthé,
Tout ce qui fut et qui n’est plus, aura été.

lundi 20 février 2023

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : ROYAUME PERDU, Giacometti et Ravenne

 


 

Le Royaume Perdu, Giacometti et Ravenne (J.C. Lattès, 2022). Sans conteste, un Marcas de belle qualité qui réussit à trouver de nouvelles pistes de recherche dans une théofiction pas mal encombrée depuis le Da Vinci Code. Il y a en fait deux « héros » dans ce roman, tous deux mis es scène avec une véritable dimension ésotérique.

Le premier est le Livre d’Hénoch. Du nom du patriarche qui, d’après la Bible, vient juste avant Salomon, fondateur du Temple ; et arrière-grand-père de Noé. Un ensemble formé de cinq manuscrits écrits entre – 300 et + 400. Non reconnu par les Églises (sauf celle d’Éthiopie). C’est un recueil de descriptions hallucinées de Dieu et des récits enflammés de lutte contre les pécheurs. Le plus curieux est le premier livre, « le Livre des Veilleurs », qui raconte la fugue de 200 anges qui se révoltèrent contre le Seigneur et descendirent sur Terre pour forniquer avec les filles des hommes. Il en résultat l’apparition d’une race de Géants que formèrent les anges. Yahvé demanda au chef des anges restés fidèles, Michaël, de punir les révoltés menés par le démon Samyzia. L’histoire finira mal et Dieu provoqua le Déluge. Il est intéressant de souligner que Hénoch est monté au Cieux, a vu Dieu et est revenu sur Terre. Il est le seul humain à avoir eu ce privilège.

Le second est le Baphomet, créature diabolique qui aurait été adorée par les Templiers et qui fait son apparition dans une correspondance religieuse de 1098. Ses représentations sont sujettes à caution, mais on croit le voir dans la statuette au-dessus du porche de l’église St Méri à Paris et surtout dans une salle de la forteresse de Tomar au Portugal.

Le commissaire Marcas est fatigué de jouer aux Indiana Jones et songe même à quitter la police, d’autant qu’il a maintenant une compagne, elle aussi dans la police, dont il est profondément amoureux. Mais notre ami sera « débauché » par une de ses relations, un riche collectionneur, qu’il fait inviter à une « party » de luxe pour y exercer une discrète surveillance. Il s’agit de la société OxO, spécialisée dans l’Intelligence Artificielle et travaillant sur la mise au point de l’ordinateur quantique le plus puissant jamais imaginé. Sa patronne, Lena, est manifestement versée dans la science des mystères et est persuadée que « le secret des secrets » se trouve dans le livre d’Hénoch. Une première tentative de décryptage informatique se soldera par un échec et infligera à tout un quartier de Paris une monumentale panne d’électricité. Quant à la soirée, elle sera perturbée par une bande de « fous de Dieu » qui n’hésitent pas à mourir en chantant des cantiques lorsqu’ils sont acculés par les forces de l’ordre.

Il faut en fait retrouver l’original d’Hénoch pour reprendre l’expérience, et c’est la mission qui sera confiée à nôtre enquêteur avec peu d’indices au départ, si ce n’est une tête sculptée de Baphomet (celle de Tomar) portant une mystérieuse inscription. Suit un périple traité selon l’orthodoxie de la théofiction, alternant les chapitres se déroulant de nos jours et ceux nous entraînant dans une Jérusalem où les templiers sont en déconfiture.

La chute sera brutale et nous apprendra qu’il est dangereux aujourd’hui de vouloir retrouver le Paradis Terrestre, même si l’on dispose d’une monstrueuse « bête quantique » !

Un petit plus dans ce roman. Le commissaire Marcas met la main lors de son périple sur le journal de l’un de ses aïeuls, Tristan Marcas, qui se serait illustré lors de la seconde guerre mondiale dans une lutte occulte contre le nazisme.