vendredi 19 février 2021

JULES VERNE FACE AU RÊVE AMERICAIN, Lauric Guillaud

 Résultat de recherche d'images pour "jules verne lauric guillaud"

 Une note de Rémi Boyer

 

 

Jules Verne face au rêve américain de Lauric Guillaud. Michel Houdiard Editeur, 106 rue du chemin vert, 75011 Paris.

Nous retrouvons toujours avec plaisir et grand intérêt les travaux de Lauric Guillaud, spécialiste de littérature et civilisation américaines. Cette fois, il nous entraîne sur les traces de Jules Verne (1828-1905) et de sa passion américaine. En effet, une vingtaine de romans du célèbre auteur ont pour cadre le sol américain, au moins en partie. Ils coïncident avec son attirance pour cette nation prometteuse née avant même son voyage en Amérique de 1867.

La passion de Jules Verne pour la naissance de la nation américaine débute en 1860. Elle n’empêche pas le discernement graduel sur ses dérives, ce qui conduit aujourd’hui à un étrange paradoxe : « Comment expliquer alors, interroge Lauric Guillaud, les contradictions d’un américain américanophile dont l’œuvre est perçue de plus en plus comme américanophobe ? ». En réalité, Jules Verne n’est pas le seul à afficher un pessimisme grandissant face à l’évolution de la jeune nation américaine, d’autres créateurs américains partagent la même déception dans une période particulière. De 1860 à la fin du siècle, c’est une expansion rapide, développée autour du concept de mission, qui entraîne la finalisation des frontières.

Lauric Guillaud traite son sujet sous l’angle qui lui est familier des mythes constitutifs de la nation américaine.

« Le « rêve américain », précise-t-il, n’est peut-être que le dernier d’une longue série de mythes sur lesquels s’est construite la nation américaine. Les premiers mythes sont de nature religieuse : la Nouvelle Jérusalem, la Terre promise, le Paradis terrestre. Sous l’influence du puritanisme se constituent les bases de l’exceptionnalisme américain (élection divine, mission civilisatrice, universalisme) qui nourrira au XIXème siècle, le mythe fondamental des Etats-Unis, celui de la « Destinée Manifeste ». »

Ce concept, toujours à l’œuvre, expose une mission civilisatrice, aux fondements puritains, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières, pour le bonheur de l’humanité. L’idée controversée de Pax americana en découle.

Jules Verne s’intéresse à la conquête de l’Ouest qui fonde la plupart des composants de la mythologie américaine. Ces composants apparaissent à la croisée d’une rude réalité, de mécanismes psychologiques archaïques et d’adhésions fortes aux messages bibliques.

Pour illustrer son propos, Lauric Guillaud puise chez des auteurs américains confrontés à cette gigantesque tension intérieure, quasi métaphysique : William Bradford, Edward Johnson, entre autres, et James Fenimore Cooper qui attira Jules Verne vers l’Amérique.

Nous avons des difficultés aujourd’hui à saisir ce que fut réellement cette quête et conquête. Lauric Guillaud pose des jalons pour notre compréhension avant d’accueillir la pensée vernienne.

Pour Jules Verne, l’Amérique est d’abord marquée par l’idéal et le progrès. Dans un premier temps, il exalte les vertus de « l’homme américain » et reste fasciné par le progrès, principalement mécanique, avant de s’en défier progressivement, défiance qui apparaît au fil des romans américains. Lauric Guillaud nous détaille ce cheminement de roman en roman qui deviendra « catastrographe » et même « apocalyptographe ». Jules Verne dénonce les errances, les spoliations, les impostures, conséquences des mécanismes expansionnistes étatsuniens. Il évoque même les Yankees comme « une réunion d’anges exterminateurs, au demeurant les meilleurs fils du monde ».

La littérature vernienne américaine va « du rêve d’Amérique au cauchemar étasunien ».

Dans sa conclusion, Lauric Guillaud résume cette évolution :

« En proclamant « Tout se fera ! » dans La Maison à vapeur, Jules Verne affichait sa confiance illimitée dans le progrès. « Tout s’est fait », en effet, mais pas toujours dans le sens escompté. Notre romancier idéaliste a assisté, impuissant, au dévoiement de la science qu’incarne désormais le « savant fou » - Robur II finit en psychopathe -, ainsi qu’à l’essor parallèle et conjoint d’un expansionnisme devenu impérialiste. Comme Verne estimait, sans doute trop ingénument, que « les Etats-Unis se rapprochaient le mieux du modèle de développement dont on pouvait rêver pour l’humanité », on saisit l’ampleur de son désenchantement. »

Le livre de Lauric Guillaud est non seulement une plongée dans l’œuvre américaine de Jules Verne mais une occasion de mieux comprendre les immenses contradictions étatsuniennes qui pèsent sur les équilibres mondiaux.



Que la Littérature vous garde !
Rémi Boyer

mardi 16 février 2021

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE GUIDE LOVECRAFTIEN DE PROVIDENCE, Catherine Koeckx

 


 

Le guide lovecraftien de Providence de Catherine Koeckx (autoédition, 2021) est assurément le livre qui manquait. Lorsque je suis allé pour la première fois dans la capitale du Rhode Island, je n’avais en mains que I am Providence de Jean-Christophe Requette (Phénix, 1993), un petit fanzine bien fait mais très succinct. Catherine Koeckx comble le vide et nous donne le premier véritable livre en français sur la ville du Maître. Et il ne s’agit pas d’un guide de Providence, mais d’un guide lovecraftien de Providence, recensant les sites arpentés par l’écrivain ou évoqués dans ses nouvelles. L’objet est joliment présenté, avec de belles photos couleur et de nombreuses citations extraites de sa correspondance et de sa fiction. Le tout est écrit sobrement, mais sur un ton personnel qui met bien en valeur toute la passion éprouvée par la rédactrice lors de son périple.

Bravo, et à quand un guide lovecraftien de New York ?


samedi 6 février 2021

PAS DE POMMES BLEUES A RENNES-LE-CHÂTEAU EN 2021 !



Nostalgie

Le 17 janvier, notre Colline est victime d’une étrange hémorragie. Un épanchement insolite de sang aux couleurs de l’Azur qui explose en taches colorées sur les murs de la petite église du village. « A midi, pommes bleues » disait le poète, et nombreux sont les curieux à venir observer ce phénomène qui, selon certains, aurait une lourde signification ésotérique. Je me souviens d’un webmaster belge, à quatre pattes pour immortaliser en photo ce fruit sacré venu d’Ailleurs. Il en a du reste involontairement largement profité, sa calvitie ayant été joliment inondée par le Nectar Sacré. Un autre afficionados avait coloré en bleu de véritables pommes qu’il distribuait généreusement à l’issue de la cérémonie lumineuse.  Car il y a un après, sous l’égide d’associations locales, qui consiste à partager un petit verre de tord boyau local qui ne demande, à l’aide d’un peu de curaçao, qu’à se transformer en calva aux Pommes Bleues. Un breuvage particulièrement apprécié par un notable Italien, blotti dans un large manteau et recouvert d’un chapeau hors du temps. Il ne raterait pour rien au monde cette cérémonie initiatique, faite de sourires et d’amitié. C’est peut-être là le plus bel héritage que nous a laissé l’abbé Saunière !

 


 

mardi 2 février 2021

ORATORIO de Pierre Brassard

 


L’écrivain Pierre Brassard annonce déjà une réimpression de son premier roman d’anticipation Oratorio 

 

Laval, le 19 janvier 2021. - L’écrivain Québécois Pierre Brassard est fier d’annoncer que son roman va en réimpression. Voici une courte déclaration de celui-ci. 

 

« Malgré la crise sanitaire difficile qui nous affecte tous et toutes, je suis heureux de poursuivre cette belle aventure avec l’équipe d'Essor-Livres Éditeur. Après seulement quelques mois en librairies au Québec, il me fait plaisir de rendre davantage disponible mon roman d’anticipation qui s’inscrit dans l’histoire du Québec et qui porte sur le vivre-ensemble. La tâche n’est certes pas facile ici comme ailleurs dans le monde du livre, mais les éditeurs et les libraires du Québec savent jouer d’astuces pour inciter à l’achat local afin de promouvoir notre littérature. Oui. L’accès à l’universel c’est le local moins les murs. » 

 

Veuillez aussi prendre note que le roman Oratorio est disponible en faisant une réservation en ligne auprès des libraires du Québec. 

 

   

Natif de ville d’Alma dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean au Québec, Pierre Brassard explore comme écrivain les idéologies politiques, l’emprise sectaire, les utopies, les dystopies, les nouvelles religions, les spiritualités alternatives avec les thèmes de l’ésotérisme, du religieux en confluence avec la littérature, l’art et la culture occidentale moderne. La résurgence ou la permanence de doctrines secrètes, mythes ou croyances archaïques (et anciennes) est un fait social de l’occulture qui mérite une attention.

Nord-américain de langue française et fier Québécois, il est l’auteur d’un premier polar d’anticipation publié chez Essor-Livres Éditeur.

Pierre Brassard est un ami de la Société de l’Ordre du Bleuet de la région du Saguenay-Lac-St-Jean au Québec.