Vlad Tepes, l'immortalité par le pal
Dossier - 06/03/2013 par Matei Cazacu (3130 mots)
Magazine Littéraire
Pour forger le personnage de Dracula (et jusqu'à
son nom), Bram Stoker s'est inspiré du seigneur médiéval Vlad III :
l'écrivain avait frappé dans l'impitoyable cruauté du prince de
Valachie.
Indiana Jones est mort le 11 novembre
2012. Il s'appelait en réalité Farish Jenkins et était paléontologue,
anatomiste et zoologiste, professeur à l'Université de Harvard. Son arme
sur le terrain n'était pas le fouet, mais un fusil dont il savait très
bien se servir. (Voir sa nécrologie dans
The Economist du 11
novembre 2012.) Il en allait de même du comte de Monte-Cristo (de son
vrai nom François Picaud, cordonnier), de Madame Bovary (Delphine
Delamare, née Couturier) et du professeur Tryphon Tournesol, personnage
inspiré, tout comme le Professeur Nimbus, par la vie et les
explorations stratophériques et des fonds marins d'Auguste Piccard . Le
fameux Docteur Jekyll et son double meurtrier, Mr. Hyde, rappellent les
méfaits du diacre Brodie d'Edinbourg, alors que Gilles de Rais a été
amalgamé dans la figure de Barbe Bleue, l'assassin de femmes, avec comme
compétiteur le roi Henry VIII d'Angleterre.
En règle
générale, le mythe est le dernier stade de l'existence d'un personnage
historique et tel est le cas également du comte Dracula, «l'empereur des
vampires», le héros homonyme du roman de Bram Stoker (1897). L'histoire
est connue : un aristocrate vivant dans un mystérieux château des
Carpates achète une propriété à Londres, tout comme des milliers
d'oligarques russes et millionnaires orientaux de nos jours. Jusqu'ici,
rien d'extraordinaire, sauf si l'on considère que ladite propriété est
une ancienne abbaye abandonnée, et vraisemblablement hantée. Les choses
se gâtent lorsque l'agent immobilier chargé de la transaction se rend
sur place en Transylvanie pour faire signer les actes de vente et
découvre que le comte est un vampire et que ses trois assistantes sont
en réalité des goules qui abusent de lui et le retiennent prisonnier au
château comme esclave sexuel. Tandis que le comte vogue vers
l'Angleterre dans un bateau plein de cercueils remplis de terre, de sa
terre natale, et où il passe ses journées. Car, étant un vampire, il ne
«vit» qu'après le coucher et avant le lever du soleil, comme un riche
insomniaque moderne. Arrivé à Londres, le comte se met à l'oeuvre : il
vampirise un individu qui sera son fidèle serviteur (vraisemblablement
pour ne pas avoir à payer les gages pratiqués en Angleterre), et une
jeune fille, amie de la fiancée de l'agent immobilier. Son but final est
de conquérir l'Empire Britannique à la tête d'une armée d'ombres, des
hommes et des femmes qui ont subi le baiser acéré des crocs du vampire
et qui, à leur tour, feront d'autres victimes (ou adeptes).
Sur
ces entrefaites, Jonathan Harker, l'agent immobilier, réussit à
s'évader du château maudit et se met à la recherche du comte vampire qui
terrorise la pays. Un petit groupe de chasseurs de vampires, avec à sa
tête le savant hollandais Van Helsing, traque le comte, l'oblige à fuir
Londres et finit par le tuer juste avant qu'il ne rejoigne son château
gardé par de sauvages Tsiganes vêtus de peaux de bêtes. Les fiancés sont
délivrés de la menace qui pesait sur eux et le monde peut souffler
enfin : le vampire est mort et enterré, un pieu fichu dans son coeur.
C'est
au moins ce que croyait Bram Stoker, car depuis plus d'un siècle
Dracula a continué de hanter les imaginations au théâtre, au cinéma et
sur le net. Cette pérennité s'explique par le fait qu'il s'agit d'un
mythe fondateur de la conscience collective de l'humanité, le mort
vivant, la vie après la mort, un syntagme vieux comme l’Homo Sapiens, le
premier qui a commencé à enterrer ses morts, à les teindre de poudre de
couleur ocre pour leur donner les couleurs de la vie, à déposer dans
leurs tombes de la nourriture, des objets familiers et des jouets dans
le cas des enfants. Des pyramides d'Egypte aux kourganes des steppes
asiatiques, les maisons édifiées pour les morts traduisent un unique
souci : le non retour de ceux-ci parmi les vivants.
«L'archéologie
du vampire» n'est pourtant qu'une des sources d'inspiration de Bram
Stoker. Le modèle incontesté est un personnage historique, un prince
ayant régné au XVe siècle sur la Valachie, la partie méridionale de la
Roumanie actuelle. Il s'appelait Vlad, Vlad III, tout comme son père,
Vlad II Dracula (le Diable, ou le Dragon, donc le serpent biblique qui a
tenté Ève au Paradis). Vlad II avait été reçu en 1431 membre de l'Ordre
du Dragon
(Ordo Draconistarum), un ordre de chevalerie fondé
par l'empereur Sigismond de Luxembourg (1410-1437), alors qu'il n'était
que roi de Hongrie et s'engageait à combattre les Turcs ottomans. Les
chevaliers du Dragon étaient tous des aristocrates hongrois et
autrichiens, auxquels s'ajoutaient trois souverains étrangers, le roi de
Pologne, le despote de Serbie et Vlad II couronné à cette occasion
prince de Valachie. Le dragon, incarnation du Diable, se faisait écraser
par une croix à deux barres horizontales, du type croix de Lorraine,
que les chevaliers portaient en sautoir. Les fils de Vlad II et leurs
descendants ont reçu ainsi de surnom Dracula (ou Draculya) qui a désigné
une branche de la dynastie princière valaque éteinte au XVIIe siècle.
Mais
que vient faire un obscur prince d'un petit pays que personne ou
presque ne connaît, dans le roman de Bram Stoker? En fait, Vlad Dracula
bénéficia sa vie durant, mais aussi après sa mort (1476) d'une renommée
européenne. Son nom circulait de Strasbourg à Moscou et de Lübeck à
Constantinople grâce aux écrits latins, allemands, russes et grecs qui
racontaient, par le biais de manuscrits et de brochures imprimées (la
première à Vienne en 1463), les méfaits d'un tyran «pire que Néron et
Dioclétien», comme la terre n'en avait jamais connu. En revanche, en
Europe de l'Est et du Sud-Est, Dracula a servi de modèle pour les grands
souverains russes et turcs ottomans, un souverain sévère mais juste, en
somme un véritable réformateur ! On lui attribuait en fait des dizaines
de milliers de victimes dans les rangs de ses propres sujets, mais
aussi des Turcs, qu'il mettait à mort par le supplice du pal d'où son
sobriquet, «l'Empaleur» (en roumain
Tepes). Même si ce mode
d'exécution était fréquent en Hongrie, en Pologne dans les cas de
banditisme et vol à main armée, et dans l'Empire ottoman, Vlad Dracula
est le seul souverain à porter ce surnom, un signe qui ne trompe pas sur
sa propension à en faire usage en cas de manquements à la législation.
Pourtant,
dans son propre pays, la Valachie, sa mémoire subsista seulement autour
de son château, Poienari, un nid d'aigle qu'il fit construire dans les
Carpates méridionales par des jeunes hommes et femmes coupables d'être
les descendants des bourgeois de sa capitale qui avaient enterré son
frère vivant (2). Leur punition était d'autant plus pénible qu'elle
s'accompagnait de la condamnation de porter toujours les mêmes
vêtements, au point qu'ils étaient tous en haillons ou pratiquement nus
lorsque les travaux furent terminés.
En 1804, un savant
allemand – Johann Christian Engel – redécouvrit un des pamphlets
allemands vilipendant la barbarie de Vlad III, qu’il publia dans un
ouvrage érudit sur l’histoire de la Valachie. Quarante ans plus tard
parut le premier récit slavon russe, alors que les textes en latin, grec
et turc circulaient déjà dans des ouvrages historiques imprimés ou en
manuscrit. C'est seulement en 1896 que tous ces récits furent étudiés en
détail de manière comparative par un historien roumain qui concluait
que Dracula avait été «un tyran cruel et un monstre de l'humanité».
Cependant, le jeune État roumain avait besoin d'un panthéon national de
héros ayant combattu les Turcs ou les autres ennemis du passé. Ainsi,
Vlad Dracula fut absous de ses crimes pour être catalogué comme grand
souverain amoureux de liberté et d'indépendance tombé sur le champ
d'honneur les armes à la main.
Certes, Bram Stoker ne lisait
pas le roumain ou le russe, et encore moins le turc ou le grec et ce
n’est pas par ces sources qu’il vint à Vlad Dracula. Stocker affirme que
l’idée d’écrire un roman avec le vampire comme personnage principal lui
est venue lors d’un cauchemar dans la nuit du 7 mars 1890. Après un
dîner bien arrosé au Beefsteack Room, un célèbre restaurant londonien,
Stoker vit en rêve un énorme crabe se lever de l'assiette, les pinces
grandes ouvertes. Dans une autre note, griffonnée sur le même papier à
en-tête du Lyceum Theater, dont il était le gérant, il écrit : «Jeune
homme sort, voit des filles, l'une d'entre elles essaie de l'embrasser
pas sur les lèvres mais sur la gorge. Le vieux comte s'interpose – rage
et fureur diabolique – “cet homme m'appartient, je le veux !“ » Ce rêve
est raconté aussi dans le journal de Jonathan Harker écrit au château de
Dracula et les trois filles (un possible souvenir des sorcières de
Macbeth)
se transforment en goules. Dracula était né, mais son écriture allait
exiger pas moins de six ans. Au départ, son titre devait être
«Le Comte Wampyr»
: le vampire aristocrate venait de remplacer, depuis Lord Byron et John
William Polidori (1819), son médecin et souffre douleur, le vampire
anonyme paysan des Balkans (grec, roumain et serbe) décrit par les
auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècle. Deux mois plus tard, Stoker
faisait la connaissance d'Arminius Vambéry (1832-1913), un grand
orientaliste hongrois surnommé «le derviche boiteux». Ce colonel
Lawrence avant la lettre avait parcouru tous les pays du Proche et du
Moyen-Orient déguisé en derviche ; il écrivait des livres et des
articles et donnait des conférences dénonçant l'expansionnisme russe en
Asie Centrale et la menace qu'il représentait pour la Grande-Bretagne.
Vambéry dut s'entretenir avec Stoker, au Lyceum Theater, et lors de ses
conférences publiques, sur les croyances dans les vampires que rappelait
furieusement son propre nom d'adoption (il était né Hermann
Weinberger).
Une des marottes de Vambéry était l'origine des
Szeklers, une population transylvaine archaïque vivant dans les Carpates
orientaux, qu'il croyait descendants des Huns d'Attila, les cruels
guerriers qui avaient terrorisé toute l'Europe sous la conduite de leur
chef, «le fléau de Dieu». Ceci donna à Stoker l'idée de faire de son
héros un comte szekler vivant dans un château des mêmes Carpates, à la
frontière de la Transylvanie, de la Moldavie et de la Bucovine
autrichienne. L'été de 1890, Stoker le passa ensemble avec sa femme et
leur fils, dans le Yorkshire, mais le temps couvert et pluvieux
l'obligea à passer des longues heures dans la bibliothèque municipale où
il tomba sur un livre écrit par William Wilkinson, un diplomate anglais
en poste à Istanbul et à Bucarest entre 1812 et 1818. Dans ce livre (
An Account of the Principalities of Walachia and Moldavie,
paru à Londres en 1820), Stoker trouva le nom du prince (voévode en
roumain) Dracula et son explication : «Dracula, en langue valaque,
signifie “Diable”. Les Valaques avaient coutume, à cette époque, comme
ils l'ont encore à présent, de donner ce surnom à toutes les personne
qui se font distinguer par leur courage, leurs actions cruelles ou leur
habileté.»
Cette note de bas de page fit tout basculer : le
Comte Wampyr disparaissait et Dracula prenait sa place. Poursuivant ses
recherches sur la Transylvanie et les croyances dans les vampires,
Stoker consulta également
The Land beyond the Forest. Facts, figures and fancies from Transylvania
(Londres, 1880) d'Emily Laszowska Gerard, l'épouse d'un officier
austro-hongrois ayant vécu deux ans dans le pays, et qui avait
publié aussi un article spécial sur les superstitions transylvaines en
1885. C'est ici qu'il tomba sur le terme
nosferatu pour le
vampire dans lequel, écrivait-elle, «chaque paysan roumain croit aussi
fortement qu'il croit au paradis et à l'enfer». Or, Nosferatu
(inexistant en roumain sous cette forme) est aussi le titre du film de
Friedrich Wilhelm Murnau (1922), repris par Werner Herzog en 1978 avec
Klaus Kinsky et Isabelle Adjani (
Nosferatu, fantôme de la nuit). D'autres lectures - les Guides Baedecker, des auteurs français et belges- allaient suivre et lui donner des nouvelles idées.
Résumons : Stoker avait maintenant le cadre général du livre – le
comte vampire Dracula, le château dans les Carpates (c'était aussi le
titre d'un roman de Jules Verne paru en 1892), les trois goules et,
peut-être, même le projet de détruire l'Empire Britannique, le rêve de
tout Irlandais qui se respectait (Stoker était né à Dublin). Il manquait
pourtant l'intrigue, les personnages bien vivants confrontés au
vampire, enfin les méthodes de ce dernier pour les subjuguer et les
transformer en serviteurs obéissants. Il fallait aussi une histoire
d'amour contrarié, comme il se doit, par des obstacles divers et variés
et, en premier lieu, par les agissements du vampire. Or, cette histoire
d'amour, en fait double, car il s'agissait de deux jeunes couples,
Stoker l'a trouvée dans un roman paru en 1879 à Paris et à Bruxelles et
intitulé
Le Capitaine Vampire (nouvelle roumaine) dû à Marie
Nizet (1859-1922), une jeune fille belge de 20 ans! L'action du roman se
passe en Roumanie et en Bulgarie en 1877-1878 lors de la guerre
russo-turque qui avait vu les armées victorieuses du tsar Alexandre II
arriver dans les faubourgs de Constantinople. Le vampire est un prince,
capitaine puis colonel dans l'armée russe, qui s'emploie à séparer deux
couples de jeunes Roumains qui ne demandent qu'à s'aimer : un couple est
vaincu, un autre triomphe et vainc le vampire qui ne sera pourtant pas
détruit et continuera à tuer des jeunes filles riches qu'il épousait
pour leur dot.
Stoker tenait ici l'essentiel de son roman.
Ses héros s'appellent Jonathan Harker et Mina Murray, d'une part, Arthur
Holmwood et Lucy Westenra, d'autre part. Les deux jeunes femmes sont
vampirisées et Lucy devient vampire à son tour, mais Mina est sauvée
grâce aux efforts réunis du savant Abraham Van Helsing et de ses amis.
Restait encore à trouver l'arme secrète du vampire, l'instrument qui lui
permettait de dominer non seulement le corps, mais aussi l'esprit de
ses victimes. Marie Nizet lui avait fourni une piste, car elle est la
première à parler du pouvoir hypnotique du vampire qui plonge ses
victimes dans une transe les empêchant de lui résister. Ce fut donc à
Paris que Stoker découvrit l'arsenal du vampire moderne : l’hypnose, la
suggestion
et la transmission de pensée dans les ouvrages d'Hyppolyte Bernheim et
de Joseph Delboeuf, et surtout dans les expériences que le docteur
Charcot menait sur des hystériques à La Salpêtrière. Il y trouva un
formidable modèle dans
Suggestion (Paris, Tresse et Stock, 1891), le roman d'Henri Nizet (1864-1925), le propre frère de Marie. Henri Nizet, auteur de
Bruxelles rigole... moeurs exotiques (1883) et de
L'Amour et la suggestion
(1893), connaissait bien la Moldavie du nord et la Bucovine, voisines
de la Galicie où il place le début de Suggestion. Paul Lebarrois, jeune
bohême et amoral, intelligent et cynique, prend grâce au hypnotisme le
contrôle total sur une jeune fille, Séphorah, qui le suit à Paris,
devient son esclave sexuelle et lui obéit en tout, jusqu'à se suicider
lorsque son amant le lui ordonne. Henri Nizet participait en outre à des
expériences publiques de magnétiseurs et vénérait la mémoire de Jan
Baptist Van Helmont (1577-1644), médecin et chimiste flamand qui avait
découvert, en étudiant les cadavres, le gaz carbonique puis l'acide
chlorhydrique.
De Van Helmont à Van Helsing, de Marie et
Henri Nizet à Bram Stoker, la filiation est très probable. La dernière
partie de Dracula, qui décrit la chasse au comte vampire en mer Noire et
en Bulgarie, n'est qu'une longue séance d'hypnotisme dont le sujet est
Mina Murray, la fiancée de Jonathan Harker, préalablement vampirisée par
Dracula qui lui inflige le «baptême du sang» avec ces paroles : «Vous
êtres à présent chair de ma chair, sang de mon sang, race de ma race, ma
source de vie, pour un temps, ma compagne dans un proche avenir...vous
les avez aidés à me donner la chasse - à présent vous allez répondre à
mon appel. Quand mon esprit vous ordonnera de venir, vous devrez
traverser terres et mers pour m'obéir.»
Si le comte domine
l'esprit de Mina par la transmission de pensée la nuit, les seuls
moments où il est actif, Van Helsing la hypnotise de jour afin qu'elle
suive les mouvements et la route que prend Dracula pour rejoindre son
château des Carpates. Le combat entre les forces du Bien et celles du
Mal revêt ainsi l'antagonisme entre le jour et la nuit, entre la lumière
et les ténèbres. Et on peut se demander si l'enfant que porte Mina et
dont elle donnera le jour après la mort du comte, si cet enfant est de
Jonathan Harker ou bien de Dracula. C'est comme la fin du
Bal des Vampires
de Polanski quand le professeur Abronsius ramène en Europe au galop des
chevaux un couple d'amoureux qui sont des vampires en herbe dans la
personne de son assistant Alfred (interprété par Roman Polanski) et de
sa bien aimée Sarah incarnée par Sharon Tate, qui allait être victime
d'un horrible crime rituel quelques années plus tard.
Dix ans
après le chef-d'oeuvre de Polanski, la romancière américaine Ann Rice
allait révolutionner la figure du vampire avec son héros, Louis Lestat,
qui n'est plus un démon, mais le semblable de l'homme, habité par les
mêmes passions et les mêmes faiblesses. C'est le vampire du XXIe siècle,
celui qui a conquis les coeurs et les imaginations et a donné naissance
à d'innombrables fans clubs et associations. Après avoir été un paysan
anonyme des Balkans, puis un aristocrate séducteur et pervers, le
vampire s'est métamorphosé en un double avec lequel on peut cohabiter,
voire s'identifier. Et pourtant, Dracula continue d'exercer une
fascination sans égale dans cette galerie de morts vivants, peut-être
parce qu'il est unanimement reconnu comme "l'empereur des vampires".
Même si son modèle historique - le prince Vlad Dracula - n'était pas un
vampire, son supplice préféré, le pal, fait partie des outils du parfait
chasseur de vampires dans un pays, la Roumanie,où ces croyances sont
encore vivaces en plein XXIe siècle.