La conspiration de l’ombre, Steve Berry, Pocket 2022.Notre
ami Malone nous entraîne cette fois au cœur du combat politique actuel, en
Allemagne. Il est chargé par un ancien Président des USA de veiller sur la
sécurité de la Chancelière qui serait l’objet de menaces mystérieuses dans un
climat tendu de campagne électorale. Régulièrement réélue, Oma, comme la
surnomment affectueusement les Allemands, s’apprête à affronter Théodor Pohl,
un candidat plus jeune et d’une autre sensibilité politique. Alors que la
Chancelière représente le courant démocratique traditionnel qui a façonné
l’Europe après 1945, son adversaire surfe de façon explicite avec les tendances
populistes qui se profilent un peu partout sur le vieux continent. Et son
nationalisme, teinté d’une nostalgie évidente pour le passé de la Grande
Allemagne, semble séduire de plus en plus d’électeurs. L’enquête nous conduira
à la fin du III ème Reich et nous amènera à nous interroger sur la fin d’Hitler
et d’Eva Braun. Il semblerait que cette dernière, grâce à une habile substitution
avec une employée du Bunker, ait pu s’enfuir, alors qu’elle était enceinte du
Führer. L’homme clef de cette exfiltration, Martin Bormann, l’épousera alors
qu’ils sont réfugiés en Amérique latine. On aura compris que ce thriller repose
sur une hypothétique descendance et ses liens avec les deux candidats à la
chancellerie. L’intrigue est comme toujours chez cet auteur bien ficelée et
rythmée par des rebondissements qui décoiffent. Elle est aussi l’occasion de
nous faire découvrir un véritable IV ème Reich, celui de la diaspora nazie dans
des pays bienveillants comme le Chili, l’Argentine ou l’ex État Libre d’Orange.
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Eh bien voilà la suite de Dimensions Mortelles, et quelle
suite ! Sherlock Holmes vs. Cthulhu, Les Psychoses Neurales (Ynnis, 2021) est un véritable monument de gore
cthulhuien. Lois H. Gresh continue de se lâcher avec ses machines monstrueuses,
cette fois l’Esoshoker, sorte de chaise électrique mais qui ne sert pas uniquement
à traiter les patients psychotiques. Elle est aussi utilisée comme drogue
dispensée dans des salons glauques à de pauvres débris de l’humanité sur
lesquels règne, en maître capitaliste, le Pr. Moriarty. Et, last but not least,
elle ouvrirait la porte sur d’autres dimensions dans lesquelles vivent
d’inquiétantes créatures. Des bestioles que l’on a déjà rencontrées dans le
précédent roman dont la lecture me semble indispensable si on veut se retrouver
dans cette « suite ». Laquelle s’ouvre en « dolby stéréo »
par une attaque de créatures cthuluiennes contre un bateau de transport
circulant sur la Tamise, bateau sur lequel se trouvent bien sûr nos deux
détectives de légende. Ils parviendront à échapper au naufrage avec quelques
dégâts collatéraux pour Watson qui se met à souffrir d’étranges visions.
Vaincre ces entités ne sera pas une mince affaire, d’autant que l’Ordre de
Dagon veille et qu’il n’est pas facile de faire rentrer leurs carcasses
gélatineuses dans les jolis Esoshokers ! On restera sur sa faim, l’ouvrage
se terminant en nous donnant rendez-vous à Innsmouth pour un troisième opus.
Pour ma part, je ne suis pas pressé !
Paul Rouelle s’en est allé ce
mercredi 9 novembre, laissant une Colline qui regrettera toujours sa truculence
à l’accent belge, ses bons mots pétillants comme des bulles de bière et la
chaude amitié qu’il partageait sans parcimonie au gré de ses rencontres.
Dentiste belge à Liège, il avait rencontré, par le plus grand du hasard de ses
consultations, Philippe de Chérisey. Une rencontre qui le fera tomber dans la « soupe
castelrennaise », la soupe savoureuse de l’époque de Gérard de Sède puis d’Henry
Lincoln. Il venait souvent, lors de ses vacances, regoûter au potage avant de s’installer
définitivement, l’heure de la retraite venue, dans son donjon au village. Avec
sa chère et inséparable Nessie, ils étaient partout, toujours prêts à participer
à la vie municipale et au commerce local, fait de gourmandises (restaurants) et
de matière grise (librairies). Il savait aussi donner de sa personne et a
largement participé à nos animations par ses conférences dont il nous a laissé
maints écrits et de nombreux films [1]. Je n’ai évidemment jamais
su ce qu’il pensait vraiment du fond de l’affaire, mais après quelques coupes
de blanquette à l’Hostellerie de l’Évêché à Alet-les-Bains, il savait me murmurer
à mi-mots : sociétés secrètes, conspiration, Plantard, manuscrits pas si
faux que ça….
Va en Paix Paul, tu vas retrouver
tous tes chers amis. Tu étais pour moi une personne rare, que tout le monde aimait.
Je suis persuadé que le père-abbé de l’Abbaye d’Orval pour lequel tu avais
beaucoup d’affection priera pour toi. Et j’adresse toutes mes condoléances et
celles de ma petite famille à Nessie, bien seule maintenant alors que vous avez
toujours été le modèle d’un couple uni. Nous pensons aussi avec sympathie à tes
enfants et à tous tes proches.
°
numéro spécial de Top Secret sur Rennes-le-Château, une histoire d’Apocalypse
(2004)
° Court-Circuit
aux Éditions de l’œil du Sphinx (2010), préface d’Henry Lincoln.
° De
nombreux articles dans Les Actes du Colloque Rennes-le-Château aux Éditions
de l’œil du Sphinx.
° De
nombreuses interviews dans des vidéos dont Documentaire exclusif (2010) et
Les Zones d’Ombre de David Galley (2012)
° A
étroitement collaboré à La Race Fabuleuse de Gérard de Sède, J’Ai Lu,
1973). La photo du Christ de couverture a été prise par lui à l’Abbaye d’Orval.
Dieu, la Science, les Preuves, Michel-Yves Bolloré & Olivier Bonnassies (Trédaniel, 2021). J’ai
éprouvé à la lecture de ce pavé le même sentiment de plaisir que celui ressenti
en étudiant La Gnose de Princeton de Raymond Ruyer (cf 1972). Non pas
pour une quelconque raison religieuse, mais parce que l’ouvrage est plein de
joie et d’espérance, et parce qu’il est aussi extrêmement didactique, ce qui
est toujours flatteur pour le lecteur ! La démonstration s’articule
schématiquement en deux parties, l’une purement scientifique, la seconde sur
d’autres natures de preuves.
La partie scientifique est assise sur la cosmologie dont il nous est tracé
l’histoire toute récente en insistant sur les persécutions multiples dont ont
été victimes, sous les régimes autoritaires, les savants partisans de la thèse
de la création originelle. Oui, il y a eu big bang. Et la seconde loi de la
thermodynamique nous apprend que l’entropie s’accroît avec le temps et qu’il y
aura une mort thermique de l’univers. Et qui dit mort suppose qu’il y ait eu
naissance. Les auteurs s’appuient sur les avancées récentes de la mécanique
quantique tout en reconnaissant que le problème de la gravité
quantique (contradiction entre une physique classique
« déterministe » et une physique quantique « apparemment
aléatoire ») n'a jamais été véritablement réglé. Nous sommes encore loin de la théorie du "Tout". Nous avons droit ensuite à toute une série de commentaires sur le
rayonnement fossile, la constante de structure fine, la théorie des cordes, les
multivers… Mais les parties les plus intéressantes, celles qui militent
clairement en faveur de l’hypothèse d’un créateur sont celles qui ont trait à
l’anthropie. Le principe anthropique nous indique qu’il y a intention dans la
conception de la vie. La vie n’est pas un accident, elle n’est pas le fruit du
hasard, elle n’est pas le produit fortuit de circonstances anormales. Elle est
le résultat inévitable de la plus simple application de la physique ;
l’univers est conçu pour créer la vie. Suivent une analyse sur ce fameux
passage à la vie qui ne peut se résumer à un bouillonnement créatif de la boue
originelle et une réflexion sur la naissance de la conscience qui semble avoir
une existence autonome. Mais d’où viennent tous ces impératifs moraux inscrits
au fond de nous-même et qui font que j’ai bonne ou mauvaise conscience ?
Puis, nos auteurs en viennent au Dieu chrétien, celui de la Bible, de la
philosophie, des chapitres où c'est le raisonnement logique et l'interprétation
personnelle qui l'emportent sur la preuve : le mystère de Jésus, montrant
qu’il était bien le fils de Dieu ; le destin hors du commun du peuple
hébreux qui, sans terre et sans leaders, se retrouvera (sans avoir perdu son
langage originel) en terre d’Israël. L’Ancien Testament n’est pas qu’un recueil
d’historiettes mythologiques. Pas plus que les apparitions de Fatima du reste,
passées à la loupe par les deux contributeurs. C’est certainement la partie la
plus faible de l’ouvrage, car clairement « engagée » et qui n’arrive
pas à élargir son propos à d’autres religions que le christianisme.
Que l’on soit croyant ou pas, voilà un ouvrage qui en tout état de cause
fait sérieusement réfléchir.
G
M
T
Y
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Marie Maitre et les trombones, c’est une relation
qui vient de loin. Elle écrit en effet, dans son livre- témoignage Francesca,
de la Douleur à l’Envol (EODS, 2021), faisant allusion à ses années de
« bahut » : pour tuer le temps durant les séances de travaux
pratiques, elle adorait jouer avec des trombones, à la surprise de ses
camarades et du professeur. Elle rêvait d’en faire des sculptures. Les
accidents de la vie l’ont amenée à s’accrocher à la bouée de l’Art pour rendre
un sens à son existence, et après un passage remarqué par la photographie,
c’est tout naturellement qu’elle a retrouvé cet objet minuscule comme support
de créativité. Quel choix étrange diront certains. Mais quels résultats obtenus
sommes-nous contraints de constater. On ne peut que s’émerveiller en pensant
aux longues heures de travail que consacre Marie à enfiler ces petites attaches
pour les transformer en poupées, tombeaux et même en une jolie mare constellée
de fleurs. Mais où est donc l’esprit de l’artiste en ces moments de « triturage »
matériel, sinon dans le vide sidéral dans lequel aiment se perdre les artistes
pour nourrir leur créativité ?