samedi 7 mai 2011
ICI, ON DESINTEGRE
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Avec L’Histoire Rêvée de Rennes-le-Château, Eclairages sur un récit collectif contemporain (Books on Demand, 2010), David Rossoni donne dans la critique dure, une critique auprès de laquelle les travaux de Descadeillas et Bedu apparaissent presque amicaux. Et le coup de karcher que l’on nous inflige sur 286 pages (grand format) met d’autant plus mal à l’aise que l’auteur, manifestement, n’éprouve aucune sympathie pour son sujet. Ce qui n’est pas sans rappeler les kilomètres de vitriol déversés, en d’autres temps, par un certain Paul Smith sur internet. L’auteur part du postulat qu’aucune recherche valable (jusqu’à la sienne) n’a été entreprise sur l’affaire de Rennes-le-Château, passant du reste sous silence les 9 (à ce jour) colloques d’études organisés annuellement par l’ODS/ARTBS. Et donnant lieu à publication. Mais il est vrai que ces travaux sont de nature « fortéenne », discipline floue aux développements jugés souvent contradictoires. La seule discipline valable, qui trouve d’autant plus grâce à ses yeux qu’il en est le chantre, est la zététique. La zététique, en effet, n’est rien d’autre que la méthode scientifique (la vraie). Et pour nous le prouver, David Rossoni nous propose un cours de 48 pages sur ce que doit être la critique historique (la vraie). Entrée en matière plutôt surprenante, car si on connaît le sujet, on zappera ; et si on le connaît mal, on zappera aussi tant le développement est technique et donc ennuyeux. Quelques courtes pages sur les canons élémentaires de la recherche en histoire auraient mieux fait l’affaire.
Commence alors un débunking dans les règles des travaux de Gérard de Sède, englobant, au-delà de Rennes-le-Château, les autres thématiques de l’écrivain que sont les Templiers, les Cathares, les Mérovingiens ou… Fatima. Pour arriver à la conclusion que : « Le plus fascinant dans toute cette histoire reste que, d’une certaine façon, il n’y a jamais eu d’énigme à expliquer. » L’auteur épouse en effet étroitement la thèse dite du « trafic de messes », reconnaissant, dans ce système explicatif, l’apport effectué par Laurent Buchholtzer (Octonovo) après les approximations de Descadeillas et Bedu. Mais il a l’honnêteté de ne pas classer Octonovo dans la catégorie des « tueurs de mythe », ce chercheur esquissant au-delà des tractations de l’abbé une énigmatique plate-forme financière à l’ombre d’une discrète société religieuse.
La deuxième partie de l’ouvrage, documentée et consistante, n’est rien d’autre qu’une chronologie bronzée aux rayons de la zététique des « deux vies de Bérenger Saunière ». Le tout se termine sur la conviction que l’affaire de Rennes va rejoindre le cimetière des croyances fossiles avec pour argument que le vivier de ceux qu’il appelle « les rennistes » ne se renouvelle quasiment plus. « L’intérêt pour l’affaire semble ainsi conduit à disparaître, sans éclat, au même rythme que ses tenants ». Que voilà un beau sujet sur lequel il y aurait énormément à dire. Car le « Mythe Agglutinant » a une étonnante capacité de rebond. Qui aurait pu prédire la bombe du Da Vinci Code qui a embouteillé notre colline de 2004 à 2008 ? Au point de contraindre Monsieur le Maire de faire de sa commune un village piéton. Qui aurait pu penser qu’une vague prophétie maya allait faire du Bugarach une nouvelle Arche de Noé pour 2012, renforçant s’il en était besoin l’intérêt pour la région castelrennaise ?
Et puis pour terminer, une remarque collatérale. Il y a dans ce livre quelque chose qui me gêne beaucoup, à savoir une certaine fixation de l’auteur pour les poubelles de l’histoire. Colportage de rumeurs et ragots sur Noël Corbu. Ou une façon insistante de déplorer le refus des époux Captier d’exhiber toute correspondance amoureuse ayant trait à Bérenger Saunière ou à Marie Denarnaud. Mais peut être n’ai-je pas tout compris de la méthode scientifique.
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