Avec L’Horreur tapie dans l’Ombre (Autoédition, 2020), Rudy Faure fait montre d’originalité en mettant en scène deux membres du « Cercle », August Derleth et Frank Belknap Long. Derleth est très affecté par la mort de son ami R.E. Howard dont il vient de recevoir une lettre-testament. Son suicide obéit manifestement à d’autres raisons que celles, de nature familiale, généralement invoquées. Le récit est inévitablement « téléphoné » dès le début, et l’on devine sans peine que le père de Conan a découvert par le rêve un autre plan de la réalité cosmique explorée par son correspondant, Lovecraft. Après une étrange rencontre avec un poète fou, Auguste Louis, Derleth, accompagné de son compère Long, va se lancer dans une aventure échevelée qui les mènera « de l’autre côté du miroir », à la recherche de la vérité ultime. On se retrouvera en « Égypte Noire », dans la fabuleuse cité de la Reine Zamodia, en lutte contre les Créatures du Mythe, qui veulent revenir prendre procession de la planète. On y croisera également Lovecraft et C.A. Smith, manifestement lancés dans une quête identique.
Le Necronomicon est activement sollicité et on y trouve même la version intégrale du poème dont on ne connaît généralement que les deux derniers vers :
Dans un très lointain passé,
Bien avant l’humanité,
Des créatures adoratrices d’un Dieu païen
Souillèrent la terre de rituels malsains.
Nul ne sut de quelles étoiles elles venaient
Et pourquoi dans notre monde elles furent emprisonnées
Mais au fil des siècles, elles finirent pas dégénérer
Pour enfin disparaître, croyait-on, de la Terre à jamais.
Elles ne laissèrent derrière elles que des vestiges ruisselants
Ou ruines ensevelies dans des déserts brûlants
Mais nourries du sang d’effroyables sacrifices
À certaines heures de la nuit et de l’année propices
Elles subsistent malgré tout en rêvant
De régner à nouveau jusque à la fin des temps
Ressassant en une abominable prophétie
L’insupportable et fatale vérité que voici :
N’est pas mort ce qui à jamais dort,
Et au long des siècles peut mourir même la mort.
Le libermaléficonaute découvrira par ailleurs un autre ouvrage curieux, Le Déluge selon Zostra, remis à nos aventuriers par le poète Auguste Louis pour les aider dans leur voyage en Égypte. Il s’agit d’une sorte de recueil de textes dépareillés qui ne semblaient n’avoir aucun rapport les uns avec les autres. L’auteur du roman précise dans une note : « Zostra est un personnage mythique ayant vécu à l’époque de l’Égypte ancienne. Sa vie, comme son œuvre, relève de spéculations diverses. » Inutile d’ajouter que wikipédia ne connaît pas ce personnage !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire