Dos Santos arrive toujours à nous surprendre là où on ne l’attend pas. Avec La Femme au Dragon Rouge (HC 2023), c’est dans les méandres de la terrifiante dictature chinoise qu’il nous emmène. On parle hélas beaucoup de l’Ukraine au moment où j’écris ces lignes, en pointant les atrocités commises par Poutine comme crimes contre l’humanité. Mais son copain Xi Jinping ne perd rien pour attendre son tour à la Cour Pénale Internationale, même si les démocraties occidentales se montrent bien frileuses à son égard. La trame de notre auteur portugais est la mise sous contrôle de la population des ouighours. On suivra notre inépuisable Tomàs Norhona à la recherche d’une mystérieuse jeune femme qui aurait mis la main sur des documents décrivant les plans secrets du Parti Communiste. Le système concentrationnaire mis au point est implacable et la « rééducation de la pensée » terrifiant. D’autant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir commis un quelconque délit pour avoir droit à ces traitements de faveur, une protestation du bout des lèvres ou, pire, une couleur de peau différente, suffisent à vous envoyer au bagne. Pour le plus grand profit de l’économie chinoise qui dispose ainsi d’une masse de main d’œuvre gratuite pour partir à l’assaut des marchés étrangers. Car il y a derrière tout cela la réalisation progressive du « rêve chinois » qui n’est rien d’autre que la mise sous contrôle par le Parti du monde entier. Et rien que cela ! La stratégie de « la nouvelle route de la soie » est bien démontée, visant à aider les pays traversés par des investissements massifs jusqu’à ce que les heureux bénéficiaires ne puissent plus rembourser, se mettant alors contraints et forcés au service des fascistes rouges. L’enquête décortique également en profondeur l’utilisation du cyber dans la démarche dictatoriale, l’individu, traqué par des multitudes de caméras, devenant une sorte de permis à point. La moindre incartade entame son capital et lui rend plus difficile l’accès à l’éducation, aux services de santé ou aux voyages à l’étranger.
Comme à l’accoutumée chez Dos Santos, l’aspect thriller est assez léger (que vient faire la femme de Noronha dans cette galère ?) mais la documentation d’une richesse étourdissante.
On pourra compléter ce roman par la lecture de Dictature 2.0 de Kai Strittmatter (Taillandier 2021) ou quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde).
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