Philippe Druillet n’a pas utilisé l’encre,
mais ses tripes, pour nous offrir ses mémoires, Délirium (les Arènes, 2014). Et son compère d’écriture, David
Alliot, a réussi le tour de force de le rendre plus vrai que nature. C’est
Druillet qui cause. Et il cause en hurlant, revenant longuement sur ses
origines douloureuses de fils d’un collabo et d’une mère milicienne.
« J’ai toujours haï ma mère ». Et on va le suivre dans un cheminement
de galère pour essayer d’exprimer sa rage de créativité. Un parcours semé de
douleurs (notamment la perte de Nicole, son grand amour) et d’excès en tous
genres, mais sans se départir d’une véritable boulimie d’explosions graphiques
qui l’amèneront souvent à flirter avec le génie. De Lone Sloane à la réalisation des décors des Rois Maudits, de Pilote à Métal Hurlant (un
vrai bordel cette équipe !), de la création de bijoux à celle de meubles,
quel chemin parcouru. En refermant le bouquin, je me suis dit que j’avais de la
chance de connaître un type de cette trempe. Un petit regret pourtant, Philippe
ne rentre jamais vraiment dans le fond de ses passions, alors qu’il aurait de
belles choses à dire sur Lovecraft, l’héroic fantasy, ou la SF.
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