La
littérature nazie en Amérique de l’argentin
Roberto Bolaño (Christian Bourgois, 2003) fait partie des ouvrages
jubilatoires, issus de la plume des fous littéraires que l’on aime. Qu’on en juge :
le livre nous propose une trentaine de notes biographiques d’auteurs sud-américains
de la seconde moitié du XXème siècle ayant tous une fascination – explicite ou
larvée – pour le nazisme… Certes, me direz-vous ! Oui, mais quand on sait
que tous ces auteurs sont imaginaires, la lecture prend une saveur toute
particulière. On y rencontre un poète fou, qui écrit ses vers en suivant le
plan des camps de concentration, un fondu de SF qui noircit des milliers de
pages nous racontant l’histoire d’un IV ème Reich uchronique ; on y lit la biographie d’une famille d’argentins
admirateurs de Hitler ; mais surtout on se promène dans une belle galerie
de pseudo-artistes déjantés flirtant entre la littérature et une forme
lancinante du mal.
Car c’est finalement une critique sociale très
acerbe de la bourgeoisie sud-américaine qui nous est présentée, celle d’une
population relativement aisée qui a été séduite un instant par la peste brune,
et qui en a transmis les gènes à sa descendance. C’est aussi une belle performance
en matière de « livres imaginaires », qui n’est pas sans nous renvoyer
à un autre argentin célèbre, J.L. Borgès.
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