Voyance, phénomènes de hantise, apparitions... Yves Lignon en quête de vérité
Le Suaire de Turin a-t-il enveloppé le corps du Christ ? La Vierge est-elle vraiment apparue à Pontmain en 1871, et à Fatima en 1917 ? Le phénomène des maisons hantées, est-il réel ?
Et que dire des voyants ? Ont-ils vraiment cette faculté de voyager dans les couloirs du temps ?
Yves Lignon, scientifique au parcours étonnant - il a fondé en 1974, le Laboratoire de Parapsychologie de Toulouse- n’en finit pas de scruter les faits paranormaux, à la loupe.
Le « Sherlock Holmes du paranormal », qui estime que la science doit se confronter à ce qui reste inexpliqué, a publié il y a quelques mois, le livre « Enquêtes scientifiques au cœur de l’Étrange ». Une invitation à ouvrir les pages d’archives inédites du Laboratoire de Parapsychologie Scientifique de Toulouse. L’occasion aussi de découvrir une autre version d’histoires étranges, qui ont marqué notre inconscient collectif.
Yves Lignon qui porte à bout de bras, la parapsychologie scientifique, est un conteur passionnant. Rencontre avec un chercheur en quête de vérité.
Vous avez fondé le Laboratoire de
Parapsychologie de Toulouse, en 1974. Quelles sont les missions de
cette structure ?
Yves Lignon : Il n'existait pas à l'époque, en France,
d'organisme universitaire de recherches sur ces questions, alors
que la demande d'information venant du public était très forte.Les phénomènes paranormaux passionnent et l'on attend des scientifiques qu'ils aident à faire le tri entre le faux et ce qui reste rationnellement inexpliqué au lieu de camper sur des positions dogmatiques dépassées depuis un siècle.
Le Laboratoire de Parapsychologie de Toulouse a donc une activité dans ce domaine (grâce aux livres et aux interventions dans les médias), activité qui prolonge naturellement les expérimentations avec des voyants, des guérisseurs, l'analyse de témoignages et les enquêtes sur le terrain.
Il va de soi qu'informer c'est aussi faire la chasse aux escrocs pour qui les phénomènes paranormaux ne sont que prétexte à exploiter la détresse.
Quelles ont été les expériences qui ont marqué
d’une pierre blanche, la vie de votre laboratoire ?
Yves Lignon : Sur le plan expérimental strict, citons l'étude
des phénomènes de voyance produits par Yolande Dechâtelet et
de deux guérisseurs Louis Puech et Jean-Marie Le Gall.Pour les enquêtes proprement dites, je pense indiscutablement à celle menée dans une maison dite " hantée " en 1988.
Avec le concours de spécialistes, nous avons rejeté successivement 23 hypothèses susceptibles de fournir une explication banale.
Enfin, le témoignage le plus marquant est celui de Jean M., venu nous raconter son Expérience de Mort Imminente (EMI ou NDE), dont il n'avait jamais parlé à personne, bien que vécue quarante ans plus tôt. Son récit est considéré comme l'un des plus intéressants au niveau mondial.
Au plan international, où en est la recherche
scientifique dans le domaine de parapsychologie ?
Yves Lignon : On trouve des institutions de recherches en
parapsychologie dans la plupart des grands pays (même quand ces
pays comme ceux d'Amérique Latine, ne se trouvent pas au premier
plan politiquement parlant).Pour prendre un seul exemple, en Grande-Bretagne, on peut travailler sur la parapsychologie dans une dizaine d'universités.
La France est une triste exception puisqu'en dehors de l'Institut Métapsychique à Paris et du Laboratoire de Toulouse (dans les deux cas les chercheurs sont des bénévoles exerçant par ailleurs une activité professionnelle), il n'y a rien…
À l'échelle mondiale, les recherches se développent aujourd'hui selon trois axes :
- L'étude des États Modifiés de Conscience comme facteur susceptible de favoriser voyance et télépathie.
Ce sont les expériences dites de "Ganzfeld" effectuées notamment au Laboratoire de Parapsychologie de l'Université d'Edimbourg.
- Le "Global Consciouness Project" à l'initiative de Roger Nelson de l'université de Princeton. Un réseau mondial d'ordinateurs est programmé pour reconstituer en permanence le jeu de pile ou face.
À l'approche - ou juste après - la venue d'événements importants (comme les attentats du 11 septembre, ou l’enterrement de Lady Di), les lois du hasard pourraient être transgressées.
- L’étude des "Expériences de Mort Imminente" (NDE) et des "sorties hors du corps" (OBE).L'enjeu est énorme puisqu'il conduit à envisager l'hypothèse de l'autonomie de la conscience autrement dit de remettre en question celle de "conscience = cerveau et donc si plus de cerveau plus de conscience"….
Dans votre livre, « Enquêtes Scientifiques au
cœur de l’Étrange », vous expliquez que la parapsychologie
scientifique ne compte qu’un cas tous les 10 à 15 ans… Est-ce que
la science explique la majorité des faits qualifiés de «
paranormaux » ?
Yves Lignon : J'ai surtout voulu montrer que les phénomènes
véritablement paranormaux sont rares et d'autant plus rares, qu'ils
sont plus intenses.Les récits pullulent, mais dans la plupart des cas, il existe une explication compatible avec les connaissances scientifiques actuelles.
Reste un résidu constitué de faits (flashs de voyance, déplacements d'objets après un décès pour m'en tenir à deux exemples sans oublier bien entendu les NDE et les OBE) dont la méthode scientifique permet d'authentifier la réalité sans qu'il existe de théorie scientifique rendant compte de ces faits.
C'est là la définition même d'un phénomène paranormal (scientifiquement constatable et scientifiquement sans explication en l'état des connaissances) et c'est ce résidu qui est étudié par des chercheurs tels que moi.
Yves
Lignon, surnommé « le Sherlock Holmes du paranormal », auteur de «
Enquêtes Scientifiques au cœur de l’Étrange », publié en octobre
2011, aux éditions Le Papillon Rouge
Extrait du livre « Enquêtes Scientifiques au cœur de
l’Étrange » : « L’invraisemblable n’est pas toujours le faux. En
haussant les épaules, la science oublierait sa raison
d’être-affronter ce qui reste encore inexpliqué- et laisserait
l’obscurantisme et les charlatans occuper le terrain
».
Voyance, apparitions, mur qui
parle, feux diaboliques...
Vous avez travaillé sur une centaine de
dossiers de hantises depuis la création de votre institut.
Vous donnez quelques exemples de faits étranges. Parlez-nous
de ceux-ci…
Yves Lignon : Quatre chapitres de mon livre sont consacrés aux
hantises, en commençant par celle d'Arc-Wattripont en Belgique.Ce cas, étudié en 1993 par mon ami le professeur de physique Giovanni Cosentino, est probablement le plus récent, connu en Europe : Il se produisait de nombreux déplacements d'objets très divers et de poids très différents depuis le pot à lait jusqu'à la table de cuisine dans la maison de la famille D. Il y avait des bris d'une statue religieuse, une prise téléphonique a été arrachée brutalement… d’autres faits étranges ont été constatés…
Dans l'affaire du " mur qui parle ", le Laboratoire de Toulouse n'est pas intervenu directement mais a validé une enquête, de qualité exceptionnelle, menée par la brigade de gendarmerie locale. Là, des coups frappés dans un mur répondaient aux questions posées et même battaient la mesure pour accompagner un jeune garçon qui sifflotait une chanson à la mode.
" Le gong de l'enfer " est le récit de la plus lourde intervention, du Laboratoire de Parapsychologie, sur le terrain. Elle date de 1988. Pendant trois mois des coups sourds ont été frappés la nuit dans une maison villageoise et les témoins n'arrivaient pas à se mettre d'accord. Tous entendaient en même temps mais pour certains dans la salle de séjour et pour d'autres à la cave.
Enfin je ne pouvais passer sous silence " les feux diaboliques ", affaire faussement paranormale datant de 1979 et qui a connu à l'époque un énorme succès médiatique. Dans une ferme, on a observé une centaine de combustions (linge, oreillers) en un mois.
Il ne s'agissait en définitive que de pyromanie, mais l'auteur des faits étant très habile les plus folles rumeurs ont couru depuis l'intervention d'extra-terrestres jusqu'à celle du Diable...
Vous regrettez que les médiums et les voyants
ne soient pas plus nombreux, en France, à coopérer avec les
scientifiques. Pourquoi une telle réticence, alors qu’au début du
XXe siècle, des médiums exceptionnels ont accepté de faire
l’objet de sujets d’études, notamment au sein de l’Institut
Métapsychique International ?
Yves Lignon : On compte en France entre 50. 000 et 150. 000
personnes exerçant la profession de "voyant", "médium" ou assimilé.
Il n'est pas possible d'être plus précis, car pour les
services fiscaux beaucoup se déclare "consultant" ou
"psychothérapeute"Celles et ceux qui sont sincèrement convaincus de posséder une capacité paranormale n'ont rien à craindre d'un scientifique comme moi, qui clame sur tous les toits, depuis 38 ans que l'existence de la voyance a été prouvée scientifiquement !
Pourquoi sont-ils réticents ?
Yves Lignon : Si je tiens compte que la majorité de mon courrier
(600 lettres et quelques mails en 2011) rapporte les doléances de
personnes qui ont été escroquées, la réponse arrive vite et elle
est terrible…Il doit exister un petit nombre de personnes qui se pensent "voyants" et sont en même temps engagées dans une démarche personnelle, de type philosophique ou religieux, démarche qui se passe de la science en toute honnêteté intellectuelle.
Je les respecte tout en déplorant que cette attitude serve aussi de masque aux charlatans, mais il en est de même dans tous les métiers.
Vient enfin le groupuscule de ceux qui ont accepté d'être testés par des scientifiques et qui l'ont été positivement. Cela représente une dizaine de personnes depuis 1974.
Cependant si l'on se penche sur les archives (j'ai co-écrit, en 2008, avec Marie-Christine Lignon, le livre « Médiums, le dossier. Les acteurs, la science, la recherche », aux éditions les 3 orangers.
Cet ouvrage est consacré aux médiums de 1850 à nos jours), on constate qu'il en a toujours été ainsi : des médiums au laboratoire, cela existe mais ils sont peu nombreux !
Je dois ajouter que la situation est fort différente avec les guérisseurs. Leur milieu est nettement moins infecté par le charlatanisme et j'ai toujours trouvé une grande disponibilité chez eux.
Les services secrets, qu’ils soient américains,
européens, ou autres, s’intéressent-ils encore à la parapsychologie
? Qu’ont apporté les programmes de recherche militaire, qui ont
marqué la seconde moitié du XXe siècle ?
Yves Lignon : Si des recherches sont actuellement développées en
secret j'ignore leur existence par la force des choses !
(sourires)J'ai, par contre, consacré un chapitre de mon livre, au programme Stargate, financé et supervisé de 1975 à 1995 par les services secrets américains. Il portait sur la "vision à distance" (Remote Viewing), une forme particulière de voyance.
Ce programme n'a été connu que tardivement, grâce à des journalistes fouineurs. Le bilan en est curieux ou amusant, au choix.
Si les expériences ont été considérées comme réussies, les sponsors ont ajouté que, pour l'espionnage, la voyance s'était révélée moins efficace que les moyens classiques.
Dans votre livre, le scientifique que vous
êtes, s’intéresse aux faits religieux inexpliqués : Apparitions de
la Vierge à Fatima, en 1917, origine du suaire de Turin… La
parapsychologie scientifique a-t-elle apporté un nouvel éclairage
sur ces sujets qui suscitent polémiques et espoirs ?
Yves Lignon : Un scientifique s'intéresse exclusivement aux
faits et non à l'interprétation qui peut en être donnée par une
religion.Dans un cas comme celui de Fatima (qui me tient particulièrement à cœur et sur lequel j'ai longtemps travaillé), la science cherche seulement à savoir s'il s'est produit un phénomène paranormal. Si oui et si les catholiques assimilent ce phénomène à une apparition de la Vierge en tant que scientifique, je n'approuve ni ne désapprouve.
Pour le suaire de Turin (autre affaire passionnante), la situation est du même type. Là encore, un scientifique doit s'en tenir aux questions posées par certaines caractéristiques du linceul, en oubliant que celui-ci appartient au Vatican.
Livre : « Enquêtes Scientifiques au cœur de l’Étrange », (Éditions Le Papillon Rouge-2011). Laboratoire de Parapsychologie Scientifique de Toulouse (GEEPP). Yves Lignon au micro de l’émission '' Les Portes du Mystère'', tous les dimanches à 18 heures, sur Radio Montaillou Pyrénées (émissions disponibles en poadcast).
Paranormal sur besoindesavoir.com
Crédits©Anja Kaiser.Yves Lignon.Éditions Le Papillon Rouge.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire