Publié le 30 octobre 2013 à 09h19 | Mis à jour le 30 octobre 2013 à 09h19
Transylvanie: au pays de Dracula
(Bran, Roumanie) Les vampires ont la cote. Des séries comme Twilight ou True Blood
remportent un succès planétaire en remettant au goût du jour ces êtres
qui ont effrayé des générations de lecteurs et de cinéphiles. Pas
étonnant que lorsque vient le temps des vacances, des hordes d'amateurs
d'épouvante s'enfoncent dans les sombres forêts de Transylvanie pour un
pèlerinage vers l'antre du plus célèbre de tous les vampires: le comte
Dracula. Un voyage tout à fait indiqué à l'approche de l'Halloween.
La
route, étroite, sinueuse, n'en finit plus de grimper dans les
montagnes. Il faut avoir le coeur solide pour supporter l'interminable
enchaînement de virages serrés à flanc de falaise.
Dans l'obscurité, les phares de la voiture éclairent furtivement de modestes fermettes, avant de se perdre dans la forêt transylvanienne. Puis, au détour d'un virage, la silhouette lugubre d'un château se détache dans la brume, perchée sur un rocher de 60 m. Lorsqu'un loup lâche un long hurlement au loin, on pourrait croire qu'il n'existe pas d'endroit plus sinistre.
L'effet est tellement saisissant que les amateurs de frissons prendront bien soin de ne pas le gâcher en arrivant bêtement à Bran de jour. Ici, c'est de nuit que le voyageur peut s'imprégner pleinement de l'ambiance. Oui, au risque de se répéter: les loups hurlent vraiment à la lune, dans la montagne.
Le petit village de 5000 habitants est non seulement le plus gros centre
touristique de sa région, la Transylvanie, mais aussi de toute la
Roumanie. Près de un demi-million de visiteurs s'y rendent chaque année.
À l'Halloween, les places deviennent rares pour ceux qui veulent
assister à la fête haute en couleur organisée sur l'emplacement du
château.
Facile de comprendre pourquoi c'est ici que l'auteur irlandais Bram Stoker a situé l'action de son roman culte Dracula, qui fut pendant longtemps le livre le plus vendu au monde. Stoker n'avait jamais mis les pieds en Roumanie, mais il a fait beaucoup de recherches pour trouver un château approprié à son personnage principal, au tournant du XXe siècle.
Il s'est inspiré des légendes des vampires et autres variantes de morts-vivants, très ancrées dans les coutumes de la région. Et il a utilisé l'identité d'un vrai héros local: Vlad l'Empaleur, aussi appelé Vlad III Dracula, un noble célèbre pour avoir repoussé l'envahisseur ottoman de façon particulièrement sanguinaire.
Vlad n'a jamais habité le château de Bran. Mais dans son roman, Stoker imagine qu'il s'y est caché pendant des centaines d'années après sa mort, une fois devenu un vampire.
Le château de Bran s'est retrouvé lié pour toujours à ce récit. À l'intérieur, l'histoire réelle des lieux, celle du roman et celle du véritable Dracula sont retracées clairement avec des inscriptions en anglais.
Dans l'obscurité, les phares de la voiture éclairent furtivement de modestes fermettes, avant de se perdre dans la forêt transylvanienne. Puis, au détour d'un virage, la silhouette lugubre d'un château se détache dans la brume, perchée sur un rocher de 60 m. Lorsqu'un loup lâche un long hurlement au loin, on pourrait croire qu'il n'existe pas d'endroit plus sinistre.
L'effet est tellement saisissant que les amateurs de frissons prendront bien soin de ne pas le gâcher en arrivant bêtement à Bran de jour. Ici, c'est de nuit que le voyageur peut s'imprégner pleinement de l'ambiance. Oui, au risque de se répéter: les loups hurlent vraiment à la lune, dans la montagne.
Facile de comprendre pourquoi c'est ici que l'auteur irlandais Bram Stoker a situé l'action de son roman culte Dracula, qui fut pendant longtemps le livre le plus vendu au monde. Stoker n'avait jamais mis les pieds en Roumanie, mais il a fait beaucoup de recherches pour trouver un château approprié à son personnage principal, au tournant du XXe siècle.
Il s'est inspiré des légendes des vampires et autres variantes de morts-vivants, très ancrées dans les coutumes de la région. Et il a utilisé l'identité d'un vrai héros local: Vlad l'Empaleur, aussi appelé Vlad III Dracula, un noble célèbre pour avoir repoussé l'envahisseur ottoman de façon particulièrement sanguinaire.
Vlad n'a jamais habité le château de Bran. Mais dans son roman, Stoker imagine qu'il s'y est caché pendant des centaines d'années après sa mort, une fois devenu un vampire.
Le château de Bran s'est retrouvé lié pour toujours à ce récit. À l'intérieur, l'histoire réelle des lieux, celle du roman et celle du véritable Dracula sont retracées clairement avec des inscriptions en anglais.
Dans les dédales du château
Sur quatre étages, à travers une soixantaine de pièces, les visiteurs peuvent explorer à leur rythme l'impressionnante construction. Le craquement des planchers de bois massif, les vieilles armures et les chandeliers envoûtent le visiteur. Tellement que certains seront incapables de ne pas regarder par-dessus leur épaule, au détour d'un des froids escaliers de pierres, histoire de s'assurer qu'aucun vampire ne suit leurs traces.
Les passages secrets dissimulés dans les murs, qui permettent de passer discrètement d'une pièce ou d'un étage à l'autre, constituent un des points forts de la visite. Dans le roman, Dracula les utilisait pour s'introduire furtivement chez ses invités et sucer leur sang. Les guides touristiques qui font visiter les lieux aujourd'hui précisent que le tout se faisait "proprement" et "poliment", pendant que les victimes dormaient. Rien à voir avec les films américains où le sang gicle partout.
Une chambre de torture est accessible aux touristes pour un léger supplément, mais seuls les amateurs d'horreurs sanguinolentes les plus endurcis y trouveront leur compte. Les reliques sont impressionnantes et très bien conservées. Mais l'abondance des instruments imaginés par des esprits tordus et les illustrations des techniques barbares utilisées pour infliger des souffrances au Moyen-Âge risquent de troubler sérieusement les coeurs plus sensibles. Les amateurs du genre semblent malgré tout nombreux à en ressortir ravis.
Du haut du château, la vue sur le paysage est à couper le souffle: sur les sommets enneigés des Carpates tout autour, sur les paysans qui s'activent dans les champs, sur les coquettes maisons traditionnelles de campagne. Idéal pour saisir d'un coup d'oeil la géographie des lieux et planifier une expédition en forêt, un après-midi de ski ou une excursion à vélo dans les villages avoisinants.
En quittant le château, il ne reste qu'à flâner dans les nombreuses boutiques de souvenirs et les petits bistrots qui tentent de profiter eux aussi de la mode des vampires. Un petit musée sur la vie des villageois d'antan vaut aussi le détour.
La campagne des environs a conservé beaucoup de son charme rustique et demeure étonnamment épargnée par le développement massif. Pour l'instant. Car la Fédération des employeurs du tourisme et des services de Roumanie prévoit des investissements majeurs dans le coin. Le but est d'attirer une clientèle plus large que les fanatiques des vampires.
«La Transylvanie peut finalement devenir une destination touristique de renommée internationale avec des bénéfices immenses non seulement pour le tourisme de la région, mais pour notre économie en général. La marque "Dracula" existe depuis longtemps, nous devons seulement l'exploiter et l'envelopper adéquatement pour la vendre de façon moderne», précise un communiqué récent de l'organisme.
Sur quatre étages, à travers une soixantaine de pièces, les visiteurs peuvent explorer à leur rythme l'impressionnante construction. Le craquement des planchers de bois massif, les vieilles armures et les chandeliers envoûtent le visiteur. Tellement que certains seront incapables de ne pas regarder par-dessus leur épaule, au détour d'un des froids escaliers de pierres, histoire de s'assurer qu'aucun vampire ne suit leurs traces.
Les passages secrets dissimulés dans les murs, qui permettent de passer discrètement d'une pièce ou d'un étage à l'autre, constituent un des points forts de la visite. Dans le roman, Dracula les utilisait pour s'introduire furtivement chez ses invités et sucer leur sang. Les guides touristiques qui font visiter les lieux aujourd'hui précisent que le tout se faisait "proprement" et "poliment", pendant que les victimes dormaient. Rien à voir avec les films américains où le sang gicle partout.
Une chambre de torture est accessible aux touristes pour un léger supplément, mais seuls les amateurs d'horreurs sanguinolentes les plus endurcis y trouveront leur compte. Les reliques sont impressionnantes et très bien conservées. Mais l'abondance des instruments imaginés par des esprits tordus et les illustrations des techniques barbares utilisées pour infliger des souffrances au Moyen-Âge risquent de troubler sérieusement les coeurs plus sensibles. Les amateurs du genre semblent malgré tout nombreux à en ressortir ravis.
Du haut du château, la vue sur le paysage est à couper le souffle: sur les sommets enneigés des Carpates tout autour, sur les paysans qui s'activent dans les champs, sur les coquettes maisons traditionnelles de campagne. Idéal pour saisir d'un coup d'oeil la géographie des lieux et planifier une expédition en forêt, un après-midi de ski ou une excursion à vélo dans les villages avoisinants.
En quittant le château, il ne reste qu'à flâner dans les nombreuses boutiques de souvenirs et les petits bistrots qui tentent de profiter eux aussi de la mode des vampires. Un petit musée sur la vie des villageois d'antan vaut aussi le détour.
La campagne des environs a conservé beaucoup de son charme rustique et demeure étonnamment épargnée par le développement massif. Pour l'instant. Car la Fédération des employeurs du tourisme et des services de Roumanie prévoit des investissements majeurs dans le coin. Le but est d'attirer une clientèle plus large que les fanatiques des vampires.
«La Transylvanie peut finalement devenir une destination touristique de renommée internationale avec des bénéfices immenses non seulement pour le tourisme de la région, mais pour notre économie en général. La marque "Dracula" existe depuis longtemps, nous devons seulement l'exploiter et l'envelopper adéquatement pour la vendre de façon moderne», précise un communiqué récent de l'organisme.
Le comte Dracula n'a jamais habité ce château, mais l'auteur Bram Stoker a écrit qu'il s'est caché ici pendant des années.
PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE
Amourette canadienne au château
Dès
qu'un Canadien se présente au château de Bran, les guides touristiques
s'agitent. Ils adorent raconter l'histoire d'amour qu'y aurait vécue
leur ancienne reine Marie (1875-1938) avec un Canadien. Une histoire de
romance à l'eau de rose qui peut intéresser ceux qui n'ont que faire du
comte Dracula.
La reine Marie est la plus populaire des souveraines qu'a connues le pays. Elle a habité le château pendant plusieurs années. Des meubles richement ornementés, des instruments de cuisine et des tenues de son époque y sont d'ailleurs exposés aujourd'hui.
Vers la fin de la Première Guerre mondiale, la souveraine aurait entretenu une relation passionnée avec l'attaché militaire des puissances alliées en Roumanie: un Canadien nommé Joe Boyle, spécialiste des missions clandestines en territoire ennemi.
Boyle est devenu un héros en Roumanie pour avoir sauvé 50 notables roumains détenus par des révolutionnaires et pour avoir aidé le pays à obtenir un prêt de 25 millions du gouvernement canadien. Il s'était vu attribuer le titre de «Sauveur de la Roumanie».
Plusieurs spécialistes croient que la reine accueillait son amant au château pour de longs échanges qui n'avaient toutefois rien de très politique. Les passages secrets qui mènent aux chambres auraient prouvé toute leur utilité lors de ces nuits interdites.
À la mort de Boyle, une inconnue en noir venait chaque année au Canada pour fleurir sa tombe. Après la mort de la reine Marie en 1938, la mystérieuse femme n'est plus jamais apparue.
Prix de la visite du château de Bran
(en dollars canadiens)
> Adultes: 8$
> Aînés: 5$
> Étudiants: 3$
> Enfants: 1,50$
Comment s'y rendre?
> En voiture: Bran est à 160 km de la capitale Bucarest. En voiture, par la route nationale DN1, puis le chemin des montagnes DN73, le trajet prend 2h30 min.
> En train: La gare la plus proche du château est à Brasov. Trajet de 3h30 min, au coût de 13$, à partir de Bucarest. Ensuite, des autobus partent aux 30 minutes vers Bran.
> En taxi: De Bucarest, 110$. De Brasov, 25$.
La reine Marie est la plus populaire des souveraines qu'a connues le pays. Elle a habité le château pendant plusieurs années. Des meubles richement ornementés, des instruments de cuisine et des tenues de son époque y sont d'ailleurs exposés aujourd'hui.
Vers la fin de la Première Guerre mondiale, la souveraine aurait entretenu une relation passionnée avec l'attaché militaire des puissances alliées en Roumanie: un Canadien nommé Joe Boyle, spécialiste des missions clandestines en territoire ennemi.
Boyle est devenu un héros en Roumanie pour avoir sauvé 50 notables roumains détenus par des révolutionnaires et pour avoir aidé le pays à obtenir un prêt de 25 millions du gouvernement canadien. Il s'était vu attribuer le titre de «Sauveur de la Roumanie».
Plusieurs spécialistes croient que la reine accueillait son amant au château pour de longs échanges qui n'avaient toutefois rien de très politique. Les passages secrets qui mènent aux chambres auraient prouvé toute leur utilité lors de ces nuits interdites.
À la mort de Boyle, une inconnue en noir venait chaque année au Canada pour fleurir sa tombe. Après la mort de la reine Marie en 1938, la mystérieuse femme n'est plus jamais apparue.
Prix de la visite du château de Bran
(en dollars canadiens)
> Adultes: 8$
> Aînés: 5$
> Étudiants: 3$
> Enfants: 1,50$
Comment s'y rendre?
> En voiture: Bran est à 160 km de la capitale Bucarest. En voiture, par la route nationale DN1, puis le chemin des montagnes DN73, le trajet prend 2h30 min.
> En train: La gare la plus proche du château est à Brasov. Trajet de 3h30 min, au coût de 13$, à partir de Bucarest. Ensuite, des autobus partent aux 30 minutes vers Bran.
> En taxi: De Bucarest, 110$. De Brasov, 25$.
Mitrica Mircea a beaucoup fait parler de lui en 2005 pour avoir ouvert la tombe d'une jeune fille à Marotinul de Sus.
PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE
Des histoires à faire peur d'un bout à l'autre du pays
-Marotinul de Sus, Roumanie
La Transylvanie n'est pas la seule région de Roumanie qui revêt un attrait particulier pour les amateurs de frissons. Le vieux Mitrica Mircea, lui, peut se vanter d'avoir mis le petit village de Marotinul de Sus sur le radar des spécialistes en tout genre du paranormal.
Il ne compte plus le nombre d'étrangers qui sont venus le visiter dans le sud du pays, afin qu'il raconte son histoire. Il s'en fait même un petit commerce.
«Ici, ce ne sont pas des vampires, ce sont des moroïs. Je ne connais rien aux vampires, car je ne joue pas dans des films», lance-t-il à La Presse, en agitant les mains, assis sur le lit de sa minuscule maison.
«Après la mort, parfois le corps reste dans sa tombe, mais son esprit sort pour s'en prendre aux vivants. La personne qui est hantée voit le moroï comme un être humain. Elle le voit, car il vient en elle pour se nourrir», explique-t-il le plus sérieusement du monde.
Ici, il ne passe pas pour un fou. Ces croyances sont enracinées profondément dans la campagne roumaine. Les autorités venues de la ville sont souvent confrontées à d'étranges cas d'exorcismes ou de rituels auxquels les paysans croient dur comme fer.
Le cas de Mitrica Mircea avait fait la manchette de tous les journaux en 2005. Elle lui avait aussi valu un procès pour profanation de cadavre.
À l'époque, une jeune fille était hantée par le moroï d'un membre de sa famille récemment mort. Mitrica Mircea dit avoir été appelé à la rescousse, car il n'avait peur de rien et que son père lui avait enseigné la façon traditionnelle de combattre les mauvais esprits.
«J'ai ouvert la tombe, j'ai vu son visage, et je lui ai crié: "C'est toi que je cherche!". J'ai coupé le corps en utilisant une faux. J'ai sorti le coeur. Il palpitait. Nous avons piqué le coeur avec une fourche, puis l'avons fait brûler. Nous avons fait boire les cendres avec de l'eau à la jeune fille. Elle a été guérie», prétend-il.
Quand les procureurs sont venus pour l'accuser, Mitrica Mircea a été défendu par les autres villageois, qui ont expliqué qu'il s'agissait là d'une authentique coutume locale transmise de génération en génération.
Le village de Marotinul de Sus présente peu d'attrait, sauf pour les mordus de films d'horreur qui retournent voir le petit cimetière où le moroï a été vaincu. Traverser la campagne roumaine pour s'y rendre est toutefois une expérience en soi. Sur les routes, on croise constamment de vieilles charrettes de bois tirées par un cheval. Dans les petites bourgades, des vieillards en habits traditionnels, qui semblent tout droit sortis de Tintin en Syldavie, regardent les voitures passer, assis tranquillement sur un banc.
L'arrière-pays, en certains endroits, semble carrément figé dans le temps.
La Transylvanie n'est pas la seule région de Roumanie qui revêt un attrait particulier pour les amateurs de frissons. Le vieux Mitrica Mircea, lui, peut se vanter d'avoir mis le petit village de Marotinul de Sus sur le radar des spécialistes en tout genre du paranormal.
Il ne compte plus le nombre d'étrangers qui sont venus le visiter dans le sud du pays, afin qu'il raconte son histoire. Il s'en fait même un petit commerce.
«Ici, ce ne sont pas des vampires, ce sont des moroïs. Je ne connais rien aux vampires, car je ne joue pas dans des films», lance-t-il à La Presse, en agitant les mains, assis sur le lit de sa minuscule maison.
«Après la mort, parfois le corps reste dans sa tombe, mais son esprit sort pour s'en prendre aux vivants. La personne qui est hantée voit le moroï comme un être humain. Elle le voit, car il vient en elle pour se nourrir», explique-t-il le plus sérieusement du monde.
Ici, il ne passe pas pour un fou. Ces croyances sont enracinées profondément dans la campagne roumaine. Les autorités venues de la ville sont souvent confrontées à d'étranges cas d'exorcismes ou de rituels auxquels les paysans croient dur comme fer.
Le cas de Mitrica Mircea avait fait la manchette de tous les journaux en 2005. Elle lui avait aussi valu un procès pour profanation de cadavre.
À l'époque, une jeune fille était hantée par le moroï d'un membre de sa famille récemment mort. Mitrica Mircea dit avoir été appelé à la rescousse, car il n'avait peur de rien et que son père lui avait enseigné la façon traditionnelle de combattre les mauvais esprits.
«J'ai ouvert la tombe, j'ai vu son visage, et je lui ai crié: "C'est toi que je cherche!". J'ai coupé le corps en utilisant une faux. J'ai sorti le coeur. Il palpitait. Nous avons piqué le coeur avec une fourche, puis l'avons fait brûler. Nous avons fait boire les cendres avec de l'eau à la jeune fille. Elle a été guérie», prétend-il.
Quand les procureurs sont venus pour l'accuser, Mitrica Mircea a été défendu par les autres villageois, qui ont expliqué qu'il s'agissait là d'une authentique coutume locale transmise de génération en génération.
Le village de Marotinul de Sus présente peu d'attrait, sauf pour les mordus de films d'horreur qui retournent voir le petit cimetière où le moroï a été vaincu. Traverser la campagne roumaine pour s'y rendre est toutefois une expérience en soi. Sur les routes, on croise constamment de vieilles charrettes de bois tirées par un cheval. Dans les petites bourgades, des vieillards en habits traditionnels, qui semblent tout droit sortis de Tintin en Syldavie, regardent les voitures passer, assis tranquillement sur un banc.
L'arrière-pays, en certains endroits, semble carrément figé dans le temps.
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