dimanche 17 mars 2013

LOVECRAFT, 76 ANS DEJA

Lovecraft, indicible hommage

Lovecraft, indicible hommage

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Hier, nous célébrions le 76éme anniversaire de la disparition d’Howard Phillips Lovecraft, l’un des écrivains majeurs du Xxéme siècle, et certainement le plus influent. Vous ne le connaissez pas ? C’est presque normal, mais nous sommes là pour ça…

La mort de Lovecraft

Howard Phillips Lovecraft
Peut on juger un homme à la manière dont il meurt ? Pour Lovecraft, certainement, tant sa disparition a ressemblé à sa vie : en gentleman. Lorsque son médecin le visite, mi février 1937, il découvre l’écrivain famélique, dans sa baignoire, seul moyen pour lui de soulager les douleurs aux ventres qui le rongent. L’on n’a jamais vraiment su pourquoi Lovecraft avait tant tardé à requérir aux secours de la médecine, certains pensent que c’est par manque de moyens, d’autres parce qu’il n’estimait pas nécessaire de déranger un médecin pour des troubles intestinaux.
Transporté à l’hôpital, Lovecraft y mourra un mois plus tard, du cancer de l’intestin qu’on lui avait diagnostiqué. Interrogés par des amis, le personnel de l’hôpital, particulièrement les infirmières, se souviendront d’un homme qui n’a jamais cessé d’être courtois, d’une exquise politesse, alors même qu’il endurait des souffrances abominables.
Ainsi mourut Lovecraft, écrivain miséreux pour magazines bons marchés, qui ne daignaient pas souvent le payer, et ainsi eût il dù disparaître s’il n’avait été entouré d’admirateurs qui surent reconnaitre son génie.

Une œuvre au destin singulier

Tombe de Lovecraft, avec l'inscription "I am Providence", déclaration d'amour à sa ville natale à laquelle il fut fidèle.
Dernier survivant de sa lignée, une famille issue des premiers colons, ruinée. Il verra son père hospitalisé dans un asile d’aliénés, rendu dément par la syphilis. Dès lors, sa mère, ses deux tantes et son grand père se chargeront de son éducation.
De constitution faible, Lovecraft compense sa fragilité physique par une intelligence exceptionnelle, adossée à une mémoire qui ne l’est pas moins. A trois ans, il lit couramment et apprend par cœur des poèmes, a huit ans, il dévore les livres de science et d’astrologie. La mort de son grand père, et la mauvaise gestion du fond de celui-ci, laisse la famille presque sans le sou. Encouragé par quelques directeurs de magazines avec qui il correspondait, il publie sa première nouvelle, « Dagon ».
Le reclus de Providence, qui vit quasiment en ermite, reçoit alors un abondant courrier, auquel il répond. Il ne cessera toute sa vie d’être le correspondant assidu de jeunes admirateurs qu’il encouragera à écrire. Parmi eux, Robert Howard, créateur de « Conan le Barbare », ou le jeune Robert Bloch, qui ne sait pas encore qu’un fait divers l’inspirera pour écrire un roman, « Psychose », qui sera adapté au cinéma et considéré comme le meilleur film d’Alfred Hitchock.
Mais Lovecraft continue aussi d’écrire, des nouvelles principalement, quelques poèmes, des essais, qui seront uniquement publiés dans les Pulps, des magazines bons marchés pour amateurs d’horreur, parmi lesquels le magazine Weird Tales, devenu mythique. Jamais il ne verra ses histoires compilées en livre. Les rédacteurs en chef de certains magazines omettent souvent de la payer, et lui ne les relance pas, trop bien élevé qu’il est : un gentleman ne s’abaisse jamais à demander de l’argent.

Le mythe de Cthulhu

Cthulhu, plus célébre représentant du panthéon Lovecraftien
De cette œuvre, il reste quelques milliers de pages, des nouvelles et un seul roman, dont certaines constituent le Mythe de Cthulhu, du nom d’une créature, membre du panthéon de divinités extra-terrestres essayant sans relâche d’asservir l’humanité. Le nom du mythe vient de la nouvelle « L’Appel de Cthulhu », la plus connue des admirateurs, et sans doute la plus représentative du style Lovecraftien.
Style qui n’est pas sans défauts : lourd, emphatique, prévisible, Lovecraft est plus en quête d’efficacité que de style, et surtout se refuse à toute surprise. Pour ses détracteurs, ses nouvelles se résument à une litanie d’horreurs « Indicibles » laissées à l’imagination, à des sectes et des complots. Il faut reconnaître que, dès la première phrase, l’on sait si le personnage principal a fini mort ou fou. Pas de fin heureuse, chez Lovecraft : on ne fait que repousser l’inéluctable, le retour des Grands Anciens.
Lovecraft souriant, une image rare...
Mais comment, pour l’amateur de lecture, ne pas rêver des livres maudits dans des bibliothèques interdites, le De Vermiis Misteriis ou le fabuleux Nécronomicon, écrit par un arabe dément qui finit dévoré vivant par des chiens invisibles sur la place de Bagdad ? Un livre qui rend fou toute personne qui le lit.
Pour rendre hommage à Lovecraft, rien de tel qu’une énumération des personnes qui le revendiquent pour leur maître spirituel : Stephen King, Neil Gaiman, Robert Bloch, Alan Moore, John Carpenter, Stuart Gordon, Guillermo del Toro, Junji Itō, H. R. Giger… Mais aussi ceux qui le citent sans s’en rendre compte ou sans s’en réclamer ouvertement, même si ils lui ont consacré une biographie. Ainsi, chaque idée de Michel Houellebecq vient de Lovecraft. D’autres noms, comme Borges ou Joyce Carol Oates, y font des références appuyées.
Le lecteur attentif qui découvre aujourd’hui Lovecraft sera saisi d’un sentiment mêlé : d’un côté, la sensation de n’avoir jamais rien lu de pareil auparavant, et d’un autre, la familiarité avec un univers abondamment cité dans l’art, sous toutes ses formes, depuis 76 ans.

Conseils de lecture :

Le mythe de Cthulhu,parfait pour découvrir l’oeuvre, peu onéreux et relativement représentatif, notamment grâce au fameux « Appel de Cthulhu », LE grand classique.

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