Limoux. Dans le secret du graveur
portrait
La Dépêche
Guy Fontalavie dans son atelier de Rennes-les-Bains. / Photo DDM
Passionné et passionnant, Guy Fontalavie exerce au plus
haut niveau un art séculaire : la gravure. Il crée des œuvres rares
dans sont atelier de Rennes-les-Bains. Rencontre.
Quel paradoxe: la gravure qui contribua à l'explosion de la
connaissance des populations du Moyen Age grâce aux tirages en série
d'images et de textes, semble être passé par le planning familial. Sa
valeur intrinsèque dépend désormais de la limitation des tirages. Une
sorte de régulation des naissances, qui a fait le tri entre les divers
services rendus par la révolution de l'imprimerie, et les techniques de
reproduction. Dans son atelier de Rennes- les bains, une maison de
pierre à deux niveaux posée au bout du vieux pont qui enjambe la Salz,
Guy Fontalavie, la soixantaine, regard vif sous une tignasse en bataille
perpétue les gestes de ses lointains devanciers. Et qu'il a eu le temps
de découvrir de 1974 à 76, au titre de pensionnaire et de lauréat du
prix de la Casa Velasquez à Madrid, l'équivalent du prix de Rome.
La couleur dans un univers en noir et blanc
Une lignée illustre dont la vigueur s'est relâchée faute de
combattants, rebutés par l'ingratitude de la tâche. Ancien élève des
Beaux Arts de Paris, il a découvert la gravure après la peinture, la
sculpture, mais surtout le travail sur les médailles qu'il a exercé
pendant une vingtaine d'années pour le compte des ateliers de la
Monnaie de Paris. C'est peut-être la persistance d'une odeur familière
qui flottait dans l'atelier de gravure, et «la recherche de la
transparence dans la couleur» qui a fixé définitivement son choix. Après
30 ans de Normandie, et un long séjour en Ardèche, il a débarqué sur
les bords de la Sals en 2010, acheté une maison qui l'attendait
puisqu'elle était à vendre. Et posé ses valises. Ses outils pour graver,
ses plaques, et ses fioles contenant les acides, vernis, couleurs,
rouleaux. Ses feuilles de papier aussi, élaborées à la main dans
quelques rares ateliers. Sa presse à main enfin, qui est pour le graveur
ce que la barre est pour le timonier. Attaché à deux techniques
complémentaires: la quadrichromie où seuls les reliefs du motif de la
plaque sont reproduits, et son contraire, l'eau forte, qui ne livre que
les creux à la reproduction, Guy Fontalavie, est un des rares graveurs
à utiliser la couleur. Et à la maîtriser dans le labyrinthe des
compositions et des harmonies qui se précisent au fil des passages des
plaques sous le rouleau de la presse à bras. Tous ses modèles sont
creusés à la main,dans la plaque d'inox avec une gouge. Le répertoire de
la gravure est immuable au fil des âges.
Primé à Séoul
On retrouve des personnages de légende empruntés à l'Ancien Testament
, croisés au Moyen Age comme les 4 frères Aymon, sortes de «samourais»
occidentaux. La technique de l'eau forte riche en effets visuels
suggère avec fidélité l'ambiance feutrée des initiations que seul le
langage symbolique peut aider à déchiffrer. L'illustration de livres
représente une partie importante du travail de l'artiste, qui expose,
avec parcimonie, en France mais également en Extrême Orient. Une de ses
œuvres a récemment été primée à Séoul. D'un naturel taiseux sauf quand
on le lance sur son métier, Guy Fontalavie reçoit ses stagiaires,
«motivés», précise-t-il, la gravure est un travail de patience où le
temps compte. On peut le rencontrer dans cette perspective, ou pour le
plaisir de découvrir ses œuvres, mais il est prudent de téléphoner au
0468693729.
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