En tant qu’inconditionnel du
Maitre de Providence, j’ai évidemment dévoré des tonnes de pastiches pour
essayer de prolonger sans fin l’émerveillement de mes premières lectures. Et je
me suis vite épuisé, car pour une perle rarissime, que de médiocrités dans
toute cette littérature. Aussi l’ouvrage de Edward Lee, L’abomination
d’Innswich (Mythologica, 2014), est-il à mettre au-dessus du panier. Car il
s’agit plus d’une enquête lovecraftienne qu’un pastiche, la suggestion ampoulée
faisant place au gore le plus cru et le puritanisme pudibond à l’érotisme le
plus torturé. Nous sommes sur les Terres du Maitre, juste après la mort de ce
dernier, et Foster Morley, un jeune fan oisif et fortuné, entreprend de visiter
les principaux sites arpentés par l’écrivain pour en éprouver l’ambiance. Après
New York, il se rend en direction de Salem et fait une halte dans une petite bourgade
du nom de Olmstead (personnage de Lovecraft dans Le Cauchemar d’Innsmouth). Une cité côtière sans grand intérêt car
récemment reconstruite, mais un endroit pour le moins curieux : toutes les
femmes sont jeunes et jolies, et enceintes jusqu’au cou. Notre voyageur
sympathise avec l’une d’entre elles, Mary, serveuse, et, avec son aide, se met
en recherche des traces qu’aurait pu laisser Lovecraft lors de ses visites
ainsi que des éléments qui auraient pu l’inspirer dans son élaboration du
mystère d’Innsmouth. Et ce qu’il va découvrir dépasse l’entendement : les
Profonds sont bien là et ont noué une alliance avec les hommes qui les
approvisionnent en bébés, en contrepartie de quoi ils sont assurés de toujours
remplir abondamment leurs filets de pêche. Je m’arrête là, car la chute, tout
comme du reste l’identité des géniteurs, sont aussi inattendus que grandioses…
Un bon récit, enveloppé sous une
couverture on ne peut plus kitsch ; une lecture hélas souvent perturbée
par les nombreuses coquilles qui polluent le texte : la maison de
Lovecraft de Benedict Street au lieu de Benefit, Howard Philip au lieu de
Howard Phillips etc…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire