Arnaud Delalande n’est pas un inconnu et j’avais déjà
apprécié L’Eglise de Satan (Grasset,
2002), un thriller historique bien ficelé et pimenté par les lourds mystères du
Razès. Avec Le piège de Lovecraft (Grasset,
2014), il aborde un tout autre registre, celui du Rêveur de Providence et de
ses livres maudits. Le héros, David Millow, un étudiant de l’Université de
Laval au Québec, consacre sa recherche doctorante aux manuscrits sulfureux,
suite à la rencontre d’un condisciple appartenant à un cercle très fermé de
rôlistes, Le Cercle Cthulhu. Un
condisciple qui va commettre une affreuse tuerie après avoir semble-t-il fréquenté
de trop près les pages du Necronomicon. Et
l’enquête qui va être menée est passionnante, car le Necronomicon n’existe évidemment pas, n’étant rien d’autre qu’une création
littéraire de Lovecraft, à l’instar du Livre
de Sable de Borgès ou du Roi en Jaune
de Chambers. La piste suivie passera par d’autres tueurs fous, un
psychiatre qui basculera dans l’horreur et Stephen King himself qui sera pour
le moins agacé par les questions du jeune chercheur. Car celui-ci est sur la
piste, non pas du Necronomicon, mais
du Livre des Livres, celui qui est à la source de l’inspiration des grands
maîtres de l’horreur et le « master » de tous les livres maudits. La
chute est grandiose. Elle m’a fait penser à la fin de 2001, Odyséee de l’Espace. On bascule totalement pour se retrouver
à l’asile psychiatrique d’Arkham, en train d’envoyer des mails désespérés à
Michel Houellebeck sollicitant – en vain - son assistance !
Deux petites choses encore :
° sur le plan du vocabulaire, j’ai appris comment on nommait
un spécialiste en livres maudits : « un Libermaléficonaute ». Et
quand on se fait absorber par un livre, on s’est fait « enlivrer vivant ».
° la bibliographie en fin de volume montre que l’auteur
connaît bien l’ODS et a consulté nombre de nos fanzines. Christophe Thill est
en outre plusieurs fois cité comme « spécialiste » dans le texte.
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