La vraie histoire du comte Dracula
Maria-Cristina Dinu
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27 Juillet 2014
JOURNAL INTERNATIONAL
Le mythe du vampire, immortel, buvant le sang de ses victimes et les transformant à leur tour en vampires, apparaît sous différentes formes dans l'imaginaire populaire, selon les cultures. Certes, le plus célèbre vampire reste le comte Dracula, originaire de Roumanie, personnage central du roman écrit par Bram Stoker en 1897. Beaucoup en parlent, mais peu connaissent la légende née de la vraie histoire du prince Vlad Tepes (L'Empaleur), prince de Valachie au milieu du XVème siècle.
Le best-seller, Dracula, marque le début de la littérature
gothique qui tourne autour du thème des vampires. De ce point de vue, on
pourrait considérer le comte comme l’ancêtre du jeune Edward Cullen,
protagoniste de Twilight, ou La Saga du Désir interdit, série de romans publiés par Stephanie Meyer ou bien encore de Lestat de Lioncourt, le personnage principal des Chroniques des vampires,
série qui appartient à l'écrivaine américaine Anne Rice. On observe
quand même une distinction majeure entre le maléfique Dracula qui tue
ses victimes innocentes et le vampire « soft », le gentil
Edward Cullen qui veut protéger sa bien-aimée. Ce changement de vision
ne correspond plus à la typologie folklorique du vampire telle qu'elle
est décrite par les légendes roumaines.
Dans la tradition populaire, la personne qui avait fait du
mal pendant sa vie, qui mourait d'une manière brutale ou qui n'était
pas inhumée selon les coutumes se transformait en strigoi (équivalent du
vampire) après sa mort. Les strigoi sortaient de leurs tombes et
venaient troubler leurs proches. Afin de se protéger de ces
morts-vivants, les villageois construisaient une barrière de sel, en
mettant de l'ail à l'intérieur de leurs maisons. D'autres objets
repoussant les vampires étaient le crucifix et l'eau bénite qui leurs
brûlaient la peau en contact avec l'objet. Leur destruction était
possible, en mettant un pieu dans le cœur.
Vlad Tepes, le prince sanglant
La légende sanglante du comte Dracula est fortement liée au règne
de Vlad Tepes (L'Empaleur), prince de Valachie (aujourd'hui région du
sud de la Roumanie), province qui constituait le dernier rempart du
christianisme face à l’invasion Ottomane, au XVème siècle. Ce prince, né
en Transylvanie en 1431 et couronné Prince de Valachie en 1436,
s'installe au Palais de Targoviste. Victor Hugo, dans la « Légende des Siècles », décrit sa manière terrible de punir toute infraction de mort, « du pal ».
Il aurait empalé des centaines de milliers d'hommes : négociants
allemands de Transylvanie, membres de la noblesse, prisonniers
ottomans... D'ailleurs, il s'est fait connaître par la "Forêt des Pals",
lieu où était dressé les corps des officiers turcs sur des pals, qui se
trouvaient aux alentours de son château. Pourtant, cette technique « du pal » était très populaire à l'époque parmi les princes européens.
Alors pourquoi toute une légende autour de la cruauté de Vlad
Tepes ? Si on regarde les chroniques de son époque, on observe que même
l'apparence physique du prince faisait peur aux émissaires, responsables
de missions diplomatiques. « Il n’était pas très grand, mais râblé
et fort, avec un aspect cruel, terrible, un nez droit, des narines
dilatées, un visage mince et rougeaud ou les grands yeux verts, bien
fendus, étaient ombrés par des sourcils noirs, broussailleux qui les
faisaient menaçants. Il avait les joues et le menton rasés et portait
une moustache. Les tempes gonflées augmentaient le volume de la tête que
soutenait un cou de taureau encadré par les vagues d’une légère
chevelure bouclée, noire, qui retombait sur de larges épaules. » ( Description d'un émissaire à Pie II).
Vlad Tepes. Crédit DR
Le prince valaque, dont l'image reste associée au comte Dracula,
occupe la première place dans le classement fait par une revue
américaine, intitulé 10 Monumental Malignantly Narcissistic Sociopaths,
avant le criminel nazi, Reinhard Heydrich. Ce choix avait indigné
l'opinion publique roumaine qui souhaite montrer la vérité ; les
historiens le considèrent comme un prince très important dans la lutte
contre l'Empire Ottoman, son père faisant partie de l'Ordre du Dragon,
ordre de chevalerie créé en 1408 par Sigismond de Luxembourg, roi de
Hongrie, afin d’empêcher l'expansion ottomane en Europe. En réalité,
quelques anecdotes du XVème siècle racontées par les saxons de
Transylvanie soutiennent la théorie selon laquelle il ordonna que les
punis soient écorchés, bouillis, décapités, rendus aveugles, étranglés,
pendus, brûlés, frits, cloués, enterrés vivants etc. Il aime couper le
nez de ses victimes, les oreilles, les organes génitaux et la langue.
Mais sa méthode favorite est la mise au pal, d’où son surnom
d’Empaleur. Dans son objectif de rendre la justice, ce prince sanglant
surnommé après sa mort Dracula, c'est-à-dire le diable dans la langue
valaque, choque ses contemporains avec ses méthodes de torture sadique.
Lorsque les émissaires du sultan ottoman Mehmed II, fils de Mourad,
refusent d'ôter leurs turbans face à lui, il les leur fait clouer sur le
crâne. Ce comportement extrême pourrait-il être justifié par un passé
tragique de l'enfant Vlad Tepes, dont la famille avait été assassinée et
ayant vécu par la suite en Turquie comme prisonnier pendant son
adolescence ?
Dracula, une histoire au milieu des Carpates
Le mystère qui entoure la mort de Vlad l'Empaleur avait favorisé
la diffusion de la légende de Dracula. Le folklore dit que le prince
s'est transformé en vampire, vu que le vainqueur d'une bataille avait
besoin de boire le sang des vaincus pour regagner sa force. L'histoire
du vampire des Carpates attirent les touristes qui découvrent la
Roumanie à travers cette légende. Même si la destination préférée des
touristes est le château de Bran, en Transylvanie, qui correspond assez à
l'image que véhicule la mythologie de Dracula, il est important de
faire une petite précision : aucun document historique ne corrobore la
présence de Vlad Tepes à Bran.
Le règne du prince est associée au Palais de Targoviste, capitale
de Valachie à son époque, ou bien à la citadelle de Poenari, connue pour
son rôle de défense contre l'invasion turque. Certes, ces trois
objectifs touristiques contribuent à la popularisation de la vraie
histoire du comte Dracula. Si vous êtes des passionnés du folklore
roumain ou du mythe du vampire, la Roumanie est le prochain arrêt.
N'oubliez pas l'ail quand même ! Certains disent que le compte Dracula
se ballade chaque nuit dans les couloirs de ses châteaux...
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