lundi 9 novembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE MOLOSSE, Lovecraft





Le Molosse (The Hound, 1922, Weird Tales 1924) est une nouvelle importante dans la création du « Mythe ». C’est en effet dans ce texte, fort court au demeurant, que le Necronomicon va faire son apparition officielle. En 1922, alors qu’il séjournait à New York chez Sonia Greene, sa future épouse, l’auteur visita le vieux cimetière hollandais de Flatbush (Brooklyn), visite qui le marqua profondément et dont il s’inspira pour sa nouvelle.
Il s’agit du récit d’un illustre anonyme qui, avec son ami Saint John, collectionne dans les sous-sols de sa vieille demeure des choses répugnantes : cadavres, momies, sculptures diaboliques etc. Lovecraft les décrit comme deux dilettantes, esthètes du macabre. Ils se rendent en Hollande, dans un cimetière lugubre qui aurait abrité une goule. Profanant la tombe, ils y trouvent un squelette bien conservé et une mystérieuse amulette qu’ils s’empressent de subtiliser 
 Mais nous y reconnûmes, nous, tout de suite, la chose dont il est question dans le Necronomicon, l’ouvrage interdit de l’Arabe fou, Abdul Alhazred, le symbole spirituel et spectral du culte nécrophage de l’inaccessible Leng, au cœur de l’Asie Centrale.

« [1]Lovecraft nous apprend ici qu’Abdul Alhazred fut un démonologue, dont les sombres écrits lui furent chuchotés par des manifestations spirituelles. Le Nécronomicon se présente alors comme l’antithèse des livres saints, non pas dicté par la parole divine mais par des êtres maléfiques ou des forces surnaturelles. Le plateau de Leng, région fictive d’Asie centrale, renforce la crédulité du lecteur, qui ne sait si Lovecraft se réfère à une véritable région géographique mystérieuse ou à une pure invention. Cette région mystérieuse, berceau de cultes ancestraux et occultes, apparaît pour la première fois dans Celephaïs (1920). Lovecraft y fera à nouveau référence dans de nombreux autres textes. Ainsi dans La Quête onirique de Kadath l’inconnue, il s’agit d’une région accessible par les rêves de Randolf Carter, tandis que dans Les Montagnes Hallucinées, les scientifiques de l’expédition Miskatonic supposent l’avoir découverte en plein cœur de l’Antarctique. Toujours est-il que les cultes de Leng ainsi que leurs significations sont largement documentés dans l’ouvrage de l’Arabe fou, et que nos deux dilettantes anglais n’ont de cesse de se référer au vieux grimoire :
 Nous interrogions souvent le Necronomicon d’Alhazred pour y découvrir ses propriétés particulières, en même temps que les rapports entre les âmes des fantômes et les objets qu’elle symbolisait ; et ce que nous découvrions n’était pas sans nous inquiéter. 

De retour en Angleterre, nos deux comparses vont progressivement s’enfoncer dans l’horreur : bruits affreux, grognements effrayants, aboiements terrifiants autour de leur manoir. Saint John en fera les frais, et son ami retrouvera son cadavre déchiqueté. Pris de panique, il retournera en Hollande pour restituer l’amulette maudite à « son propriétaire », démarche qu’il ne pourra mener à bien, se faisant voler la précieuse relique. Ce qui ne l’empêchera pas de retourner au cimetière et de rouvrir la tombe pour y découvrir non plus un squelette, mais une créature sanguinolente qui s’agite. Il se suicidera suite à cette vision.


[1] D’après le site « le Traqueur Stellaire ».

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