Prisonnier des Pharaons (1924) fait partie des « curiosités
alimentaires » de Lovecraft. Il ne s’agit pas d’une révision, mais d’un
texte écrit pour autrui, à la demande de J.C. Henneberg de Weird Tales. Sur base de quelques vagues notes du prestidigitateur
Harry Houdini, relatant ses souvenirs d’un voyage en Egypte, l’auteur va bâtir
un véritable conte de terreur marqué par sa propre griffe. Le narrateur
(Houdini himself) profite de quelques jours de répit, lors d’un voyage vers
l’Australie, pour visiter le pays des pharaons. Et le récit de débuter à la
façon d’un guide touristique, remarquablement bien documenté. Puis le visiteur
est entraîné, par l’intermédiaire de son guide, à assister à un combat rituel
entre deux malfrats, au sommet d’une pyramide. La rixe terminée, les
participants se tournent vers Houdini, le ligotent et le précipitent au fond
d’un puits très profond. Il lui est implicitement reproché, de part ses talents
de prestidigitateur, de défier la magie égyptienne, autrement plus puissante,
et de lui lancer un défi : parvenir à s’en sortir. La victime perdra à
plusieurs reprises connaissance, lors de sa descente aux enfers, agressé par
des visions de dieux indescriptibles, de colosses marchant en compagnie d’androsphinx
ricanant… Il reprendra connaissance et, grâce à son « art »,
parviendra à se dégager de ses liens. Explorant les lieux, il pénétrera dans un
espace très vaste qui pourrait être « la chapelle d’entrée souterraine de
Képhren le Vieux dans le Temple du Sphinx ». Après une nouvelle perte de
conscience cauchemardeuse, il va assister à la célébration d’un culte très
ancien, au son de flûte, sambusques, sistres… Défilent alors des cadavres
hybrides conduits par le roi Khéphren et son épouse vampire Nitocris, se
positionnant le long de l’entée d’un gouffre immense, dans lequel ils jettent « des
sacrifices ». Et l’habitant du gouffre d’émerger, « masse assez
lourde, jaunâtre et velue, agitée d’une espèce de tremblement nerveux. Presque
aussi grande qu’un hippopotame, elle était dotée de cinq têtes séparées d’où
émergeaient de curieux tentacules rigides… ». Le prestidigitateur arrivera
à s’enfuir, persuadé que tout cela n’était qu’un mauvais rêve.
A
noter :
°
que la créature, typique des créations lovecraftiennes, n’est pas qualifiée. On
ne sait pas s’il s’agit d’un Grand Ancien.
°
Houdini sera ravi du travail, publié sous son seul nom dans la revue
commanditaire. Il gardera contact avec Lovecraft et envisagera d’écrire avec
lui un essai dénonçant l’astrologie. Mais il décédera avant d’avoir terminé le
travail. Il en restera cependant des notes, dans les papiers de Lovecraft,
connues sous le titre de The Cancer of
Superstition ».
A écouter ici :
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