Au-Delà du Réel de Paddy Chayefsky (Altered States, 1978 ; J’Ai Lu, 1979) développe une thèse
assez fantastique, celle de la régression génétique. Remonter le temps jusqu’au
mystère des origines est une obsession très lovecraftienne, comme en témoigne
cet extrait de son Carnet de 1933 édité
par François Bon (Le Tiers Livre, 2016) : Un homme tente de capturer son passé, aidé par des drogues et des musiques
agissant sur la mémoire. Étend ce processus à la mémoire héréditaire, et même
aux temps pré-humains. Cette mémoire ancestrale lui vient par les rêves. Tente
une extraordinaire reconquête de ce passé primordial… Cette thématique sera
partagée par beaucoup des amis du Prince Noir de Providence, et notamment Frank
Belknap Long avec ses fameux Chiens de
Tindalos (1929) ou Clark Ashton Smith avec Ubbo-Sathla (1932).
Ce
roman, qui sera brillamment porté à l’écran par Ken Russel en 1980, met en
scène un chercheur en physiologie de l’Université de Cornell, Edward Jessup,
qui travaille sur la schizophrénie et les états modifiés de la conscience par
le biais d’un caisson d’isolation sensorielle. Une petite parenthèse
personnelle pour indiquer que ce type de recherche avec ce genre d’outil est
très proche des travaux de notre ami suisse Hugo Soder (http://www.medirelax.com/hugo-soder/).
Edward fréquente une jeune femme, Emily, qu’il épousera. Celle-ci est
anthropologue et effectue des recherches sur le langage des singes les plus
évolués.
Edward
ramènera d’un voyage au Mexique des produits hallucinogènes qu’il utilisera
lors de ses nouvelles immersions dans le caisson d’isolation. Il régressera
jusqu’au stade de l’homme primitif, et c’est un petit singe qui sortira du
caisson, semant la terreur dans les couloirs de l’université et dans le Jardin
zoologique où il ira se repaître de tendres antilopes. Revenu à l’état « normal »
une fois les effets du produit dissipés, il pourra constater que les
enregistrements de son langage ressemblent fortement à ceux réalisés par son
épouse dans le cadre de ses propres travaux. Une nouvelle expérience amènera Jessup
au-delà de sa
propre identité, découvrant que l'origine de l'univers entier, de la matière
avant même la vie, est inscrite dans notre ADN.
Nos propres gènes s’inscrivent dans la mémoire de l'univers, du
« big bang ». Tout est en chacun de nous. Et c'est entièrement
métamorphosé qu'il ressurgira de cette expérience de nature quasi-religieuse.
Car s’il a vu la vérité en face, celle-ci est hideuse. La vérité finale de toute chose est qu’il n’y a pas de vérité finale.
On notera que ce roman est fort bien documenté sur le
plan scientifique et qu’il nous offre des moments très rafraîchissant sur le
thème « savants fous », comme cette rencontre avec une bande de
jeunes physiciens quantiques pour essayer de comprendre le mystère des
transformations physiques du chercheur.
La thématique développée par Paddy Chayefsky sera partiellement reprise par Colin
Wilson en 1982 avec La Pierre
Philosophale (Néo).
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