Etude - L’Occulte
(1971, Albin Michel, 1973)
Après
The Outsider, Colin Wilson nous donne
avec L’Occulte son second livre
fondamental. Il explique qu’il avait été sollicité par son éditeur pour rédiger
une histoire de la magie, et que très vite son investigation l’a conduit à
dépasser le cadre événementiel pour l’intégrer en une vaste synthèse sur les
pouvoirs inconnus de l’homme. Histoire de la magie, partie pour ce qui la
concerne, fort bien faite, dans la mesure où elle est truffée de réflexions
personnelles de l’auteur qui rendent la galerie des portraits qu’il nous
présente particulièrement vivante. Une lecture à conseiller vivement à tous les
étudiants en sciences occultes !
Mais
l’essentiel n’est pas là. Pour bien comprendre la pensée de l’auteur, il faut s’arrêter
sur « les fondamentaux ».
° Colin
Wilson est croyant. Ce n’est pas le Dieu du catéchisme qui l’habite, mais une
évidence plus profonde qu’on désigne aujourd’hui sous le nom de principe anthropique, véritable révolution
où la physique rejoint la cosmologie. Il nous indique qu’il y a intention dans
la conception de la vie. La vie n’est pas un accident, elle n’est pas le fruit
du hasard, elle n’est pas le produit fortuit de circonstances anormales. Elle
est le résultat inévitable de la plus simple application de la physique ;
l’univers est conçu pour créer la vie.
« Les lois de la physique
comportent un grand nombre d’ajustements
fins
sans lesquels l’univers n’aurait pas eu une stabilité suffisante pour que la
vie puisse avoir le temps d’y apparaître, ou les étoiles n’auraient pu
s’allumer, ou pas pu former d’éléments lourds (niveaux énergétiques permettant
à l’hélium de fusionner en fer). Le principe anthropique dans sa formulation
scientifique est attribué à Brandon Carter, mais d’autres avaient avant lui
discuté de cette question, comme Robert Dicke à la fin
des années 1950 et le Prix Nobel de physique Paul Dirac dans le
courant des années 1930. »
° La conscience humaine participe de
cette intentionnalité et nous ne l’exploitons que très partiellement. L’auteur
revient régulièrement sur ces limites, faisant la jonction avec l’Étranger
englué dans une banalité quotidienne qui bride sa créativité. Il donne de
nombreux exemples de personnes ayant réussi à « défoncer la barrière »,
notamment dans le domaine des Arts et de la poésie.
Il est ensuite facile d’opérer la
jonction avec l’occultisme. La notion de « pouvoirs occultes » ne
veut rien dire et les magiciens étudiés sont soit des mystificateurs, soit des individus
baignant dans un niveau de conscience supérieur qu’il appelle la Faculté X. Il
montre bien que cette immersion peut être volontaire (provoquée) ou totalement
transparente chez l’opérateur qui n’en n’a aucune idée. Il rejoint en filigrane
les principales avancées de la physique moderne, notamment sur la contraction
de l’espace-temps, pour expliquer des phénomènes comme la prescience, la
voyance ou le remote viewing.
La
réponse à l’angoisse humaine doit être cherchée dans la compréhension des
phénomènes de la conscience. Ces phénomènes, une fois bien compris et
assimilés, peuvent être alors modifiés, remodelés en quelque sorte, pour
permettre d’atteindre une réalité plus profonde. L’opération exige
concentration et précision – qualités qui sont celles d’un habile horloger. L’avenir de l’homme réside dans le
développement de la Faculté X.
Un livre agréable, stimulant et
facile à lire. Il manque évidemment une partie concrète : comment faire
pour ouvrir la Porte ?!
Ce livre fait partie de la trilogie
: The Occult (1971), Mysteries : An Investigation into the
Occult, the Paranormal and the Supernatural (1978) and Beyond the Occult (1988)
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