Etait-ce un génie ou un fou ? Wilhelm Reich (1897-1957[1]) était
certainement les deux à la fois. Son fils, Peter, nous livre dans A la recherche de mon père (Albin
Michel, 1977) un magnifique témoignage sur les dernières années du
psychanalyste alors qu’il n’était que petit garçon. Son père décédera en effet en
prison alors qu’il n’avait que 13 ans. Un récit plein d’amour et d’admiration
pour un personnage qui le fera rêver et transformera son enfance en un véritable
récit de science-fiction. Il lui fallait manipuler les brise-nuages pour faire
pleuvoir sur leur domaine d’Orgonon dans le Maine tout en luttant contre les
envahisseurs en soucoupes volantes. Mi cowboy, mi soldat spatial, Peter réunira
autour de lui une bande de copains auxquels il conférera des titres ronflants,
son père étant bien sûr le Général de cette petite armée. Mais le petit garçon
a du mal à comprendre pourquoi on veut tant de mal au grand savant. Certainement
suppose-t-il parce qu’il avait mis au point un outil redoutable pour soigner
les maux d’une humanité qui n’était pas prête. On assistera avec lui à une
descente de la police, venue détruire les caissons d’énergie créés par Reich.
Et on partagera son émotion lorsque les « hommes en noir » viendront
chercher ce dernier pour le conduire dans une prison qui sera sa dernière
demeure. Le récit se poursuit sous forme d’alternance entre un présent où Peter
est devenu journaliste et un passé qui l’obsède. Il ne revendique en aucune
manière un quelconque rôle de « conservateur de l’œuvre de Reich »
mais aime revenir à Orgonon pour tenter, parmi les vestiges du laboratoire, de
percer le mystère d’une vie qui lui échappera toujours.
Un récit envoûtant.
[1] On lira avec intérêt l’étude de synthèse de Georges
Bertin sur Reich (in Rencontres de Berder
2016, ODS)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire