Et un jour, plus personne au village : Périllos, la cité fantôme
Aude
À la lisière
de l'Aude et des Pyrénées-Orientales était le village de Périllos. Qui
se vida peu à peu de ses habitants jusqu'à devenir un village fantôme,
perdu au bout de la route.
Qui se souvient des hommes ? écrivait Jean Raspail à propos d'un peuple disparu à la pointe de la Patagonie ! Qui se souvient des hommes et des femmes qui ont grandi à Périllos, qui y ont vécu, qui y ont connu leur lot de joies et de peines, les petits boûts d'ordinaires qui font qu'une vie est une vie. Qui se souvient de l'homme qui le dernier mit la clef sous la porte, chargea le peu d'affaires qui lui restait et s'en fut ? Quittant définitivement le village de Périllos, tournant le dos à son passé et à son histoire et à ses ancêtres pour aller s'installer à Opoul, un peu plus bas. Dix kilomètres d'un chemin de croix déchirant, sur une route étroite qui serpente dans la garrigue. Des pierres si sèches et si blanches qu'elles vous feront cligner les yeux pour ne pas que vous puissiez les regarder en face. A-t-il laissé les volets ouverts ? A-t-il pris la peine de fermer le verrou une dernière fois… Depuis 1971, Périllos n'a plus d'existence légale en tant que village. Il fait partie de la commune d'Opoul. Et a rejoint la liste des villages abandonnés.
Un long déclin que les deux saignées laissées par les guerres mondiales n'arrangeront pas.
Eden se souvient : «on y venait souvent de Perpignan les nuits de pleine lune. On amenait de quoi faire des grillades, de quoi boire et un peu de quoi fumer. C'était incroyable. Les maisons étaient ouvertes. Comme si la vie s'était arrêtée. On y avait nos habitudes. Je me souviens de la grande maison a coté de l'église qui avait sa réserve d'eau sous une voûte. Je me souviens aussi du cimetière à la pleine lune… Et un jour en sortant du Syncro (une boîte à la mode d'Argelès-sur-Mer) je suis venu directement à Opoul pour voir si on pouvait acheter une maison. 10 000 francs à l'époque : je pense que le paysan qui me l'a vendue était ravi de faire une affaire «avec un timbré de la plaine». J'ai trouvé une Peugeot 203 sur cales et quelques affaires. Je l'ai revendue un an après 10 fois son prix».
Depuis quelques années, la courbe du destin s'est inversée sous l'impulsion de quelques courageux. L'été, avec de la chance, vous pourrez vous attabler à la buvette. Quelques tentes dans un jardin, un chantier au pied de l'église redonnent vie à cette terre qui un jour fut oubliée des hommes, de Dieu, de tous…
En 2009, un peu plus loin deux hommes de la DGSE trouvaient la mort dans au cours d'un entraînement.
Sébastien Dubos
Qui se souvient des hommes ? écrivait Jean Raspail à propos d'un peuple disparu à la pointe de la Patagonie ! Qui se souvient des hommes et des femmes qui ont grandi à Périllos, qui y ont vécu, qui y ont connu leur lot de joies et de peines, les petits boûts d'ordinaires qui font qu'une vie est une vie. Qui se souvient de l'homme qui le dernier mit la clef sous la porte, chargea le peu d'affaires qui lui restait et s'en fut ? Quittant définitivement le village de Périllos, tournant le dos à son passé et à son histoire et à ses ancêtres pour aller s'installer à Opoul, un peu plus bas. Dix kilomètres d'un chemin de croix déchirant, sur une route étroite qui serpente dans la garrigue. Des pierres si sèches et si blanches qu'elles vous feront cligner les yeux pour ne pas que vous puissiez les regarder en face. A-t-il laissé les volets ouverts ? A-t-il pris la peine de fermer le verrou une dernière fois… Depuis 1971, Périllos n'a plus d'existence légale en tant que village. Il fait partie de la commune d'Opoul. Et a rejoint la liste des villages abandonnés.
Un long déclin
Selon les données historiques, on retrouve trace du village aux alentours de 1 215. Des documents attestent de la présence de l'église et de quelques habitants. Le château n'est pas loin et offre une vue incomparable sur la baie de Perpignan. Mais cette terre est hostile, éloignée des axes commerciaux. Est-elle pour autant maudite ? Les habitants s'accrochent vaille que vaille sur ce versant des Hautes Corbières qui connaîtra guerres, épidémies, famines et grandes sécheresses. La démographie du village ne sera jamais extraordinaire. Ne dépassera jamais d'ailleurs la centaine d'habitants. Des valeureux qui s'accrochent à leurs racines. Qui lutteront. Mais dans ce pays ou il peut geler à pierre fendre l'hiver, ou l'été transforme le paysage en sierra quasi désertique, la terre sera plus forte que les hommes. Et dévorera avec un appétit insatiable chacun de ses petits.Un long déclin que les deux saignées laissées par les guerres mondiales n'arrangeront pas.
Terrain de jeu
Abandonné dans les années 1970 par le dernier habitant, le village va devenir dans les années 80 un décor de ciné grandeur nature pour les jeunes du pays. Qui viennent et jouent à se faire peur.Eden se souvient : «on y venait souvent de Perpignan les nuits de pleine lune. On amenait de quoi faire des grillades, de quoi boire et un peu de quoi fumer. C'était incroyable. Les maisons étaient ouvertes. Comme si la vie s'était arrêtée. On y avait nos habitudes. Je me souviens de la grande maison a coté de l'église qui avait sa réserve d'eau sous une voûte. Je me souviens aussi du cimetière à la pleine lune… Et un jour en sortant du Syncro (une boîte à la mode d'Argelès-sur-Mer) je suis venu directement à Opoul pour voir si on pouvait acheter une maison. 10 000 francs à l'époque : je pense que le paysan qui me l'a vendue était ravi de faire une affaire «avec un timbré de la plaine». J'ai trouvé une Peugeot 203 sur cales et quelques affaires. Je l'ai revendue un an après 10 fois son prix».
Depuis quelques années, la courbe du destin s'est inversée sous l'impulsion de quelques courageux. L'été, avec de la chance, vous pourrez vous attabler à la buvette. Quelques tentes dans un jardin, un chantier au pied de l'église redonnent vie à cette terre qui un jour fut oubliée des hommes, de Dieu, de tous…
L'avion s'écrase
Le 11 janvier 1963 un Constellation de l'armée de l'Air, basé à Francazal percute la montagne. Une stèle rappelle cette journée tragique. Un épais brouillard enveloppait le massif. Le Constellation de l'E.A.R.S. (Escadron Aérien de Recherche et Sauvetage) dont la mission était de sauver des vies s'écrase. Il n'y aura aucun survivant. Les causes du crash restent toujours mystérieuses. A cette date, il n'y a plus que sept habitants à Périllos.En 2009, un peu plus loin deux hommes de la DGSE trouvaient la mort dans au cours d'un entraînement.
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