La Maison Maudite (1924, The
Shunned House in Weird Tales 1937)
est une excellente novellette mettant en scène une maison de Benefit Street à
Providence, victime d’une étrange malédiction. Ses propriétaires, la famille
Harris, mourront tous le langueur et d’anémie. Le narrateur (non nommé) est
intrigué par ces légendes et s’en ouvre à son oncle, le Dr Elihu Whipple qui a
déjà longuement enquêté sur le sujet. Suit une longue chronique de la famille
Harris qui est également un intéressant raccourci de l’histoire de Providence.
Ce qui frappe le narrateur, lors de ses investigations dans les chroniques
anciennes, c’est que plusieurs des « victimes » se mettaient à hurler
en français, langue qu’elles ne connaissaient pas. Et de découvrir que la
maison Harris a été construite sur le cimetière de la famille de Roulet, une
famille huguenote française émigrée en Amérique et dont l’un des ancêtres fut
accusé de lycanthropie. Le narrateur et son oncle décident de crever l’abcès et
s’installent pour une nuit dans la cave du manoir. Une étrange forme vaguement
humaine figure comme en pointillé sur le sol. Elle reprendra consistance et « engloutira »
littéralement le vieil oncle. Le narrateur s’enfuira et reviendra la nuit
suivante avec des bonbonnes d’acide sulfurique pour éradiquer le monstre.
Une
nouvelle très riche sur une maison qui existe réellement et qui est en quelque
sorte le point d’orgue des nombreux récits de Lovecraft sur les demeures
maudites. A noter que la famille de Roulet a effectivement existé et qu’elle
est citée dans Myths and Myth-Makers de
Fiske (1872).
Les
notes de Jacky Ferjault :
La
nouvelle de Lovecraft qui se rapproche le plus des histoires de vampires
traditionnelles est sans
doute
The Shunned House (1924, La Maison,
publié en 1937 dans Weird Tales). On
y voit les occupants successifs d’une vieille maison de Providence mourir d’une
mystérieuse et inexorable anémie jusqu’à ce qu’un homme plus curieux que les
autres, le narrateur, découvre dans la cave un gigantesque cadavre boursouflé
qui semble s’être nourri pendant des années de leur sang. Les victimes ayant
été retrouvées pratiquement exsangues au moment de leur mort, il y a bien eu un
phénomène de vampirisme, mais celui-ci s’est fait sans morsure, à distance,
comme par une mystérieuse osmose. Le mystérieux mort-vivant, à la différence
des vampires traditionnels qui se réveillent la nuit, mène une sorte
d’existence végétative au fond de sa tombe d’où il ne sort jamais. À noter que
le narrateur n’utilise pas le moyen classique qu’est le pieu pour éliminer ce
redoutable vampire, mais il préfère déverser sur le corps six bombonnes d’acide
sulfurique, ce qui est tout à fait inhabituel dans ce genre de récit.
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